Connaître ses revenus et surtout ses dépenses, faire la différence entre besoins et envies, évaluer sa capacité d’épargne ou de remboursement lorsqu’on souscrit un prêt, comprendre le fonctionnement des produits d’épargne et d’assurance, tout cela s’apprend. Afin de permettre au plus grand nombre d’accéder à ces connaissances, la Banque de France vient de lancer un site intitulé « Mes questions d'argent ».
« Mes questions d'argent » : des contenus à destination de tout type de public
Sur « Mes questions d'argent », l’internaute trouvera des informations neutres et à caractère pédagogique sur des questions basiques relatives à la gestion du budget personnel ou familial. Une des brochures mise en ligne sur le site explique, par exemple, les conséquences néfastes que peut avoir le fait de ne pas prendre certaines assurances, le fait de ne pas épargner et de se laisser séduire par des dépenses inutiles et régulières, même de faible montant. D’autres ressources détaillent les différentes prestations sociales existantes et expliquent comment en bénéficier, expliquent comment lire son bulletin de paie, comment cotiser pour sa retraite et que faire en cas de surendettement. Le public aux revenus supérieurs y trouvera des réponses à des questions sur l’acquisition d’un logement, l’investissement locatif, l’assurance-vie, les actions, les SCPI ou encore la trasmission de son patrimoine.
Le site s’adresse à un public très hétérogène et constitue le dernier pillier en date de la stratégie d’éducation financière, mise en oeuvre depuis décembre 2016 après trois ans de réflexion et de préparation. Une vingtaine d’associations ont contribué à la création des supports pédagogiques qu’on peut trouver sur le site « Mes questions d'argent ».
L’éducation financière, une urgence en France
Si l’État français consacre des ressources à cette cause éducative, c’est que le niveau des connaissances des Français en termes de gestion d’argent au quotidien sont loin d’être réjouissantes. Un sondage IFOP commandé par le Ministère de l’Economie et des Finances révèle que même si 99 % des Français possèdent au moins un compte bancaire, 71 % d’entre eux sont clients d’une seule banque. Les CSP- et les chômeurs sont particulièrement nombreux dans cette situation. Mais il y a plus grave. 30 % des Français n’épargnent pas, et là encore, des différences sensibles peuvent être constatées selon le niveau socio-économique : les CSP+ sont 80 % à épargner, alors que les CSP- ne sont que 69 % à le faire.
Par ailleurs, seuls 54 % des Français font les comptes de leurs dépenses en fin de chaque mois, et 17 % ne les font jamais. Et quand il s’agit de répondre à des questions précises sur des situations fréquentes liées à la gestion de l’argent, de nombreux Français se trompent ou constatent un manque de connaissances. Ainsi, seuls 55 % des chômeurs ont su calculer correctement le solde d’un compte à 1 000 euros rémunéré à 2 % d’intérêts par an à l’issue d’un an, alors que 82 % des CPS+ y sont arrivés. De manière générale, 26 % des Français se disent plutôt pas à l’aise avec les questions budgétaires et financières, et 6 % pas à l’aise du tout.
Le sondage révèle aussi que 85 % des Français n’ont pas bénéficié d’enseignements d’éducation budgétaire et financière, mais qu’au cours de leur vie, 43% d’entre eux ont ressenti le besoin de recevoir ce type d’enseignement.
Inculquer une culture financière, une stratégie en plusieurs volets
Mis à part le site « Mes questions d'argent », conçu pour tout type de publics, la stratégie d’éducation financière décidée par Bercy se décline en un partenariat avec l’Éducation nationale, pour que les bases de la gestion du budget soient enseignées dans les établissements scolaires. Pour rappel, l’OCDE révélait en juillet 2014 que seuls 19,4 % des adolescents français maîtrisaient les bases de la culture financière.
La stratégie inclut également un volet d’accompagnement des publics en situation de fragilité financière. Des « Points conseil budget », tenus par des associations, sont ouverts à ces fins. Les consultations sont confidentielles et anonymes et sont accessibles à toute personne.