20 milliards d'eurso d’économie en santé en vingt ans ont servi de prétexte à des dépenses de plus de 200 milliards € en quelques mois à la France.
La santé sous-dotée depuis vingt ans
Depuis plus de 25 ans, l’hôpital public est considéré comme une dépense et non plus comme un outil de sécurité sanitaire vital. Nos gouvernants ont refusé d’investir les sommes nécessaires à son maintien et se sont gargarisés d’économies réalisées en fermant maternités, lits de psychiatrie et hôpitaux de proximité, urgences, etc.
Les plans successifs santé de ces deux dernières décennies ont réduit d’environ 20 milliards € les dépenses hospitalières et ont abouti à des réductions dramatiques de personnel, de lits (150000 lits d’hospitalisations1 dont plus de 7000 sur 2018 et 2019) et d’investissements. Rien ou presque n’a été fait pour réduire les dépenses de médicaments,2 ni le poids financier de la bureaucratie hospitalière3 et des Agences Régionales de Santé 4 5 6 7qui se sont au contraire envolées aux dépens des lits et des personnels soignants.
Depuis plus de 5 ans, cette situation dramatique de l’hôpital public s’est révélée chaque hiver : en 2017, 2O18 et 2019 les urgences sont saturées par manque de lits et non par « excès » de patients qu’il faut souvent transférer d’un département à l’autre.8
Les soignants ont alerté le ministère par tous les moyens légaux, la démission des chefs de pôle de leurs responsabilités administratives, de nombreuses manifestations dans la capitale et les villes blessées, allant même à une grève des urgences9 de près de 18 mois pour lesquels la seule réponse du gouvernement fut le mépris et le matraquage par la police.
Ces 20 milliards d’économie en vingt ans ont servi de prétexte à des dépenses de plus de 200 milliards € en quelques mois à la France
L’état critique des hôpitaux, secondaire au refus d’investissement en santé, est la seule raison invoquée des confinements que le gouvernement nous a imposés. Il espérait qu’ils permettraient de camoufler l’incapacité des hôpitaux à répondre aux crises. De même que le sacrifice de nos aïeux, le refus de les tester, de les admettre en réanimation, puis aux urgences, puis la décision de les euthanasier par Rivotril dès la suspicion de Covid19, eux qui constituaient théoriquement la population à protéger prioritairement.
La très coûteuse défaite du premier confinement
- pertes humaines : le confinement est responsable de plus de 60000 morts : 30000 morts supplémentaires de covid19 (par rapport à l’Allemagne qui n’a pas confiné), 25000 victimes collatérales par arrêt des soins ordinaires, et plus de 10000 suicides attendus liés au sentiment d’enfermement, d’inutilité et à la misère.
- scolaire : perte des enseignements pendant plusieurs mois, sanctionnée par plus de 15% de décrocheurs, grave perturbation des cours actuels par toute sorte de mesures inutiles dont les masques pour les enfants et adolescents
- sociétale : fracture sociale majeure entre les salariés protégés indemnisés et les salariés précaires, les petits commerçants et les professions libérales qui doivent assumer leurs charges fixes, alors qu’ils ont été interdits de travailler. Perte de la motivation au travail de bon nombre de salariés10.
- économique : création insensée de la plus grave crise économique depuis 60 ans avec chute de plus de 10% du PIB annuel, explosion des faillites, du chômage, de la dette de la France.
L’INSEE a estimé à 35% du PIB mensuel par mois de confinement, soit 3% de PIB annuel, (75 milliards d’euros par mois) mais en ne tenant compte que des coûts visibles du confinement (données transmises par les différents secteurs économiques). Mais ces calculs n’ont pas pris en compte les coûts cachés du confinement bien exposés par Cappelletti 11 12 .
Le coût financier réel du premier confinement s’élève donc à environ 100-150 milliards € /mois soit au total 200 à 300 milliards €.
Quel patron d’entreprise pourrait s’enorgueillir d’un tel bilan ?
Aucun enseignement n’a été tiré de cette « Kolossale » erreur
Ce confinement a été catastrophique, mais au lieu de faire « l’effort de guerre » pour renforcer l’hôpital et le remettre au niveau des besoins, le ministère a continué à fermer des services (tout récemment les urgences de l’Hôtel-Dieu) et continue à envoyer la police réprimer les soignants qui protestent.
En Italie, depuis mars, les hôpitaux ont recruté 6000 médecins et 12000 infirmières.
En France, le syndicat Fo des médecins constate avec amertume13 « en 8 mois, aucun des lits fermés depuis des années n'est rouvert, pas d'embauche du personnel indispensable, les milliards retirés aux hôpitaux par les plans d'économies successifs ne sont pas restitués.
Le ministre a menti sur les masques, sur les capacités de réanimation, sur les possibilités de recrutements, sur les espoirs thérapeutiques... Ses prédécesseurs ont menti sur les tests, sur les stocks de matériels et de médicaments, sur la logistique de préparation de lutte contre l'épidémie.
Cet été, on a déplacé les agents et les médecins pour « donner des congés », cet automne on continue. On déplace agents et médecins, parfois contre leur gré, en unité COVID.
L’ARS enjoint les chirurgiens de déplacer des interventions même urgentes. Programmer un patient est une procédure complexe et mobilise de multiples intervenants. Il ne s'agit pas de gérer un agenda. La désorganisation aura des conséquences cruelles sur la surmortalité et les pertes de chance pour des patients ».
Depuis le premier confinement les effectifs des troupes que l’on peut opposer au Covid19 ont fondu et rien n’a été fait pour encourager les soignants démissionnaires à remettre leur tenue de combat (aucune de leurs revendications clairement exprimées lors du Ségur de la Santé n’a été entendue). Ni augmentation de salaire pour le mettre à niveau de la moyenne européenne de l’Ouest, ni allégement de leurs tâches administratives.
La France de cet hiver est encore plus désarmée qu’en février pour affronter les menaces qui, chaque année, même sans covid19 surchargent les hôpitaux et leurs réanimations obligeant à des transferts de malades vers des régions moins touchées.
Quel sera le coût humain, sociétal et économique de la poursuite de cette politique contre-productive dictatoriale de confinement permanent ?
La Suède qui n’a jamais confiné et laissé ses écoles ouvertes compte au 9/11/2020 moins de morts par million d’habitants (601/million) que notre pays(615/million), et résiste mieux à la réplique actuelle de covid19 que les pays qui ont astreint leur population à résidence.
Elle s’est épargné les morts par défaut de soins, les complications psychiatriques (et les suicides) du confinement et n’a pas sabordé son économie. La Démocratie et la Liberté sont toujours plus efficaces que la dictature en santé comme en économie.
Espérons que le bon sens éclairera enfin notre gouvernement
1 D’après le communiqué du syndicat SNMH FO
2 Bien au contraire la création de la liste dite en sus des prestations hospitalières a permis de faire payer directement par la sécurité sociale les nouvelles molécules peu ou pas testées dont les prix démentiels n’auraient pas pu être assumés par les hôpitaux
3 Dont le nombre par lit d’hôpital a été multiplié par dix
4 Créées en 2008 par la loi Bachelot en remplacement des ARH agences régionales d’hospitalisation créées par Juppé en 1996 qui ne couvraient que l’hospitalisation publique
5 La bureaucratie étouffe le système de santé volet 2 agoravox 20 juin 2018 n delepine
6 Dégraissons le mammouth 2 JUIN 2018 volet 1 agoravox
7 Soigner ou obéir n et g delepine éditions fauves 2016
8 Les bébés parisiens atteints de bronchiolites font souvent la une du journal du soir par leurs transferts à Reims ou Amiens puis sont oubliés
9 Grève toujours symbolique qui ne gêne personne….
10 https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-reconfinement-ne-plus-laisser-le-teletravail-demotiver-les-salaries-1261229
11 L. Cappelletti, O. Voyant, H. Savall, F. Noguera (2018), « 40 years of socio-economic approach of management (SEAM) : What we know, where we go ? », Academy of Management (AOM) Proceedings.
12 L. Cappelletti, O. Voyant, H. Savall (2018), « 40 ans après son invention : la méthode des coûts cachés », Audit Comptabilité Contrôle et Recherches Appliquées (ACCRA), 2(2) : 71-91.
13 Communiqué du SNMH FO du 7 novembre 2020