Les fameux portiques, symboles déchus de l'écotaxe, ne serviront à rien. Pire, l'abandon de ce dispositif représente un manque à gagner d'une dizaine de milliards d'euros sur dix ans, regrette amèrement la Cour des comptes.
Les sages de la rue Cambon n'y vont pas avec le dos de la cuiller pour qualifier le gâchis de l'écotaxe. Le dispositif, décidé en 2009 durant le Grenelle de l'Environnement, n'a cessé d'être repoussé… avant d'être finalement abandonné en octobre 2013, sous la pression des « Bonnets rouges » bretons. Ce renoncement a été « coûteux pour les finances publiques et dommageable pour la cohérence de la politique des transports et son financement », pointe le rapport de la Cour.
Chères indemnisations
L'État a dû verser 958 millions d'euros d'indemnisation à Ecomouv', le partenaire technique de l'écotaxe. À cette somme s'ajoutent des « coûts de défaillance » et des risques de contentieux qui pourraient s'élever à 270 millions supplémentaires. Sans oublier « plusieurs centaines de milliers d’équipements inutiles, dont les perspectives de réutilisation sont quasi-nulles » : les portiques…
Les particuliers trinquent
Pour compenser, l'État a relevé la TICPE (taxe sur les produits énergétiques) concernant le gazole, avec un rendement de 1,1 milliard d'euros par an. Ce relèvement est supporté d'abord par les particuliers (à 57%), puis par les poids lourds (41%), alors que seuls ces derniers devaient s'acquitter de l'écotaxe. Si les finances de l'État vont s'en sortir confortablement avec un excédent de recettes de 3,35 milliards d'euros, les collectivités locales devront éponger un déficit de déficit de 1,6 milliard.