Devant l’effondrement de la France, qui aura la potion magique pour la remettre sur les rails ?

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Par Daniel Moinier Publié le 22 décembre 2021 à 4h13
Croissance France Troisieme Trimestre 1
@shutter - © Economie Matin
3%L'agriculture ne pèse que 3% du PIB français.

Depuis 1975, malgré tous les gouvernements de droite comme de gauche qui se sont succédé, la France n’est toujours pas arrivée pas à se défaire de son déficit annuel. Et pourtant à toutes les élections présidentielles, les prétendants ont tous annoncé avoir la solution pour sortir notre pays de « l’ornière » et redonner le sourire et l’espoir aux français…

Souvenez-vous en 1975, la France était encore la 2ème puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis.

L’Allemagne n’était pas encore remise ou relevée de son effondrement de 1945 et toujours coupée en deux.

L’Angleterre malgré un niveau économique intéressant, s’est trouvée bloquée par des mouvements syndicaux de très grande ampleur qui ont fait connaître au monde entier Margaret Thatcher, devenue pour tous « la Dame de Fer »

Economiquement, le japon premier pays d’Asie se relevait tout juste de sa longue bataille avec les Etats-Unis.

Et la Chine commençait seulement à s’industrialiser. C’est à partir de 1978 qu’un tournant majeur est arrivé avec l’assouplissement du contrôle central et les transformations en profondeur du système économique. Depuis cette date la Chine a tourné à plus de 10% de croissance annuelle.

Et depuis ce temps, quel désastre pour la France !!!

En 1981, c’est l’arrivée de François Mitterrand et ses largesses sociales, ses trois dévaluations du franc qui ont entamé à vie l’économie française et mis à mal le niveau de vie !

Nous venions de passer une trentaine d’années euphoriques économiquement, avec une croissance de 5 à 6% sans chômage (L’Agence pour l’emploi, ancêtre de Pole Emploi a été créée en 1967). Nous étions en pointe industriellement sur beaucoup de secteurs : Le nucléaire civil et militaire avec ses centrales et ses sous-marins, le TGV, l’avion supersonique Concorde, la Caravelle, les mirages, Ariane…

Nous avions surtout une immigration européenne qui s’est toujours très bien intégrée, polonaise avant la guerre et après, des Italiens, puis des Espagnols, ensuite des Portugais et d’autres pays d’Europe.

Après 1962 et l’indépendance de l’Algérie est arrivée massivement un autre type de population qui a permis de fournir de nombreux postes de travail, notamment dans l’industrie.

A la fin des années 1970, les Français avaient le 5ème meilleur niveau de vie mondial derrière la Suisse, le Luxembourg et la Suède.

L’économie était encore peu mondialisée et l’on vivait encore assez écologiquement à la campagne avec son potager et le bois des forêts. En ville les premiers grands magasins sont arrivés avec des surfaces très restreintes. Le premier carrefour de 1963 n’avait que 2500 m2 contre 28.500 à Villiers en Brie actuellement, soit plus de 11 fois !

C’est surtout à partir de 1981 que tout s’est dégradé : chômage, pauvreté, grèves et manifestations à n’en plus finir, insécurité, voitures brûlées, immigration intensive venue surtout de pays hors Europe, l’envahissement de quartiers complets, les modifications du paysage avec l’implantation de nombreuses mosquées. Le comble ; l’arrivée de tous ces attentats et chaque jour de nombreuses agressions tant physiques que matérielles, y compris aux églises.

L’industrie française est en perte de vitesse depuis de très nombreuses années.

Sa part par rapport au PIB a tellement baissé que nous sommes devenus en Europe le dernier de la classe en pourcentage avec la grande Bretagne. Nous sommes passés de 6,2 millions de salariés à 2,7 et la part dans l’Industrie dans le PIB a chuté de 25 à 10%.

En 20 ans, la part de marché de la France dans le commerce international a chuté de 35%, passant 5,1% à 3% bien plus que la moyenne de l’UE, alors que l’Allemagne augmentait la sienne de 7,2%, plus du double que la France. Chez cette dernière, c’est 56% des emplois industriels qui travaillent pour l’export et qui représentent 28% de l’emploi total. Même l’Italie en mauvaise posture fait bien mieux que nous !

