Les indices annonciateurs d’un nouveau krach boursier sont bien là

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Par Charles Sannat Publié le 27 janvier 2014 à 13h30

Il semblerait que nous soyons en train de vivre un changement de climat sur les marchés financiers et boursiers et que l’optimisme béat des opérateurs commence à laisser place à un réalisme plus prudent.

De façon générale et historique, les « zinvestisseurs » sont hystériques au sens psychiatrique du terme. Soit ils voient tout en rose de façon excessive, c’est la période que nous vivons depuis presque deux ans, soit ils deviennent pessimistes de manière un peu trop exubérante, période que nous pourrions vivre prochainement. Dans tous les cas, il faut savoir prendre beaucoup de recul aussi bien par rapport à ce que l’on entend qu’aux stratégies adoptées y compris par la majorité, qui n’est pas forcément la bonne !

Bref, même si la FED en particulier et les banques centrales en général inondent le monde de liquidités presque illimitées, il n’en demeure pas moins que cet argent n’est pas donné et il ne faut pas l’oublier. Cet argent, presque gratuit certes, est simplement prêté aux banques et autres investisseurs qui doivent le rembourser.

Le gain est sur le différentiel de taux !

Toute la magie du système réside dans le fait qu’en prêtant de l’argent à des taux proches de zéro, les banques centrales fournissent de la ressource presque gratuite aux opérateurs. Ils prennent tous cet argent et le place soit en achetant des actions (20 % par an de rendement ces deux dernières années), soit en achetant des obligations souveraines (dettes d’États surendettés et en quasi-faillite) qui rapportent entre 2 et 3 % !

Conséquence logique de ce système d’une simplicité totale : les financiers empochent des bénéfices plantureux puisqu’ils peuvent acheter beaucoup d’actifs avec de l’argent qu’ils n’ont pas mais qu’on leur avance et empochent ainsi ce différentiel de taux entre l’argent prêté gratuitement et le placement qu’ils ont acheté !

Hélas, aussi magique soit-il, ce système ne peut pas et ne pourra pas durer éternellement, pour une simple et excellente raison… les « zinvestisseurs » doivent rembourser (pour le moment) ces crédits gratuits. Et c’est là que tout se gâte. En effet, à force de tous acheter les mêmes choses en même temps avec les mêmes sous gratuits des banques centrales, les prix des actifs concernés explosent à la hausse. C’est la raison pour laquelle, en particulier aux USA, les marchés actions ont battu tous leurs plus hauts historiques.

Il faut bien comprendre que pour être sûr de gagner à ce petit jeu, il faut être en mesure de ne pas être le dernier des crétins à sortir de ce marché totalement biaisé.

Les fondamentaux économiques

Tant que tout le monde joue à acheter, tout le monde achète… (la Bourse est en réalité un « jeu » très simple où il suffit de faire comme tout le monde, ce qui amplifie considérablement les mouvements et leur côté parfaitement irrationnel).

Mais à un moment donné, même si vous êtes le plus abruti des financiers (ce qu’ils ne sont pas totalement), vous êtes obligé de jeter un œil ne serait-ce distrait sur les fondamentaux économiques pour savoir si ce que vous achetez (même si c’est avec un crédit gratuit) vaut globalement le prix que allez payer (histoire d’avoir une probabilité de gagner encore un peu d’argent) pour être en mesure de rembourser le prêt que vous avez contracté pour acheter ce machin.

Le risque de négative equity

Le risque, vous l’aurez compris, même dans la situation actuelle, même avec de l’argent gratuit, c’est de se retrouver à acheter une action dont le prix baisse et dont la valeur ne permettra plus le remboursement du crédit contracté pour l’acheter (c’est exactement pour ces raisons-là que le krach de 1929 a eu lieu). Ce phénomène porte le nom de « negative equity » dans le monde de la finance. C’est également ce phénomène qui a donné lieu à la crise des subprimes, puisque les biens immobiliers valaient moins que le crédit qu’il fallait rembourser.

Et là, si les « zinvestisseurs » voient un risque potentiel de negative equity se profiler, ils se ruent tous immédiatement vers les sorties de secours, ouvrent leurs parachutes (de préférence dorés), sautent dans les canots de sauvetage et revendent en masse leurs placements. Cet afflux d’ordres vendeurs simultanés engendre un krach.

Nous en sommes à ce moment ou presque !

Si je persiste à dire, depuis plusieurs années, que les marchés boursiers devraient valoir beaucoup moins que ce qu’ils valent, que les fondamentaux économiques sont mauvais et que les perspectives de gains s’amenuisent chaque mois un peu plus, je n’ai hélas pas de boule de cristal. Je disais en fin d’année dernière dans mes prévisions économiques pour 2014, qu’un krach boursier et obligataire n’était pas à exclure au premier semestre 2014 et qu’il était même plus qu’envisageable pour ne pas dire nécessaire.

