Ceux qui me lisent régulièrement savent que je ne suis pas tendre ni avec le Président ni avec le gouvernement et la nouvelle majorité socialiste.
Cela dit, aujourd’hui, étant d’humeur moins « révolutionnaire », j’avais envie de plaider les circonstances atténuantes pour le gouvernement français… Ho rassurez-vous, le verdict sera juste une réduction de peine et leur politique économique mérite une condamnation presque sans appel, mais presque seulement !
Un exécutif bloqué de toutes parts !
Jean-Marc Ayrault, dans un éclair de lucidité provoqué par le bouillonnement ces derniers jours des réseaux sociaux, de la blogosphère et par quelques manifestations sous un portique d’écot-axe breton assorti de bonnets rouges assez révolutionnaires, a pris peur et reculé encore une fois publiquement en annonçant la suspension de l’écot-axe.
Eh bien pour une fois, je ne critiquerai pas le gouvernement pour cette nouvelle reculade. Au contraire. Je vais lui adresser mes plus sincères remerciements car oui, disons-le, cette décision est sage, raisonnable et pour une fois pas dogmatique. Alors cela doit être dit.
Ces derniers jours je me sentais très breton ! Nos amis bretons ont su monter au front pour faire part du ras-le-bol fiscal qui nous saisit tous ces derniers mois, et la cristallisation populaire était en train de se faire. La mayonnaise commençait à monter.
Fronde bretonne : l’alerte des RG au gouvernement
C’est un article du Figaro qui a pu consulter les dernières informations transmises au ministère de l’Intérieur par les services de Rennes, qui prévoit des actions très dures en Bretagne.
Morceaux choisis dans cet article que vous pourrez aller lire en entier si vous le souhaitez.
« La fronde bretonne vue par les ex-RG prend des allures de jacquerie généralisée. »
« Outre les syndicats traditionnels, comme la FNSEA, mais aussi les organisations représentatives des secteurs du transport, du BTP et de l’agroalimentaire, la population commence à adhérer au mouvement, constatent les ex-R.»
« L’un des foyers les plus vivaces est la ville de Carhaix, qui anima, il y a cinq ans déjà, un combat très dur pour le maintien de sa maternité. Son maire, Christian Troadec, est la bête noire des autorités régaliennes sur place. Très apprécié par les anticapitalistes du NPA, et résolument impliqué dans le mouvement breton, cet électron libre de la gauche alternative appelle ouvertement les «salariés de l’agroalimentaire, agriculteurs, marins, élus, syndicats, commerçants, artisans, transporteurs, toutes les populations touchées d’une manière ou d’une autre par la crise, (…) à se rassembler pour dire non au déclin de la Bretagne et par la même occasion à l’écotaxe. »
« Jusqu’alors, estiment les analystes des RG, les syndicats se sont toujours refusés à réunir agriculteurs et pêcheurs, tant le cocktail peut se révéler explosif. Or, s’inquiètent-ils, des représentants de deux corporations se sont entendus le week-end dernier pour agir de front. »
Mais ce n’est pas tout, d’autres régions comme l’Auvergne, ou encore la région niçoise, commençaient également à bouger. Le gouvernement français a donc reculé devant une taxe fut-elle écologique donc juste et qui pouvait mettre le feu aux poudres de façon nationale tant le ressentiment fiscal des classes laborieuses est désormais à son paroxysme.
Une situation financière désormais bloquée…
Qu’un gouvernement évite de créer une crise et une révolte massive me semble plutôt une bonne chose. Finalement, la rue finit toujours par être écoutée… si cela risque de dégénérer de façon importante.
Résultat : nous pouvons penser que seront taxés uniquement ceux qui ne seront pas capables de se mobiliser. Hélas, ceux incapables de se mobiliser ne sont en général pas nombreux, donc il s’agit de bases taxables restreintes donc de faibles rentrées par rapport aux besoins financiers grandissant de l’État.
Nous en sommes donc au point que j’avais déjà évoqué entre une France productive du privée de plus en plus faible et de plus en plus taxée au profit d’une France du fonctionnariat et de l’assistanat de plus en plus pléthorique.
Le gouvernement n’a plus aucune bonne solution à sa disposition
Alors les choses, en économie, finissent toujours par se simplifier d’elles-mêmes et de façon considérable. Au bout du compte, après cette nouvelle reculade, le gouvernement devra soit passer en force avec tous les risques de révolte que cela suppose tant l’exemple breton nous montre que sortir les fourches de la paille suffit à affoler l’Élysée. Nous savons donc ce qui nous reste à faire…. Au moins nous installer en Bretagne !!
