Toutes nos entreprises, petites et moyennes, plus importantes de taille intermédiaire (ETI), comme les plus grandes sont fières d’afficher leur efficacité, tant dans la production que dans le service, appuyant leur satisfaction sur des résultats financiers positifs.
Si nos sociétés, pour la plupart, peuvent se vanter d’être efficaces (pour l’obtention du résultat) elles souffrent d’un mal chronique persistant, souvent perçu, mais trop ignoré. C’est le manque d’efficience, caractérisé par le temps inutilement dépensé dans l’action pour obtenir un résultat. Ceci touche tous les secteurs importants d’activité publique ou privée.
Cette inefficience est plus perceptible lorsqu’il s’agit des grands groupes du CAC 40 qui n’échappent pas au constat. Des résultats financiers très satisfaisants pour leurs actionnaires masquent le problème. Ce mal est encore plus visible et fortement montré du doigt lorsqu’il s’agit de grandes entreprises publiques ou de grosses administrations. Nul système complexe, public ou privé, n’échappe en réalité à ce mal profond.
Un triste bilan du temps travaillé gâché
Certes, ces fortes multinationales, pour prendre cet exemple, ont des ressources. Elles se défendent au plan international et nul ne peut contester leur efficacité. Mais derrière cette image se cache un immense gâchis. Pour les plus grandes d’entre elles, en termes de pourcentage de masse salariale, ce gâchis atteint en moyenne 38% de perte sèche en temps salarié dans l’action, auxquels s’ajoutent 14% dus à un choix inadapté des personnes, à l’existence de postes intermédiaires inutiles, à la lourdeur des structures et des procédures.
Les nouveaux moyens de communication, de mobilité ou de localisation, d’aménagement des structures et du temps travaillé n’ont pas permis d’apporter de réelles solutions, faute de ne pas avoir été en mesure de bien identifier le gâchis.
En tout état de cause, ces 52% de temps gâché ne tiennent pas compte de l’absentéisme naturel ou provoqué, facilement chiffrable, ni du sous-emploi des disparus de l’entreprise. Ce temps perdu ne préjuge pas de la qualité intrinsèque du personnel, de son efficience propre, devant la tâche qui lui est confiée.
Gagner 4 à 5% en efficience est une absolue nécessité
En fait on peut considérer qu’aujourd’hui l’efficience réelle d’un grand groupe privé n’excède pas les 35% du temps travaillé pour les meilleurs d’entre eux, malgré une présence effective avec dépassement d’horaires, un travail de plus en plus stressant et une agitation de chaque instant, correspondant à un ensemble comptable au moins égal aux 100% de la masse salariale ! Pour leur part, les grands ensembles publics voisinent dans le meilleur des cas les 30%.
Gagner 4 à 5% en efficience de façon intelligente, qui se retrouveraient sur le résultat net de du grand ensemble, serait déjà un véritable exploit au bénéfice des actionnaires, de l’État et des salariés, privés ou publics. Dans un monde économique concurrentiel, c’est une absolue nécessité.
La plupart de leurs salariés est aujourd’hui soumise à des conditions de travail de plus en plus difficiles et des contraintes psychologiques qui peuvent avoir de lourdes conséquences pathologiques. L’agressivité, les états dépressifs, l’angoisse, pouvant aller jusqu’au suicide font partie du décor. C’est pourquoi la durée du temps de présence au travail est loin d’être la clé du problème de ce mal chronique qui est l’inefficience et qui tend à gagner aussi progressivement l’ensemble de nos petites et moyennes entreprises. Un effort d’efficience serait le bienvenu…