L’idée n’est pas de savoir ici avec certitude si nous allons vers le krach dans les prochains jours ou pas. L’idée c’est de partager avec vous le raisonnement et l’analyse qui peuvent expliquer qu’un tel phénomène puisse avoir lieu dans les circonstances actuelles.

Pourquoi en sommes-nous donc à ce moment ?

1/ Les cours sont au plus haut.
2/ Les rations prix de l’action/bénéfices attendus sont au plus haut, ce qui veut dire que les actions sont très cher si les bénéfices ne progressent pas fortement.
3/ Les bénéfices justement annoncés actuellement par les grandes multinationales sont décevants et les résultats pour nombre d’entre elles ne sont pas en ligne avec les attentes du marché.
4/ De forts doutes s’installent sur les pays émergents qui semblent très fragiles sur les fondamentaux économiques et financiers. C’est logique. Or les multinationales tirent désormais une part plus que significative de leurs bénéfices de ces marchés. S’ils baissent, alors les bénéfices des grands groupes vont fondre comme neige au soleil.
5/ Ce sont les pays émergents et l’internationalisation des multinationales qui les ont sauvés depuis 2007. Si les marchés européens et américains ne repartent pas (ce qui est le cas, quoi que vous entendiez au télécran) et que les marchés émergents entrent en crise… il n’y aura aucune zone pour sauver les bénéfices des multinationales cotées… les bénéfices vont s’effondrer et le cours de Bourse avec.
6/ Il va falloir que les « zinvestisseurs » remboursent en vitesse des crédits dont la somme a été placée sur des actions qui pourraient perdre une valeur importante. C’est donc potentiellement une situation à très grand risque où tout le monde pourrait vraisemblablement vouloir quitter le navire simultanément.
7/ L’or se tient exceptionnellement bien dans un moment où, paradoxalement, il devrait plutôt baisser (ce qui ne veut pas dire qu’il ne va pas baisser), mais les banques et les financiers ayant vendus leurs positions en or (ce qui a fait baisser les cours tout au long de l’année 2013) pour se positionner massivement sur les marchés actions (beaucoup plus lucratifs en 2013), ils n’ont tout simplement plus d’or à vendre pour compenser leurs pertes sur les actions puisqu’ils sont quasiment investis à 100 % sur un mix entre actions et obligations d’État ! L’or pourrait donc ne pas baisser lors de ce krach ou de cette correction, ce qui serait un signal très alarmant pour les « zinvestisseurs » qui pourraient vouloir du coup se ruer dessus… il est donc probable que cette fois-ci l’or se comporte différemment.

Comme le résume cette dépêche de l’AFP, tous les facteurs de basculement sont réunis.

Avec une forte baisse des indices vendredi soir (presque -3 % pour la Bourse de Paris), nous pourrions assister au début de la prise de conscience par les « investisseurs » de leur risque de se retrouver en negative equity et de voir tous les rats quitter le navire entraînant une forte chute des indices boursiers.

Cela mettrait à mal le mythe actuel défendu par nos zautorités économiques qui n’hésitent pas à nous remonter le moral au cric en nous martelant à longueur d’information que vraiment, le pire de la crise est derrière nous et que la reprise est là.

Pourtant, presque tous les indicateurs sont au rouge. Rouge pour le chômage, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis où 1,3 million de chômeurs se retrouvent plongés dans la misère la plus totale ayant perdu leurs allocations suite à une décision du Congrès US, toujours plus prompt à donner des fonds à Wall Street qu’à Main Street (qui représente le peuple).

Rouge dans les pays émergents qui voient leurs monnaies attaquées comme c’est le cas à nouveau de l’Argentine mais également du Brésil qui inquiète grandement les marchés, ou encore de la Chine qui est en mesure de faire sauter la banque en raison des incertitudes qui pèsent sur son marché immobilier et la véracité de ses statistiques économiques (bien que sur ce sujet ce soit l’hôpital qui se moque de la charité, vu comment sont calculées les nôtres).

Rouge encore sur le fret mondial, puisque là encore le Baltic Dry Index (l’indice du prix du transport maritime) reste désespérément bas et n’arrive pas à se redresser durablement autrement qu’à chaque période de forte consommation comme les fêtes de fin d’année qui nécessitent forcément un peu plus de besoin de transport histoire que toutes les chinoiseries merdiques à la durée de vie éphémère, à la qualité douteuse, et aux prix finalement très élevés pour de la merde en container, arrivent au pied du sapin de Noël synthétique et lui aussi « merde in China ».