Plus sérieusement, l’opposition et la fronde fiscale vont continuer à enfler dans notre pays et chaque nouvelle tentative gouvernementale va créer de nouveaux épisodes de frictions et tensions avec les forces productives.
De l’autre côté, si l’État réduit ses dépenses, ce sont les fonctionnaires au sens large et les bénéficiaires de l’assistanat qui descendront dans les rues pour faire remplir leurs gamelles.
La France est donc politiquement et économiquement bloquée.
La France est socialement divisée en deux clans qui ne se supportent plus… en tout cas en ce moment pour les uns de payer pour les autres toujours plus.
La France est économiquement totalement surendettée.
La France est un pays fracturé à tous les niveaux entre plusieurs catégories qui ne se parlent plus et une montée évidente des tensions.
Le mouvement breton n’a rien à voir avec les émeutes urbaines de Trappe de cet été, pourtant ces deux événements sont susceptibles d’embraser le pays… ou une partie du pays…
Alors voilà où se trouve notre gouvernement actuellement. Au milieu du gué. Impossible de reculer. Le courant est trop fort. Impossible d’avancer. Le courant est trop fort. Alors le gouvernement reste sur cette toute petite pierre au milieu de la rivière. Hélas, l’eau monte et ce n’est qu’une question de temps pour qu’il soit emporté par la furie des éléments.
Alors que faire ?
Comme je l’ai dit dans un précédent édito, il faut que le Président convoque le peuple français pour lui faire décider de son austérité. Le sujet est trop important pour qu’un gouvernement fut-il élu décide lui-même ce qui lui semble « jûûûste » ou pas. Alors il faut que les Français puissent choisir ce qui devra augmenter et ce qui devra baisser. Les Français devront choisir ce qui relèvera de la solidarité nationale et de la responsabilité privée. Les Français devront choisir, et c’est en leur proposant des choix, en les associant à ces choix et en laissant la démocratie directe s’exprimer et les gens débattre dans toutes les familles, à tous les comptoirs que nous pourrons susciter un minimum d’adhésion à l’effort consenti.
Enfin, ces efforts faits par le peuple et pour le peuple doivent correspondre à un projet d’avenir pour notre pays.
Quelle France voulons-nous demain et comment pouvons-nous y arriver. Mais pour cela, nous devons commencer par redéfinir ce que nous sommes et nous regarder avec lucidité dans toutes nos composantes et dans toute notre complexité.
Nous sommes un grand pays, fragilisé, mais il y a aussi dans notre pays tant de force, de ressources et de ressort qu’il nous reste encore des raisons d’espérer.
Alors oui, je félicite sans arrières pensées le gouvernement d’avoir su reculer sur cette écot-axe stupide et en total décalage avec la réalité quotidienne des gens.
Mais maintenant, il va falloir que le gouvernement tire les conclusions de cet épisode de révolte fiscale et elles sont assez simples.
Le pays est bloqué. Or le mur approche. Il faut retrouver des marges de manœuvres. Il faut donc sortir du cadre standard, d’où l’idée de faire penser l’austérité par les citoyens et de les faire choisir les budgets à couper… Car soyons clairs, les hausses d’impôts c’est fini. Terminé. Car il y a une limite à l’impôt.
La limite de l’impôt !
Je gagne 1 000 euros. Si je dois payer 50 % d’impôts, j’arrête tout de suite car 50 % de 1 000 = 500 € par mois. Le RSA, c’est 470 € sans rien faire… donc à 50 % les gens diront stop. Mais aussi à 40 % car quel est l’utilité de se battre tous les jours pour quelques clopinettes en plus ? L’effort n’en vaut plus la chandelle… Bref, c’est l’idée du rendement décroissant de l’impôt… et c’est une évidence. Plus on les augmente, moins ils rentrent !!
Cela n’empêchera pas l’État de tenter d’autres choses et de nous faire d’autres coups de Trafalgar, mais quoi qu’il fasse, le consentement à l’impôt dans notre pays s’est effondré, et nous irons nous faire tondre ailleurs…
Donc il va falloir baisser les dépenses de l’État et de l’État-providence. C’est le modèle français qui sera touché dans ce qu’il a de plus historique. Cela vaut peut-être bien la peine de demander son avis aux premiers concernés… les citoyens de notre pays.
Vive la France, vive la République et bravo à nos amis bretons !
Restez à l’écoute.
À demain… si vous le voulez-bien !!