Le secret de l’économie et de la prospérité

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Par Simone Wapler Publié le 5 décembre 2014 à 4h23

« Les majors du pétrole vont recourir à la dette pour payer leurs dividendes », L'Agefi du mardi 2 décembre 2014.

Décidément, nous vivons dans un monde bizarre. Des gens acceptent d'être copropriétaires d'une entreprise qui emprunte pour leur redonner l'argent de la dette contractée. Remarquez que d'une façon générale, des taux d'intérêt négatifs sont une insulte au bon sens. Arrivés à ce stade, plus rien ne doit nous étonner concernant ce qu'il est convenu d'appeler les « actifs financiers ». Même cette terminologie est d'ailleurs inadaptée car la majorité des actifs circulants sont de la dette, donc plutôt du passif.

Les media nous proposent une vision très étrange de l'économie, soit keynésienne, soit monétariste et le plus souvent un doux mélange des deux ce qui nous vaut des absurdités.

Dans la vision keynésienne, la consommation est au centre de tout. Plus vous consommez, plus l'activité économique augmente, plus vous vous enrichissez. Tout recul de la consommation est un drame et les politiques de l'offre permettent de lisser des cycles. Un enfant comprendrait aisément que la consommation n'est qu'un signe extérieur de richesse qui n'existe vraiment que si on a les moyens de consommer. Mais les politiciens professionnels adorent le keynésianisme car cela permet de justifier des politique de la demande : je prends à Pierre (qui ne consomme pas le bougre d'animal obtus) pour donner à Paul qui va consommer (et qui est mon gentil électeur).

Dans la vision monétariste, la monnaie est au centre de tout. Une économie a besoin d'une certaine quantité de monnaie pour bien fonctionner. S'il n'y a pas assez de monnaie, elle se grippe. Un grand planificateur omniscient, appelé banquier central, sait très précisément de quelle quantité de monnaie une économie a besoin. Il a un gros bouton « taux d'intérêt » qu'il tourne dans un sens ou dans l'autre. Concrètement, il le tourne toujours à la baisse et la masse de crédit gonflant, les gens se croient plus riches. L'ancêtre des monétaristes était John Law « La Hollande, placée sur le sol le plus ingrat et les rivages les plus dangereux, est la plus riche contrée du monde. Pourquoi ? Parce qu'elle regorge en numéraire » , s'extasiait-il et concluait que pour être riche, il fallait de la monnaie.

Aujourd'hui, le banquier central, qui a oublié la faillite de John Law, a cassé la butée zéro de son gros bouton. Nous avons des taux d'intérêt négatifs, c'est à dire que des gens en payent d'autres pour emprunter. Les politiciens et les bureaucrates adorent la vision monétariste ; elle justifie beaucoup de postes de grands planificateurs omniscients et d'économistes courtisans apologues de politiques monétaires, de dévaluations compétitives et autres sornettes. Et ça marche durant un temps : lorsque les gens ont plus de monnaie et de crédits, ils ont la faiblesse de se croire plus riches même s'ils ne peuvent pas échanger plus.

Ce qui fait vraiment la prospérité

En réalité, au coeur de l'économie se trouve l'échange, non contraint et forcé, librement consenti et non pas la consommation ou la monnaie. Les gens prospèrent s'ils peuvent échanger librement quelque chose contre quelque chose. Dans cet échange, pour paraphraser Alexandre Dumas, la monnaie est bonne servante mais mauvaise maîtresse. A l'échelle d'un pays, les exportations servent à payer les importations. Les dévaluations compétitives ne sont que poudre aux yeux et écrans de fumées de charlatans. Tout ce qui entrave l'échange librement consenti, entrave la création de richesses.

Tout le monde a oublié qu' « une transaction ne peut se faire que si les deux parties en retirent un profit », comme le dit Bill Bonner. Si les échanges sont forcés par l'État ou faussés par la manipulation monétaire, l'économie devient exaction, vol, prébende, corruption. « Les pots-de-vin sont généralement versés pour remporter des contrats auprès d'entreprises détenues ou contrôlées par l'État dans les économies avancées, bien plus que dans les pays en développement, et la plupart des corrupteurs et des corrompus viennent des pays riches » indique l'OCDE dans son dernier rapport.

L'économie réelle, celle de l'échange, a été cassée en 1973, date de l'avènement des monnaies adossées à rien. Du pétrole, des marchandises, des services contre une promesse de payer un jour,... C'est la belle vie, le retour de John Law. Les promesses de payer se sont accumulées et tout le monde sait maintenant qu'elles ne seront pas tenues. Mais cette situation absurde se maintient.

On ne doit jamais sous-estimer la longévité d'un système absurde. L'expérience de John Law a duré deux ans ; le communisme a duré presqu'un siècle. Mais tôt ou tard, l'une des parties s'aperçoit que l'échange n'est pas profitable. Elle veut autre chose que de la dette. Lorsqu'il s'agit de monnaie, en général, c'est de l'or ou de l'argent. Ce sont les seules monnaies qui garantissent un échange équitable, un monde civilisé.

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Le système économique mondial frôle l'absurde logique

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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