La fausse bonne idée de l’écotaxe renaît une nouvelle fois de ses cendres, mais régionalisée

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 16 mars 2021 à 6h23
Ecotaxe Ecomouv Cour Des Comptes 1
@shutter - © Economie Matin
10 MILLIARDS €L'échec de l'écotaxe entre 2014 et 2016 avait coûté 10 milliards d'euros à l'Etat.

Vous vous souvenez de l’écotaxe, la taxe sur les poids lourd lancée en 2014 et enterrée dans la foulée à la suite du mouvement des Bonnets rouges né dans l’ouest de la France ? Elle est de retour… mais le gouvernement laissera aux régions, et à leurs Présidents, la charge de se mettre à dos le secteur des transports.

Une écotaxe région par région ?

Comme sa première version datant de 2014, la nouvelle écotaxe vise le transport routier, jugé très polluant, afin d’inciter l’acheminement de produits et marchandises par des moyens moins producteurs de CO2 comme le train. Dimanche 14 mars 2021, dans le cadre des discussions sur la loi Climat, les députés ont validé le principe d’une écotaxe sur le trafic routier de marchandises.

La grande différence avec le projet, avorté, de 2014 est la régionalisation : ce seront les régions qui décideront de la mise en place d’une telle taxe, qui se chargeront de sa collecte et qui en toucheront l’argent. « C’est une demande de certaines régions, dans une logique de différenciation », a précisé le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari.

La faute à l’Alsace ?

Prévue désormais dans l’article 32 de la loi Climat, qui devra être votée fin mars 2021 par les députés à l’Assemblée nationale, la nouvelle écotaxe dédouane le gouvernement de tous les choix que pourraient faire les régions. Une décision qui vise à aller dans le sens de la Collectivité européenne d’Alsace, née en 2021, qui veut imposer une telle taxe sur les tronçons de l’autoroute A35 dont elle a récupéré la gestion.

Très chargée en termes de trafic routier, cette autoroute pourrait facilement être désengorgée de nombreux camions si ceux-ci doivent payer pour y rouler. Mais certains élus, notamment en Lorraine, jugent que le problème ne sera pas résolu, les transporteurs qui le pourront feront tout simplement un détour par une autre autoroute non-soumise à cette taxe (en l'occurrence la A31 en Lorraine), quitte à rallonger un peu le trajet.

L’écotaxe : une nouvelle fausse bonne idée

Rien n’est encore décidé, les députés ayant juste validé le principe mais n’ayant pas encore voté la loi, mais le retour de l’écotaxe s’annonce déjà comme une fausse bonne idée qui ne résoudra pas le problème du transport routier par camion.

Outre être un surcoût pour les transporteurs, la Fédération nationale des transports routiers ayant déjà déclaré son opposition à cette nouvelle version de l’écotaxe, les trajets pourraient être tout simplement changés.

Plutôt que payer une taxe, certains transporteurs pourraient éviter des routes pour en emprunter d’autres : le trajet, rallongé, coûterait donc plus cher à l’entreprise, donc au consommateur final, tandis que la quantité de carburant consommé, et donc de CO2 produit, risque d’augmenter. Avec pour effet final l’exact inverse de ce pour quoi la taxe a été imaginée : lutter contre la pollution.

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Paolo Garoscio

Rédacteur en chef adjoint Après son Master de Philosophie, s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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