La 6ème édition des Journées de l’économie (Jeco) de Lyon ouvre ce jeudi 14 novembre. Mario Monti sera le grand témoin de cette édition déclinée autour d’un fil rouge, « Reconstruire la confiance » ! Les Jeco, organisées par la Fondation pour l’Université de Lyon, proposent aux citoyens des clés pour mieux comprendre le monde qui les entoure grâce à un éclairage économique.
6000 personnes sont attendues cette année encore pour participer aux 60 conférences au cours desquelles universitaires reconnus, chefs d’entreprises, personnalités politiques et journalistes confronteront leurs points de vue. Chaque jour, un expert vous présentera une de ces conférences! Aujourd’hui, Hippolyte D’Albis, nous parle de : « La politique familiale: un handicap pour les femmes ? ».
Pour être efficace, la politique familiale doit promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes
En France, comme dans beaucoup de pays, le manque de consensus sur les objectifs de la politique familiale a conduit à la création d’un grand nombre de dispositifs aux effets parfois contradictoires. Pourtant, une rationalisation de ces instruments autour de la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes est à même de réconcilier les missions traditionnelles de la politique familiale.
L’engagement public en faveur de la famille est considérable. Sans tenir compte des droits familiaux dont bénéficient les retraités qui ont eu des enfants, le coût pour les finances publiques de la politique familiale représente 4% du Produit Intérieur Brut. Pourtant, les dépenses publiques destinées aux services publics de l’enfance, telles que les crèches, ne représentent qu’une part minoritaire de cet engagement. Plus de 55% du coût est constitué des allocations et réductions d’impôts dont bénéficient les familles. En Allemagne, dont l’engagement rapporté au nombre d’enfants est également important, le rapport est encore plus défavorable. Les allocations et réductions d’impôts représentent plus de 70% du coût de la politique familiale. La comparaison est instructive : ce n’est pas parce que l’Allemagne investit moins d’argent public dans les familles que sa démographie est si déprimée (le nombre moyen d’enfants par femme est inférieur à celui de la France de plus de 30%). C’est parce que l’Allemagne privilégie des instruments inefficaces.
Concilier vie privée et familiale : une priorité pour une politique familiale efficace !
De nombreuses études montrent que ce sont les politiques familiales permettant aux femmes de concilier leur vie privée et leur vie familiale qui fonctionnent le mieux. La combinaison d’un congé parental court et bien rémunéré, et d’une offre appropriée de modes de garde pour les jeunes enfants a fait la preuve de son efficacité. Elle encourage la natalité et permet de réduire les inégalités en favorisant le retour à l’emploi des jeunes mères. A l’inverse, les allocations et réductions d’impôts, notamment via les quotients conjugal et familial, réduisent la participation des femmes sur le marché du travail. En outre, des études récentes suggèrent que l’implication des deux parents auprès des enfants a des effets significatifs sur les résultats scolaires et le développement socio-émotionnel des enfants.
La situation démographique de la France est bonne mais il est possible d’améliorer l’engagement public en faveur des familles. La promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes conduit à préconiser l’imposition individuelle des revenus et à transférer le coût implicite des réductions d’impôts à des investissements dans des crèches et dans la formation des assistantes maternelles. Elle suggère également une extension des congés de maternité et de paternité à l’instar des congés parentaux proposés en Suède. Ces congés viendraient en remplacement du Complément de libre choix d’activité.
Hippolyte d’Albis, économiste, Université Paris 1, Ecole d'économie de Paris et Institut universitaire de France
Retrouver toute l’actualité des Jeco 2013 : https://www.journeeseconomie.org/