Une fois n’est pas coutume, le sentiment de marché des investisseurs européens semble un peu plus enthousiaste qu’à Wall Street. Depuis le début de l’année, les actions européennes surperforment leurs homologues américaines dans une proportion qui n’est pas négligeable. L’Euro Stoxx 50 s’est apprécié de 1,76 %, contre une perte de 0,52 % pour l’indice S&P 500, freiné essentiellement par des prises de bénéfices après les sommets de valorisation atteints ces derniers mois.
Le cycle rattrapage des marchés européens fait la part belle aux valeurs issues des secteurs automobile, bancaire ou de production de matériaux de construction (à Paris, ces secteurs progressent de 4 à 8 % depuis le début de l’année).
L’amélioration des fondamentaux en zone euro va continuer de constituer un catalyseur important pour la progression des actifs européens. Entre la dissipation des risques sur les marchés obligataires souverains périphériques, l’assainissement du système financier (via le renforcement des fonds propres des banques) et des perspectives de croissance positives bien que modérées, le scénario d’une évolution haussière en pente douce est convaincant. A l’horizon d’un mois, cette tendance pourrait porter l’indice CAC 40 à 4 500 points, un objectif crédible.
Qui plus est, les marchés européens semblent désormais bénéficier d’un véritable retour des flux d’investissement. Longtemps atones, les volumes de transactions sur les places boursières du Vieux Continent sont en train de retrouver peu à peu de la consistance. Cela s’explique en grande partie par le redéploiement d’une part des capitaux des investisseurs professionnels, qui était encore investie en actifs « refuges » (en particulier obligataires « core ») ces dernières années. Dans un environnement macroéconomique en cours de normalisation, les actions, en tant qu’actifs à fort potentiel d’appréciation, retrouvent toute leur place dans les allocations des investisseurs. Cela s’explique aussi par des arbitrages et des achats à bon compte à plus court terme. Convaincus du cycle de revalorisation des marchés européens, les investisseurs n’hésitent plus à tirer profit de toute correction pour renforcer leurs positions en actions. Ce comportement est symbolique d’une confiance retrouvée.
Toutefois, il faudra surveiller les publications de résultats dans les prochaines semaines. La croissance des bénéfices des entreprises est une composante importante de la performance des actions. Une croissance des résultats bien plus vigoureuse qu’elle ne l’a été l’année dernière sera désormais nécessaire pour entretenir la progression des places européennes. Sur ce point le consensus des analystes est positif (avec un objectif proche de 10 % en 2014).
Il faudra également regarder comment se comporte la reprise de l’activité économique, tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Cette semaine, plusieurs indicateurs de premier plan comme les indices PMI Markit des directeurs d’achats en zone euro (jeudi) et aux Etats-Unis (jeudi), les indicateurs économiques avancés (mercredi) l’indice de confiance des consommateurs en zone euro (jeudi), le taux de chômage au quatrième trimestre 2013 en Espagne (mercredi) ou les ventes de logements anciens aux Etats-Unis (jeudi) pourront apporter quelques éléments de réponse sur la vigueur de la dynamique économique. Hier, la Chine a publié un taux de croissance du PIB pour le dernier trimestre 2013 (7,7 %), légèrement en deçà du trimestre précédent (7,8 %).
A 7,7 % sur l’ensemble de l’année, le taux de croissance chinois semble confirmer que le pays est entré dans un nouveau cycle, celui d’une économie plus équilibrée, tournée vers la consommation domestique. Mais attention, l’endettement des agents économiques et un système bancaire dont la visibilité est encore lacunaire - il est bien difficile d’estimer les actifs à risque en dehors du bilan des banques, mais auxquels ces dernières sont exposées - pourraient bien menacer les nouvelles aspirations économiques chinoises.