Alors que dit l’AFP, pourtant stupidement béatement optimiste selon les instructions reçues du plus haut sommet de l’oligarchie financière mondiale !?!?

« Les places financières peinent à déceler la reprise annoncée dans les résultats des entreprises, en demi-teinte aux États-Unis. Privés de boussole, les investisseurs se sont aussi montré frileux après le ralentissement de l’activité manufacturière en Chine jeudi. » Comprenez que les statistiques même truquées sont vraiment moisies et qu’ils ne voient toujours rien venir ces benêts alors que cela fait 3 ans qu’ils font d’énormes efforts pour faire semblant de croire en la sainte reprise. Il n’y a pas pire qu’un benêt trompé une fois qu’il découvre la tromperie. Sa réaction est à la mesure de sa bêtise et de sa stupidité de cocu de la reprise mondiale.

« La saison des résultats est jusqu’ici décevante, selon un expert y compris en Europe où les chiffres d’affaires déçoivent. Plus encore, les discours extrêmement prudents des entreprises l’étonnent. » Comprenez que tous ces crétins pensaient naïvement qu’avec de moins en moins de consommateurs solvables, de plus en plus de chômeurs, les entreprises allaient continuer, comme si de rien n’était, à faire des bénéfices plantureux et à verser des dividendes chaque année plus généreux et les cours de Bourse monter jusqu’au ciel, pour les siècles des siècles… Finalement, il se pourrait que le plan ne se déroule pas forcément de cette façon-là ! Surprenant non ??

« Pour avoir une nouvelle progression sensible des indices boursiers, il est sans doute nécessaire d’avoir des prévisions de croissance des bénéfices qui se redressent. » C’est là que vous voyez tout de même la pensée fulgurante de tous ces abrutis qui « font » les marchés, car ils viennent de commencer à prendre conscience, après plus de deux ans de hausse des actions, que tout de même, il faudrait que les prévisions de croissance des bénefs soient bonnes… Comme ils sont indécrottables, ils vous parlent de prévisions… pas de réalité, et ce qui est bien avec les prévisions… c’est que l’on peut toujours prévoir n’importe quoi, juste pour se faire plaisir ce dont nos zautorités d’ailleurs ne se privent pas de faire.

Alors que va-t-il se passer cette semaine ?

Eh bien je n’en sais rien, mais ce sera une semaine à haut risque.

Plusieurs grands groupes vont publier leurs résultats et leurs prévisions pour l’année qui s’ouvre, la FED va se réunir mais quoi qu’elle dise, cela pourrait être mal pris puisque soit la FED ralentit encore son soutien à l’économie, et il va bien falloir se retirer progressivement des marchés pour les zinvestisseurs ce qui provoquera un krach d’anthologie, soit la FED dit qu’elle continue à soutenir une économie malade et dans ce cas les marchés pourraient penser que la situation est pire que prévue…

Il y a également plein d’autres informations capables de filer le bourdon aux saints marchés comme le PIB espagnol ou encore les PIB américain et anglais… Bref, cela risque d’être assez sportif mais il est possible que nous soyons au début d’un renversement de tendance durable.

Alors pour ceux qui n’ont pas le cœur assez solidement accroché, n’oubliez pas qu’il vaut mieux rater une hausse que de se prendre toute une baisse… Conclusion : vendez ce que vous pouvez, pour ceux qui le souhaitent, il y a également le BX4 qui vous permet de reproduire la performance inverse du CAC 40 multipliée par deux. En clair, si le CAC 40 perd 10 %, vous vous en gagnez en gros 20 % (un petit peu moins dans les faits).

Bon, évidemment, si les indices craquent fortement, il risque d’y avoir de très nombreux morts parmi les banques y compris les plus grosses, ce qui vous ferez une belle jambe avec vos BX4, d’où l’idée d’avoir tout de même quelques pièces d’or, un peu de cash au cas où, son potager et son stock de raviolis qui, je le rappelle, est une métaphore pour parler de tout ce que vous jugez nécessaire d’avoir chez vous en prévision de jours moins heureux.

En attendant, François vient officiellement de larguer Valérie, et c’est Michel Sapin qui s’est collé au service après-vente pour expliquer la décision du grand mamamouchi en chef. Et c’est plutôt chouette car, finalement, Sapin qui n’est autre que le ministre de l’Emploi (c’est son titre officiel en novlangue mais en réalité il est plutôt ministre du Chômage), pendant qu’il glose sur les histoires de vie privée, « d’intime », de voyeurisme de certains grands méchants, ne nous parle plus beaucoup de l’inversion de la courbe du chômage qui, paraît-il, d’après lui, amorcerait une stabilisation… Nous serions donc en croissance négative avec une inversion stabilisée de la courbe du chômage…

Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

AuCOFFRE.com

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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