À la Commission européenne, « c’est l’économie verte ou rien »

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Par Hector Trudel Modifié le 29 novembre 2022 à 10h10

En pleine « semaine verte », la Commission européenne a rendu ses propositions pour l'élaboration des futurs objectifs mondiaux de développement durable de l'ONU. L'économie verte prônée par Bruxelles risque de poser problème aux pays émergents.

La préparation de l'après 2015 s'accélère du côté des Européens. La Commission a adopté le 02 juin, une communication visant à fixer les Objectifs de développement durable (ODD) destinés à relayer ceux des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) en 2015.

Des objectifs peu satisfaisants

À la suite de la conférence de Rio en 2012 sur le développement durable, les Nations unies et les gouvernements nationaux s'étaient mis d'accord en vue de se fixer une série d'objectifs de développement durable.

Les ODD sont une série d'objectifs qui dérivent d'une approche équitable, dont le but est d'atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement qui arrivent à échéance en 2015.

Les ODD diffèrent des OMD car ils vont au-delà des indicateurs habituels utilisés pour mesurer les progrès d'une société donnée. Ainsi, ils prennent en compte la réduction de la pauvreté, la mortalité infantile, le recul de la faim et des maladies, qui visent en premier lieu les pays en développement, mais mettent aussi l'accent sur le respect de l'environnement et l'égalité sociétale comme autant d'objectifs qui peuvent aussi s'appliquer aux économies des pays dits développés.

« Des progrès remarquables ont été accomplis dans la réalisation de ces objectifs, mais alors que l'échéance de 2015 se rapproche, des problèmes importants subsistent dans de nombreux pays », souligne Bruxelles.

Les ODD, « pièce maîtresse » des objectifs post-2015

Les Objectifs de développement durable figurent parmi les engagements pris par les États membres de l'ONU lors de la Conférence internationale de Rio+20, fin juin 2012, qui avaient arrêté une « feuille de route » pour fixer des objectifs post-2015. « Les ODD seront la pièce maîtresse d'un cadre qui vise à résoudre les problèmes en suspens en s'attaquant conjointement au problème de la pauvreté et du développement durable », estime la Commission européenne.

La proposition de la Commission en appelle à « s'attaquer à des problèmes d'intérêt mondial » tels que la pauvreté, les inégalités, la santé, la sécurité alimentaire, l'enseignement, l'égalité entre les hommes et les femmes, l'eau et l'assainissement, l'énergie durable, le travail « décent », la croissance « inclusive et durable », la consommation et la production « durables », la biodiversité, la dégradation des sols (désertification et sécheresse) et les mers et océans. Le cadre pour l'après-2015 devrait également garantir une approche fondée sur les droits et traiter les questions de justice et « œuvrer pour des sociétés pacifiques et exemptes de violence ».

En matière d'environnement, les objectifs doivent notamment renforcer l'accès universel à l'eau potable et à l'assainissement, améliorer la gestion intégrée des ressources en eau et réduire les pollutions pour « gérer les défis du changement climatique et de la rareté de l'eau », indique la Commission. Ils visent aussi à favoriser les systèmes d'énergie durable « à faible émission de carbone » : amélioration de l'efficacité énergétique et augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. La Commission prône également une meilleure gestion des déchets et du recyclage, une pêche durable, la protection et la restauration des écosystèmes.

« Nous devons trouver des solutions qui maintiennent un juste équilibre entre des objectifs économiques, sociaux et environnementaux. Et, outre les gouvernements, nous devons également réunir la société civile, le secteur privé et les citoyens afin de mettre en place un cadre global qui permette d'assurer une vie décente pour tous », a déclaré Andris Piebalgs, commissaire européen chargé du développement.

Les pays en développement, peu enclins à fixer des objectifs

« Le programme des Nations unies pour l'après-2015 devrait avoir un caractère universel et apporter une réponse globale pour tous », a-t-il poursuivi lors de la présentation de la contribution de la Commission au projet onusien.

Les négociateurs d'un grand nombre de pays, en particulier le Brésil, la Chine et l'Inde, sont réticents à fixer des objectifs qui pourraient freiner leur essor économique.

« Ce que nous disons c'est qu'il n'est pas possible d'éradiquer la pauvreté sans développement durable », a ajouté pour sa part Joe Hennon, porte-parole de Janez Potocnik, commissaire européen à l'environnement. « Certains sont contre l'idée d'une économie verte. Les pays en développement nous disent en quelque sorte qu'ils ont l'impression que nous avons épuisé toutes les ressources naturelles et que maintenant les pays en développement ne peuvent plus emprunter la même voie. Notre argument est simple : c'est l'économie verte ou rien ».

Le communiqué, publié le 02 juin dernier, tombait juste avant la « semaine verte », qui comprend une série de débats qui se concentrera sur les liens entre la politique environnementale et l'économie européenne.

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Consultant en immobilier d'entreprise axé développement durable, Hector Trudel réalise des veilles réglementaires et technologiques afin d'optimiser ses conseils en stratégie environnementale et optimisation immobilière auprès de grands groupes internationaux.

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