Il n’est pas possible de parler de baisse du secteur industriel sans parler de délocalisation.

Des délocalisations. Pourquoi ?

Deux causes principales :

La première : la forte augmentation du coût du travail qui a explosé depuis le début des années 80. Suite à une très forte diminution des heures travaillées tant à la semaine, au mois, à l’année et surtout sur la durée de vie pendant que celle-ci augmentait à cette époque, de 8 heures par jour ! Nous avions 6 salariés pour 1 retraité en 1945, aujourd’hui c’est 1,4 pour 1 ! = déficit de la Sécurité Sociale, des caisses de retraites et d’Assedic, forte hausse des charges, baisse de l’emploi, chômage élevé…

La deuxième : L’arrivée de produits venant de l’étranger, Europe de l’Est, pays du Maghreb, d’Asie…, avec des coûts nettement moindres malgré le transport.

Les secteurs les plus touchés par ordre : Le textile, la maroquinerie, l’électroménager, la vaisselle et arts de la table, la décoration, les jouets, les articles de sports, l’automobile, le jardinage, l’électronique, l’informatique, les centres de recherches, les centres téléphoniques, les laboratoires pharmaceutiques, etc.. Et même les sièges sociaux déplacés (y compris en Irlande).

L’école et l’éducation nationale en malaise

Au classement Pisa d’année en année nous nous déclassons. Nous avons perdu 20 ans, a annoncé l’ex-inspecteur Jean-Pierre Obin. C’est le français qui ne va plus, même certains bacheliers ne maitrisent plus correctement notre langue. Dernièrement, c’est au tour des maths où nous excellions, que nous régressons ! Nous restera t-il une matière où nous pourrons encore nous « accrocher ».

De « pas # Pas de Vague » « aux stylos rouges » les manifestations se sont enchaînées pour dénoncer le malaise enseignant : Réclamations : « Enseignants en colère, école malade, démocratie en danger » : Les écarts de salaires, les problèmes de fin de carrière, des profs non titulaires, la sécurité des profs, ce sont quelques points de grand mécontentement.

L’agriculture et le secteur agricole

Depuis 1980, la part dans le PIB est passée de 6 à 3%. La France 3ème exportateur mondial en 2005 a même était rétrogradée au 6ème rang derrière les Etats-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Brésil et la Chine.

Nous avons même été obligé d’importer certains produits agricoles que nous avions même en surplus auparavant, révélant ainsi notre incapacité de fournir notre population.

Notre agriculture mondialement reconnue, s’est fait dépassée et a perdu de sa compétitivité. Et pourtant ce n’est pas le salaire des paysans qui « mange leur marge », très souvent en dessous du smic, pour un nombre d’heures très important et avec très peu de vacances.

La cause : c’est le pouvoir d’achat des salariés pas assez élevé qui en est la première cause.

« Travailler plus pour dépenser mieux »

La défense en perte de vitesse depuis 60 ans

Avant 1962 et la fin de la guerre d’Algérie les effectifs atteignaient un million de soldats et un budget de 5,44% du PIB. Dès 1964 les effectifs passaient à 675.000. En 2021, ce n’est plus que 270.000 personnes dans les armées. Le budget est tombé à 1,35% du PIB et même à 1%. C’est un budget de misère qui ne permet pas d’entretenir correctement le matériel et surtout d’acquérir les nouveaux modèles et payer l’innovation. Il faut toutefois reconnaître que le Président actuel a fait quelques efforts (26,5 mds de plus depuis 2017).

La police manque de moyens et de reconnaissance

Elle est au bord de l’implosion et cela ne date pas d’aujourd’hui. Rentrez dans un commissariat, vous verrez des locaux vétustes, dans des bâtiments souvent très anciens. Les voitures datent, l’équipement n’est plus toujours à la mode. Le personnel est souvent démotivé avec une justice qui ne suit pas. Les policiers sont obligés aussi de se protéger des actes de malveillance, voire beaucoup plus, jusqu’à leur domicile. C’est le monde à l’envers !

Une Justice débordée

La justice française a le plus petit budget européen malgré une hausse insuffisante. Les dossiers s’empilent, les affaires durent anormalement suite à un manque de moyens criant, devant l’explosion entre-autres des contentieux.

