Bravo pour l’émission sur la terre, mais a-t-on envisagé tous les bouleversements personnels, professionnels engendrés ?

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Par Daniel Moinier Publié le 21 octobre 2019 à 4h55
Croissance Emploi Energie Verte Secteur Ecologie
@shutter - © Economie Matin

« L’émission pour la terre » sur France 2 du mardi 15 Octobre 2019, présentée par Nagui et Anne-Elisabeth Lemoine en présence de Nicolas Hulot et beaucoup d’autres personnalités, notamment jeunes, a sûrement été un succès mais pour beaucoup dans les plus réfléchis et analystes de nos concitoyens, c’est une source de forte inquiétude, anxiété et d’angoisse.

Pourquoi ?

Tous ces citoyens écologistes ou mondialistes, jeunes, en herbe qui exige un changement radical de comportement dans un délai de plus en plus court, ne pensent pas ou ne veulent pas penser aux conséquences immédiates qui vont se répercuter très rapidement dans leur environnement immédiat.

Il est certain qu’il faut changer nos habitudes et comportements et même pas spécialement pour le réchauffement climatique qui se fera sûrement, que l’on modifie ou pas nos comportements, si la nature l’a décidé ainsi.

J’entendais Madame Elizabeth Martichoux sur RTL qui interviewait le chef des cuisines de l’Élysée. Elle lui demandait s’il jetait tous les restes. J’étais très agréablement surpris de sa réponse : « Nous n’avons jamais jeté aucun reste, nous avons même été plus loin : supprimer le service à l’assiette par le service au plat ou chacun doit prendre juste ce qu’il va consommer. Tous les restes sont réutilisés soit pour le lendemain, soit pour les employés ». Bravo Mronsieur Gomez.

Il en est de même pour cette formule nouvelle lancée à l’origine par des acteurs, de ne plus consommer de viande le lundi. Si vous n’aviez pas quitté les bancs des églises, vous sauriez que l’église catholique a toujours été très écologique avant l’heure puisque le vendredi doit être maigre ce que je pratique encore. Il existe aussi le carême, il n’y a pas que le ramadan, pendant lequel on doit minimiser sa consommation, etc...

Ma grande inquiétude, c’est ce que va devenir dans un avenir proche, la vie de chacun ! Si on se projette sur la diminution du carbone tel que le souhaite ce mouvement, il faut réellement envisager rapidement tout ce qui va changer dans notre vie personnelle, professionnelle, relationnelle...

Un exemple, ce matin je regardais le vase contenant des fleurs sur ma table. Il est pourtant en verre, pas en plastique, réutilisable, mais pour le fabriquer, il faut : du sable siliceux, du carbonate de sodium, de l’oxyde de calcium, des oxydes et sels de magnésium, d’aluminium, de fer, de sodium, de calcium et s’il est en cristal du plomb. Il y a donc l’extraction de tous ces produits dans diverses régions du globe, le transport, la composition à réaliser, puis pour qu’il devienne pâte de verre, la fusion dans des fours à 1650°C et toute l’élaboration pour effectuer le produit désiré dans des moules, puis l’emballage pour le transporter, des encres pour les inscriptions... Si vous l’achetez en magasin, votre déplacement en voiture, tram, métro, bus ou sur internet transporté par Amazon. Mais avant, il a fallu construire l’usine sur un terrain, béton, ferraille et tous les composants pour la réaliser, des employés qui viennent travailler en véhicule ou autres moyens...

Si l’on veut supprimer ou minimiser l’empreinte carbone et tout ce qui peut être polluant ou gênant pour l’écosphère, c’est une véritable RÉVOLUTION industrielle et tout ce qui en découle.

Autre exemple : suppression des plastiques. Que vont devenir par exemple la Plastique Vallée et toute la région d’Oyonnax dans l’Ain et même le Jura ? Que vont devenir tous les salariés, les écoles de plasturgie, notamment l’École supérieure de Plasturgie. Comment se recycler rapidement, trouver un emploi ailleurs dans une branche inconnue, alors que l’on a énormément de mal à faire bouger les salariés de leur environnement de travail ! Repensez à toutes les grèves, blocages d’usines, dégradations, manifestations, suicides, dépressions que nous avons connues à chaque fois qu’une activité ou usine ferme et encore plus lorsqu’elle est située en campagne et fait vivre tout un secteur économique. Actuellement, les industriels, les employés, sous-traitants, fournisseurs, les commerçants et bien d’autres sont très très inquiets.

C’est un exemple, vous pouvez prendre tout ce qui vous entoure, votre habitation, la voiture, les transports... tout est sujet à fabriquer du carbone.

Il ne faut pas oublier que tous les arbres vivent du carbone et qu’ils ont besoin d’une quantité suffisante pour vivre.

D’autre part, demandons aux jeunes s’ils peuvent vivre sans chauffage, sans wifi/Internet, sans portable avec le même vêtement toute l’année : c’est 20 kg achetés par personne et par année, soit 700.000 tonnes par année dans le monde.

Mais cela fait vivre tout un pan de l’économie mondial. Si on diminue fortement les achats, que l’on revend ses vêtements, les commandes vont fortement diminuer, c’est à dire moins d’emplois, moins de salaires et par ricochets ; une économie en berne.

Quelle est la solution, alors que tout le monde demande plus d’argent, de pouvoir d’achat, de moyens pour travailler, surtout dans les administrations notamment la police, la santé, l’éducation... des secteurs qui sont très sensibles au ressenti du bien-être de tous les concitoyens.

Il est certain que sans « coups de pied au derrière » ou interventions médiatiques, rien ne bougera ou très lentement.

Il n’est pas dit du tout, que même si nous bouleversons toutes nos façons de faire, de vivre, personne même les plus imminents experts pourront nous garantir un retour à une vie sur terre où tous les tenants et aboutissants seront en équilibre.

Comment vont faire nos bons français, eux qui sont dans les plus casaniers d’Europe pour changer de lieu de travail, de profession, de commune, de département, région et même de France ? Challenge qui s’avère, vu d’aujourd’hui, assez insurmontable. Est-ce que l’urgence décriée avec autant de passion, véhémence pourra mobiliser les français, modifier leur état d’esprit, leur faire perdre leur crainte et favorisera leur ouverture et mobilité ?

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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