Extraits du livre d'entretiens « B.A. BA d'économie », co-édité aux éditions Le Pommier/Cité des Sciences et de l'Industrie.
Entretien avec Augustin Landier, mené par Igor Martinache.
Pourriez-vous commencer par définir précisément ce qu'est un marché ?
La notion de « marché » a des racines très concrètes : au départ, c'est le lieu physique où des acheteurs rencontrent des personnes
qui ont des produits, des biens ou des services à proposer.
C'est le lieu où l'on négocie le prix et où les échanges se font. Si quelqu'un veut me vendre un produit en me proposant un prix exorbitant, je peux aller voir son voisin et lui demander un meilleur prix pour le même objet. Inversement, le producteur n'est pas l'otage de l'acheteur : il peut attendre qu'un autre se présente.
Un glissement s'est ensuite opéré depuis ce lieu physique pour désigner, d'une part, des marchés plus dématérialisés (si je veux acheter une action d'une entreprise, je vais aller sur un marché électronique et non plus sur un lieu physique) et, d'autre part, un concept économique, celui de l'équilibre de l'offre et de la demande par l'ajustement des prix.
Quelles sont les catégories d'acteurs présentes sur le marché ?
Pour commencer, il faut bien souligner qu'au départ du marché il y a deux entités aux intérêts divergents : l'acheteur veut acheter bon marché, et le vendeur veut vendre cher. Ils vont converger vers un prix qui rend possible la transaction, car chacun voit qu'il ne peut trouver mieux : c'est le prix d'équilibre.
Quand les économistes parlent d'« agent économique », c'est un raccourci pour parler d'un individu ou d'une organisation (entreprise, entité publique, etc.). De même, un individu peut représenter le ménage auquel il appartient : si l'on envoie son enfant acheter une baguette, est-ce lui qui achète ou la famille ?
On dit que nous évoluons dans des « économies de marché », on parle même de « sociétés de marché » : à quelles autres formes cette notion s'oppose-t-elle ?
Le contraire de l'économie de marché, ce sont des systèmes centralisés où les prix sont fixés par un régulateur ou par l'État lui-même ; dans ce cas, on ne laisse pas le prix émerger par le jeu de l'offre et de la demande sur le marché. L'URSS avait ainsi une économie planifiée : l'État décidait des quantités produites et des prix.
Le problème, c'est que celui qui décide du prix peut difficilement savoir le coût de production d'un bien et ce que chacun est prêt à payer pour ce bien. S'il se trompe, l'économie n'utilise pas les ressources au mieux, c'est-à-dire qu'il est physiquement possible d'améliorer le bien-être de tout le monde.
Le système soviétique a essayé de mettre en oeuvre une planification complète de l'économie. La difficulté, quand on bloque l'ajustement des prix, c'est qu'à moins de viser très juste il n'y a pas de raison que l'offre soit égale à la demande ; on a donc en général des problèmes de pénurie ou de surproduction.
En réalité, c'est un continuum : on n'est jamais purement dans une économie de marché ou purement dans une économie centralisée. Dans des pays comme le nôtre, tous les prix ne sont pas fixés librement par l'acheteur et le vendeur. Il y a beaucoup de marchés, comme celui des médicaments, de l'électricité ou encore celui des taxis, où les prix sont fortement réglementés.
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