Q1 : Diriez-vous qu’en matière d’éducation, la situation s’est améliorée, s’est dégradée ou n’a pas changé depuis 2012 ?
• s’est améliorée : 7%
• s’est dégradée : 63 %
• n’a pas changé : 29 %
• NSP : 1 %
63% des Français interrogés pensent que la situation s’est dégradée depuis 2012 en matière d’éducation.
En ce jour de rentrée scolaire, nous avons voulu connaître la perception des Français en matière d’éducation. Il s’agit là d’une préoccupation essentielle en matière politique illustrée par le fait que la plupart des candidats aux primaires de la droite et du centre, de Juppé à Fillon en passant par Sarkozy, ont tous consacré les premières pages de leurs programmes aux sujets scolaires. Pour autant, le résultat est ici sans appel, près de deux tiers des Français considèrent que la situation s’est dégradée depuis 2012.
Ce résultat s’explique en partie par la situation paradoxale sur les sujets liés à l’Education nationale de la part du gouvernement. Alors que le président de la République a été élu sur un programme destiné à la jeunesse en s’adressant d’abord à elle, les actions politiques menées se sont arrêtées, dès l’été 2012, après l’annonce de la création de postes supplémentaires et de la mise à plat brutale de ce que les deux ministres du quinquennat précédents avaient pu mettre en oeuvre comme réformes. Depuis, une réforme du collège dont la mise en oeuvre effective a eu lieu aujourd’hui et qui s’est construite en contradiction frontale avec la majorité des professeurs, leurs organisations syndicales de l’Education, les fédérations de parents d’élèves et les sociétés savantes, notamment celles qui défendent l’enseignement du latin et du grec...
On peut tirer deux autres enseignements de ces résultats :
• D’abord que, quelle que soit la couleur politique des ministres, les réformes de l’Education nationale se heurtent toujours et de manière systématique à des conservatismes dont seule l’Education nationale a le secret. Même l’alignement idéologique entre les ministres et la majorité des opposants, comme c’est le cas depuis 2012, ne permet pas de réussir dans le calme et la concertation à mettre en oeuvre des réformes. C’est probablement une leçon à retenir pour les candidats à l’élection présidentielle à venir : votre ministre de l’Education n’aura que quelques semaines pour réformer et appliquer un programme avant que la mécanique habituelle ne se referme sur ses ambitions.
• Ensuite, et de manière plus pragmatique, ce résultat vient également sanctionner l’absence d’ambition pour la jeunesse et pour l’école d’une équipe gouvernementale qui en avait fait son cheval de bataille et un argument électoral puissant.
Pensez-vous qu’Emmanuel Macron peut proposer des solutions efficaces pour améliorer la situation de l’économie française ?
• Plutôt « OUI » : 47 %
• Plutôt « NON » : 52 %
• NSP : 1 %
52% des Français interrogés considèrent qu’Emmanuel Macron ne peut pas proposer de solutions efficaces pour améliorer l’économie.
Emmanuel Macron, jusqu’alors ministre de l’Economie, a présenté sa démission au président de la République mardi 30 août 2016. Même si, à quelques mois de l’élection présidentielle, il n’a pas précisé quelle suite il souhaitait donner à sa carrière politique et à sa popularité, il est quasiment certain qu’il se prépare à être candidat à l’élection présidentielle.
Le sondage d’aujourd’hui montre que le chemin politique qu’Emmanuel Macron souhaite tracer ne sera pas parsemé de pétales de roses. En effet, si Emmanuel Macron a construit sa popularité, pendant les deux années de sa présence à Bercy, sur une communication très maîtrisée et très professionnelle, basée sur la mise en valeur de sa personnalité disruptive dans le paysage politique Français, il n’a manifestement pas encore convaincu sur le fond des sujets politiques, y compris en matière économique alors qu’il était, jusqu’à mardi, le détenteur du portefeuille ministériel. En effet, 52% des Français interrogés considèrent qu’Emmanuel Macron ne peut pas proposer de solutions efficaces pour améliorer la situation de l’économie.
Comment expliquer ce résultat ?
Le ministre Emmanuel Macron a façonné son image et sa réputation grâce à une stratégie de communication construite sur la mise en avant de sa personnalité d’une part et sur le contrepied à la stratégie politique globale de la majorité d’autre part, en s’affirmant comme l’incarnation du renouvellement de la classe politique, un social libéral non encarté dans un parti politique et ne croyant pas aux clivages partisans. Ce faisant sa popularité s’est d’abord construite en opposition à l’existant et sur une communication de rupture, non seulement avec la politique du gouvernement, mais avec l’ambition de redéfinir les contours de l’offre politique dans sa globalité en France. Dans une période de défiance de l’opinion publique face aux élites politiques, il a réussi.
Toutefois, comme son action politique a été assez pauvre en réalisations concrètes, il lui sera difficile de mettre en avant un bilan particulièrement riche en matière économique (même si l’argumentation suivant laquelle il a été freiné par le Premier ministre et le président ne tardera pas à être évoqué, soyons en certains). C’est donc ce contraste entre une stratégie de communication réussie et un bilan politique mitigé qui explique le résultat peu encourageant du sondage d’aujourd’hui.
Toute la question pour l’avenir sera donc de savoir si Emmanuel Macron sera en capacité de transformer l’essai après s’être imposé, au moins auprès des médias, comme le «symbole du renouvellement » du paysage politique Français. Pour cela, il devra vite quitter le confort de la communication basée sur la forme pour entrer dans « le dur » : une communication fondée sur des contenus, des propositions, des annonces concrètes. Alors, et alors seulement, nous saurons si celui qui cultive son image « d’extraterrestre de la vie politique » doit être comparé à « ET » : celui qui n’aura fait qu’un passage éclair avant de repartir aussitôt d’où il était venu ou à Luke Skywalker, celui qui est capable de ramener la paix et l’équilibre dans le monde politique.
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 1er septembre 2016