La large victoire d’Angela Merkel aux élections législatives (suivie d’un discours fédérateur qui permet de mesurer la distance entre elle et ses homologues français) devrait réduire à néant les espoirs macroniens d’une Europe encore plus intégrée. Voici pourquoi.
Les résultats reproduits ci-dessus montrent qu’à 21h10 le parti d’Angela Merkel remportait 33% des voix, loin devant ses challengers. Les sociaux-démocrates flirtent avec les 20% des voix. L’Alliance pour l’Allemagne est devenue le troisième parti allemand, avec plus de 13% des suffrages. En quatrième position, on trouve à quasi-égalité autour de 10% les libéraux, les communistes et les verts.
Merkel fédère
Pour les Allemands, l’arrivée de l’AFD au Bundestag, avec 90 sièges environ, constitue un vrai tournant depuis l’après-guerre. Dans son discours de victoire, Angela Merkel s’est empressée d’annoncer qu’elle avait entendu les préoccupations de ces électeurs et qu’elle tâcherait d’y répondre.
Voilà qui change des mugissements stigmatisants poussés par les politiques français après chaque percée du Front National. Toute la différence entre Merkel et ses homologues français est là: dans la capacité à fédérer sans stigmatiser.
Une mauvaise nouvelle pour Macron
Pour Emmanuel Macron, la soirée est plutôt mauvaise. Après le succès relatif du défilé mélenchonien, et avant les premiers blocages organisés par les transporteurs, la percée de l’AFD tue définitivement tous les espoirs présidentiels de voir Merkel écouter ses discours sur l’intégration européenne.
Désormais, la chancelière est partie dans un marquage à la culotte de l’AFD dont les électeurs sont ouvertement eurosceptiques. On mesure mal comment, dans ces conditions, le principe d’un budget européen aurait une chance de passer outre-Rhin. L’espoir est d’autant plus annihilé que les sociaux-démocrates pèsent à eux seuls, à peine plus que les communistes et les écologistes réunis.
La France dans le viseur de l’Allemagne
En vérité, l’émergence de l’AFD signe la mort, au moins temporaire, d’une ambition européenne en Allemagne, et il importe désormais d’intégrer cette donnée dans les anticipations continentales. L’âge des grands projets communautaires touche à sa fin.
Globalement, les institutions européennes sont entrées dans une phase de statu quo. Il sera impossible pendant quatre ans de modifier l’équilibre interne de l’Union par une négociation pacifique avec l’Allemagne.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog