L’économie sociale et solidaire doit oser grandir

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Par Muriel Jaouën Modifié le 2 juin 2012 à 7h39

Et si la crise nous faisait (re)découvrir les vertus de l’économie sociale ? Ni étatique, ni capitaliste, cette « autre économie » réconcilie solidarité et dynamisme entrepreneurial. En France, elle représente deux millions de salariés, 10 % de l’emploi, un emploi créé sur cinq, plus de 200 000 établissements… Muriel Jaouën dresse un panorama complet de ce secteur méconnu, mais porteur d’avenir, dans son ouvrage « Economie sociale, la nouvelle donne ». Extrait.

« Les entreprises de l’économie sociale n’échappent pas à la concurrence des marchés. Pour nombre d’entre elles, l’alternative est claire : grandir ou mourir. Pour passer en près de cinquante ans de la petite coopérative à un groupe international, acteur mondial majeur sur le secteur de l’émission de titres, le Groupe Chèque Déjeuner a dû multiplier les filiales sous forme de sociétés anonymes.

Les acteurs de l’économie sociale et solidaire sont conscients du risque permanent de mimétisme. A fortiori en période de très forte tension économique. Car les crises s’alimentent fréquemment de la propension à l’imitation : on finit par imiter ceux qui imitent, dans un emballement irrationnel. Or, il y a dans la course à la taille l’expression d’une tendance mimétique. Mais cautionner l’idée selon laquelle la taille corrompt nécessairement, c’est condamner l’économie sociale à rester petite, voire à remplir des cases oubliées. Ce qui correspond, en passant, à la conception portée par l’économie libérale, depuis le second empire.

Les plus grosses fondations de l’économie sociale soutiennent nombre de micro-associations à travers le monde. Beaucoup des mammouths coopératifs ou mutualistes d’aujourd’hui étaient des micro-organisations il y a quelques années. Les mégastructures nées du regroupement et de la fusion des mutuelles de santé ont-elles altéré la confiance et l’attachement des français au modèle mutualiste ? Non. La taille de certaines associations nuit-elle à leur fonction de stabilisation sociale ? Non. Au secteur de créer des outils permettant d’accompagner le développement des entités dans le respect des principes fondateurs de l’économie sociale. Ou de s’organiser pour atténuer les effets de masse. Certaines sociétés ont déconcentré leurs structures pour d’une part garantir une proximité avec les associés et sociétaires, d’autre part limiter la force d’inertie mécaniquement générée par l’effet de taille.

L’organisation autour d’acteurs de poids et au sein de structures visibles est l’une des conditions des succès politiques. En se cantonnant dans la culture du “small is beautiful”, l’économie sociale et solidaire briderait nécessairement ses chances d’obtenir une reconnaissance internationale et des outils de financement à la hauteur de ses ambitions : groupes coopératifs transnationaux, filières intégrées de commerce équitable, fonds internationaux dédiés… »

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« Economie sociale, la nouvelle donne »

Editions Lignes de repères

ISBN : 978-2-915752-69-4

176 pages

18 € TTC

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Journaliste indépendante, Muriel Jaouën est diplômée de l’ESJ Lille et titulaire d’une maîtrise de philosophie. Après avoir longtemps traité les questions de management et d’organisation d’entreprise pour La Tribune, elle collabore aujourd’hui entre autres à Stratégies, Management, l’Entreprise. Elle est également membre du comité éditorial de www.place-publique.fr, où elle traite notamment les questions liées à l’économie sociale et solidaire. Elle vient de publier « Economie sociale, la nouvelle donne » aux éditions Lignes de repères.

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