Ce que révèlent les élections américaines ?

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Par Philippe Bapt Modifié le 6 novembre 2020 à 15h20
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@shutter - © Economie Matin
65%A la Présidentielle 2020 américaine il y a eu 65% de participation .

Comment analyser les premiers résultats des élections présidentielles américaines ? Il est clair que le phénomène Trump n'est pas juste un épiphénomène connu en 2016. Il résulte aussi de ce que l'on avait connu avant aux États-Unis sous le nom de « Tea party », début des années 2000.

D'autres peuvent l'appeler national-populisme, d'autres du nationalisme, force est de constater qu’au-delà de la personne Donald Trump, il y a aux États-Unis un changement politique profond.

La méfiance envers les médias dits mainstream et aujourd'hui une évidence tant les sondeurs ont tous failli en masse.

Cependant que la pandémie du covid19 fait rage, deux approches de la société se sont donc affrontés pour ces élections présidentielles de 2020 aux États-Unis. Si les républicains ont continué de faire confiance à leur président sortant, les démocrates ont presque choisi leur candidat par défaut et adoubé Joe Biden pas vraiment charismatique. Cette campagne aura été marquée par l'hyper présence sur le terrain du sortant, au mépris de toutes les précautions nécessaires mais donnant l'image d'un grand dynamisme en miroir de l'apathie voir la fatigue et des nombreuses gaffes verbales que pouvait laisser échapper Joe Biden, pas de quoi soulever les foules!

Et ce qui était à craindre arrive:

Un résultat serré un ancrage du « trumpisme » dans l'ensemble du pays et surtout une empoignade verbale et je n'espère pas physique pour le résultat final de ces élections.

La débâcle des médias classiques ici et outre-Atlantique est à mettre au crédit de l'arrivée depuis 10 ans des réseaux sociaux. En effet jusque-là la presse des pays démocratiques se berçait de l'illusion suivante : être le contre-pouvoir parfait au pouvoir politique. Pour preuve : ici l'affaire des « micros-plombiers » du canard enchaîné, des différents scandales politico-financiers sortis ces 20 - 30 dernières années, outre-Atlantique on peut se remémorer l'affaire du Watergate coûtant à Nixon sa réélection. Cet âge d'or de la presse est bel et bien révolu ; beaucoup trop de liens se sont créés entre le pouvoir politique et ce « contre-pouvoir ». En outre l'émergence des réseaux sociaux a démocratisé la parole des pairs en regard de celle des experts. Ces dits experts n'étant pas toujours, toujours d'une parole d'or et au final peu remis en cause..

Parallèlement, les rumeurs qui ne dépassaient pas les cafés du commerce, du quartier parfois même le marché de plein vent du coin ont désormais accès à une caisse de résonance bien plus importante: les réseaux sociaux.

D’ailleurs le marketing traditionnel a déjà étudié ce phénomène d'appropriation des avis via le système de notation, via les systèmes de dépose d’avis-message. Ce n'est donc pas un phénomène nouveau mais un domaine sous-estimé par le monde politique.

À cela il faut rajouter le phénomène de téléréalité qui s'il nous fait bien rire en tant qu'adulte, ou au contraire rager vis-à-vis de notre jeunesse. porte quand même les graines de la civilisation politique médiatique actuelle.

Que sont donc les leaders des gilets jaunes ( outre l’origine du mouvement) si ce n'est la première génération de stars politiques de la téléréalité ? Aussi vite portés aux nues sur les réseaux sociaux aussi vite oubliés aujourd'hui.

Outre sa carrière dans l'immobilier, sa fortune supposée innée ou acquise, qui est donc Donald Trump pour l'americain moyen, si ce n'est un présentateur de télé réalité ?

Faire fi de ces changements sociétaux et médiatiques c'est aller au-devant de désillusions démocratiques certaines.

Quand nombreux sont ceux qui se détournent de la chose publique et de ses complexités, il est à se poser les questions du changement de paradigme qui s'opère actuellement dans la société déjà vu en 2016 aux États-Unis vu en 2017 en France à savoir l'utilité du combat gauche-droite en politique actuellement. Si les partis sont devenus de vraies écuries à la course au pouvoir, preuve en est la candidature de Donald Trump au parti républicain, et non en indépendant, il n'en demeure pas moins que cet affrontement aujourd'hui tient plus du combat entre mondialistes et souverainistes tout autour de la planète.

Voilà pourquoi l'émergence de Front populaire de Michel Onfray, l'émergence de la figure du général de Villiers, le retour en grâce dans les médias évidemment d'Arnaud Montebourg montrent et préfigurent le futur combat de 2022 en France. Il reste à voir comment un ou une candidate pourra émerger hors du champ strictement politique, car rejeté par la population, pas trop médiatique, pour les mêmes raisons, et avec un programme apriori beaucoup plus social que libéral.

Pour conclure en attendant donc le dépouillement complet des bulletins de vote aux États-Unis, et plus exactement le vote des grands électeurs le 14 décembre prochain, l'Europe et donc la France doivent s'attendre à ce que les relations diplomatiques et économiques restent aussi difficiles que ces quatre dernières années. Le mouvement de repli sur soi, et je ne parle pas que de nationalisme, est enclenché pour un certain temps, la crise du covid19 ne l'a que confirmé durant 2020 !

A chacun de s'adapter, on ne pourra plus parler de surprise !

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Philippe BAPT est un communicant. Diplômé de Novancia Business School en management marketing digital et événementiel, il exerce sa passion comme chargé de communication et consultant chargé de projets. Sa seconde passion la « chose publique » l’amène très tôt dans le champ associatif : social, culturel et sportif. Puis il sera élu local d’une commune de la première couronne de la ville rose de 2008 à 2014. Président de club de rugby, puis d’un groupement d’employeurs et administrateur d’un théâtre-centre culturel, ces différents postes lui confèrent  une expertise dans ces domaines. Retiré du strict jeu politique, il n’en demeure pas moins attentif à l’évolution de l’actualité et devient éditorialiste dans divers médias locaux et régionaux, dès la rentrée 2014. Ses sujets de prédilection : le « jeu » politique, les répercussions économiques et sociales, la recomposition du paysage politique français. 

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