Il y a toujours eu deux façons de se lever le matin. La première, typiquement française, consiste à se dire « pourvu qu’il ne m’arrive rien aujourd’hui ». La seconde, plus américaine, consiste à « espérer qu’il m’arrive quelque chose ».
Quiconque s’interroge sur l’origine de notre état d’esprit ferait bien d’observer la façon dont une jeune maman encourage outre-Atlantique l’enfant qu’elle dépose pour la première fois à l’école maternelle : « Go and have fun », lui dit-elle en l’embrassant. « Vas-y et amuse-toi ! »
Rien de tel en France, où la mère protectrice multiplie en pareil cas les mises en garde du type : « Fais attention, sois prudent, ne prends pas de risque, ne touche à rien, ne parle à personne, ne tombe pas ! ».
N’est-il pas étrange que le pays qui possède le droit social le plus protecteur jamais inventé, qui prend soin de ses demandeurs d’emplois mieux et plus longtemps que n’importe lequel de ses concurrents, qui possède l’une des plus grosses épargnes de la planète et vit en paix depuis plus de soixante ans, est aussi celui qui est le plus gros consommateur d’anxiolytiques ? Pas si étonnant à y réfléchir, car chacun sait que seules les épreuves renforcent, et que seuls les échecs font avancer.
N’oublions jamais que surprotéger affaiblit. Et qu’entreprendre aguerrit. Quand cesserons-nous de nous plaindre plutôt que de nous endurcir ? Quand comprendrons-nous qu’une protection excessive ne fait que ruiner l’estime de soi de ceux qui en bénéficient ?
Extraits du livre " ne me dites plus jamais bon courage ! " écrit par Philippe Bloch paru aux éditions Ventana. Prix : 10 euros.
Reproduits ici grâce à l'aimable autorisation de l'auteur et des Editions Ventana.