L'étau se resserre. La justice s'intéresse en effet de plus en plus à l'ancien Premier ministre Edouard Balladur. Le Parquet de Paris a ainsi délivré un réquisitoire supplétif pour "détournement de fonds publics" et "recel" aux juges chargés du volet financier de l'affaire de Karachi, ce qui va leur permettre de poursuivre leurs investigations. Jusque-là, les juges d'instruction n'étaient saisis que d'éventuels "abus de biens sociaux" et "recel".
Edouard Balladur aurait pioché illégalement dans les fonds secrets
L'ancien homme fort de la droite est soupçonné d'avoir commis des malversations dans le cadre du financement de sa propre campagne présidentielle en 1995. Concrètement, il aurait pioché de manière tout à fait illégale dans des fonds secrets pour financer sa campagne et maximiser ses chances de devenir président de la République. Ces fonds étaient mis à la disposition des ministres, avant que le gouvernement de Lionel Jospin ne décide de les supprimer en 2001.
Edouard Balladur bientôt traduit devant la Cour de Justice de la République ?
Il aurait aussi, c'est du moins ce dont la justice le soupçonne, perçu de l'argent issu de rétrocommissions consécutives à la suite de ventes d'armes, notamment des sous-marins vendus au Pakistan et des frégates vendues à l'Arabie Saoudite. L'un de ses principaux accusateurs n'est autre que Ziad Takieddine, qui joua à l'époque les intermédiaires. Cet homme d'affaires accuse aussi Nicolas Bazire, l'ancien directeur de cabinet à Matignon et l'ancien directeur de campagne d'Edouard Balladur, d'avoir participé à ce financement illégal.
Si les soupçons se confirment, la Cour de justice de la République pourrait être saisie. Il s'agit de la seule juridiction habilitée à juger, et éventuellement à condamner, les membres du gouvernement pour des actes commis dans l'exercice de leurs fonctions.