L’appétit des investisseurs pour les actions ne devrait pas diminuer en 2014. En Europe, le redressement progressif des niveaux de valorisation qui a permis le remarquable rally des actifs à risque au cours des derniers trimestres, devrait encore procurer un beau potentiel d’appréciation.
Mais attention. Il faudra néanmoins surveiller de près plusieurs facteurs de volatilité, parmi lesquels l’impact du « tapering » américain ou le risque de bulle dans l’économie chinoise. Coup de projecteur sur les catalyseurs et les opportunités d’investissement des prochains mois.
Le succès des marchés actions en 2013 doit beaucoup à la stabilisation progressive de l’environnement économique et au dopage monétaire piloté par les principales banques centrales à travers le monde. De ce point de vue, la vigueur retrouvée de la croissance économique aux Etats-Unis, entre amélioration du marché de l’immobilier, reconstitution des marges bénéficiaires des entreprises, optimisme accru des agents économiques (le moral des ménages américains est au plus haut depuis cinq ans, selon l’indicateur de l’Université du Michigan) justifie aujourd’hui de nouvelles orientations en termes de politique monétaire.
En décembre dernier, la Réserve fédérale américaine a officialisé le retrait progressif de ses mesures monétaires non-conventionnelles, en réduisant le volume mensuel de son programme d’assouplissement quantitatif. Les achats d’actifs obligataires américains réalisés par la Fed sont réduits à 70 milliards de dollars par mois, contre 85 jusqu’ici. Ce scénario de « tapering » est la principale préoccupation des investisseurs boursiers, qui redoutent un resserrement monétaire trop brutal, de nature à déstabiliser les marchés. Janet Yellen, future gouvernante de la banque centrale qui a la réputation d’être particulièrement « dovish », devra gérer l’ajustement des taux directeurs tout en veillant à ne pas susciter de krach obligataire. Or les taux longs américains se sont déjà tendus de 60 points de base en six mois, synonyme de renchérissement du coût de l’argent.
Ailleurs, les politiques monétaires resteront beaucoup plus favorables aux actifs risqués. Au Japon, les « Abenomics », le fameux arsenal de relance publique de l’activité économique (assouplissement monétaire ultra-offensif pour inciter les agents économiques privés à investir et réformes économiques libérales en faveur des entreprises) a permis de libérer de la croissance en 2013. Mais le taux d’inflation encore faible, inférieur à 1 %, un ratio dette/PIB qui continue de se dégrader (à près de 250 %) et le lourd déficit commercial du Japon (7,7 milliards d’euros) sont autant de garanties d’une politique monétaire ultra-expansionniste pour une longue période.
En Europe, la Banque Centrale Européenne a abaissé son principal taux directeur à 0.25 % récemment, notamment pour contenir le risque déflationniste. Si d’autres facteurs d’incertitude se manifestaient la BCE a toute latitude pour réactiver d’autres instruments non conventionnels tels que la rémunération négative des dépôts, le lancement d’un nouveau programme OMT ou une nouvelle opération de refinancement par LTRO.
En Chine, le gouvernement apprend à composer avec une croissance beaucoup moins forte que par le passé, avec un taux qu’on peut durablement estimer entre 7 et 8 %. Consciente de la nécessité de maitriser un peu plus son environnement économique, la Chine a initié un rééquilibrage de son modèle économique, via une série de mesures de relance publique : investissements dans les infrastructures, les chemins de fer, le logement social, la protection environnementale et la sécurité sociale. L’objectif, pérenniser la croissance économique en promouvant davantage la consommation domestique.
Reste que si l’économie chinoise devrait voir ses perspectives s’améliorer en 2014, au moment où l’activité économique mondiale redémarre, le risque de bulle financière n’est pas à négliger. L’expansion du crédit à un rythme excessif, génère une multitude d’emprunts contractés non seulement par les collectivités locales, mais aussi par les ménages chinois. Si bien que le niveau d’endettement des ménages est en train de croître plus rapidement que la progression de leurs revenus.
Dans ce contexte macroéconomique globalement convaincant mais pas dénué de risques, la sélectivité des investissements boursiers permettra de capter de la performance. Probablement plus qu’en 2013, où la seule véritable déception a été les marchés émergents.
Aujourd’hui, les actions de la Zone Euro figurent en pole position des actifs les plus attractifs en matière de PER. Le mouvement de rattrapage des cours est loin d’être terminée et la croissance des bénéfices des entreprises devrait être au rendez-vous cette année (les analystes attendent entre 10 et 14 % de croissance bénéficiaire en 2014). Un effet « flux » devrait également soutenir les marchés du Vieux Continent, avec la poursuite du redéploiement des capitaux des marchés obligataires vers les marchés actions, mais aussi depuis les marchés actions U.S. qui sont à des points hauts de valorisation.
Pour jouer cette surpondération géographique, mieux vaudra privilégier les actions « value ». Les valeurs issues du secteur bancaire (BNP Paribas par exemple) sont encore très décotées par rapport à leurs fondamentaux et à leurs perspectives de redressement de la rentabilité des fonds propres. Les établissements européens ont déjà engagé un profond assainissement de leur bilan et une restructuration de leurs activités pour répondre aux contraintes prudentielles de Bâle 3.
Compte tenu de son caractère cyclique, le secteur automobile a une carte à jouer. Après avoir touché un point bas de plus de quinze ans au printemps dernier, le marché automobile européen dispose d’un horizon plus clément compte tenu de la stabilisation économique de la Zone Euro. Le cours du titre Peugeot paraît significativement sous-valorisé, alors que le partenariat du constructeur français avec le chinois Dongfeng pourrait lui offrir de nouvelles perspectives.
Enfin, les valeurs de niche comme Zodiac conserveront leur pouvoir de séduction auprès des investisseurs. Peu dépendants de la conjoncture mondiale ou d’un univers sectoriel, cette catégorie de société affiche un fort « Pricing Power » grâce au savoir-faire unique et aux innovations qu’elle impose sur des segments d’activité, où les marges bénéficiaires sont plus élevées qu’ailleurs et les perspectives de croissance particulièrement pérennes.