Le secteur de la santé « le meilleur du monde » doit déchanter, son grand défi est à venir…

Ce modèle basé sur des principes de redistribution et de solidarité doit s’adapter pour ne pas imploser. Comment doit-il préserver et renforcer ce modèle à la française ?

Il doit faire face à l’augmentation des coûts liés à la santé. Les dépenses sont passées de 4% du PIB à plus de 11,5%. L’augmentation de la couverture santé est passée de 30% en 1960 à 85% en 1990. C’est la première cause des difficultés pour prendre en charge correctement les patients, ainsi que les coûts matériels nouveaux. Il faut ajouter un élément très important, c’est l’allongement de la durée de vie, 60 ans en 1945, plus de 83 ans en 2020 et ses maladies neuro-végétatives supplémentaires. C’est aussi l’accès facile aux urgences qui encombrent le plus l’hôpital et la gestion du personnel par manque d’implication de la médecine de ville.

La crise du Covid a révélé les difficultés de soins, mais aussi le manque de personnel dans les cas exceptionnels de pandémie et les déserts médicaux de nos campagnes.

La SNCF toujours en difficulté et maintenant concurrencée par nos voisins

L’endettement de la SNCF a démarré en 1970 et a augmenté lors du développement des réseaux et du TGV.

Les seuls intérêts de la dette Réseau (46,6 mds d’euros) coûtent plus d’un milliard d’euros chaque année pour un chiffre d’affaires de 6,5 mds d’euros !

Cette dette est aussi impactée par les grèves à répétition (au minimum une par an) et aux avantages qui en découlent, y compris les pertes financières.

La dette vient aussi du prix des billets qui sont loin de couvrir les coûts d’exploitation, c’est encore pire pour les métros et bus de ville. Le coût d’un passager du métro est quatre fois le coût payé par le voyageur. Que dirait les utilisateurs s’ils devaient payer 3 ou 4 fois plus cher leur transport urbains !

Coût de l’immigration et intégration

C’est un sujet très épineux qui est évoqué couramment pendant cette élection présidentielle de 2022.

Le coût réel est très compliqué à calculer tant les chiffres diffèrent et sont contestés. Certains évoquent un coût réel d’un mineur isolé à 50.000 euros par année. Il y en aurait 60.000 ?

Le nombre de visas était de 3.534.999 en 2019 et 712.317 en 2020 soit 79,3% de moins (Covid)

Dont un nombre de visas longue durée : 276.576 (+ 6,8 %) !

Titre de séjour : 299.302 (-20,9%)

Titre familial : 75.492 (-16,6%)

Economique 26.3583 (-32,1%)

Humanitaire 30.739

Divers 14.192

TOTAL : 219.302 (-20,9%)

Situation irrégulière : 15.950 (+ 47,8%)

Demandeurs d’Asile : 81.531 principalement des Afghans, Bengalis, Pakistanais, Guinéens, Somaliens, Turcs…

Le solde démographique naturel, c’est-à-dire les naissances moins les décès, est de 140.000 nouveaux nés, dont une partie non négligeable d’origine immigrée.

Le recensement de la France indique que près d’une naissance sur cinq en 2017 (19%) était de mère immigrée (soit 143.000 sur 760.000). La proportion était seulement de 16% en 2009. La contribution des immigrés à la natalité de la France progresse donc et mérite d’être soulignée. Le recensement indique qu’en 2017 les natives et les immigrées avaient respectivement 1,8 et 2,6 enfants, soit un écart de 0,8 enfant.

(Source INED été 2019 et INSEE recensement 2016 à 2018) ; Soit 152.000 enfants d’immigrés et 608.000 natives. Si les 760.000 étaient toute natives, le nombre d’enfants passerait à 1,7 au lieu de 1,8 soit le taux de la tchèquie et de l’Irlande.

Quel candidat(e) a le programme adéquat pour remonter rapidement le niveau de la France ? Celle ou celui qui trouvera ce qui est indispensable pour remonter le niveau du PIB (par le temps de travail). C’est comme une entreprise, il faut trouver des commandes, donc du travail, des ressources qui feront diminuer le chômage et l’assistanat, permettant ainsi la diminution des charges et en retour la possibilité de pourvoir à de meilleures dotations aux administrations avec l’amélioration des salaires, sans oublier le développement de l’activité par l’incitation à l’innovation et une meilleure productivité globale.

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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