Éclaircissement partiel sur le front de la politique commerciale américaine

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Par Hervé Goulletquer Modifié le 28 août 2018 à 10h12
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@shutter - © Economie Matin
856 MILLIARDS €Les échanges commerciaux entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada représentent plus de 1 000 milliards de dollars (856 milliards d'euros) par an.

Les États-Unis et le Mexique se sont entendus sur un nouvel accord de libre-échange, qui se substitue à l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena). Désormais, des pourparlers sont attendus avec le Canada. Et quid alors des discussions commerciales avec la Chine ?

Des négociations entre le Canada et les États-Unis à suivre de près

L’ambiance est positive sur les marchés, en relation avec l’accord commercial trouvé entre les Etats-Unis et le Mexique. Celui-ci s’inscrit dans le cadre de la renégociation de l’Accord de Libre-Echange Nord-Américain (ALENA). Il reste à faire entrer le Canada dans le processus et l’Amérique du Nord resterait une zone de libre-échange. La « raison » économique y invite et la volonté politique existe tant chez les dirigeants canadiens et mexicains qu’au Congrès des Etats-Unis. Y a-t-il ici suffisamment d’arguments pour convaincre le Président Trump de ne pas bloquer l’élargissement ? Sans doute ; les négociations entre Ottawa et Washington, qui reprennent dans les prochaines heures, sont à suivre de près.

Quel(s) messages(s) cette fin heureuse des discussions commerciales entre les Etats-Unis et le Mexique doit (doivent) être retenus par les investisseurs ? D’abord, les moments de tensions, voire de dégradation spectaculaire des relations bilatérales, n’empêchent pas d’arriver à une conclusion à la fois raisonnable et constructive. N’a-t-on pas devant nous l’exemple de la méthode Trump ?

Ensuite, il ne faut pas aller trop vite en besogne et se mettre à faire un parallèle entre le Mexique et la Chine en matière de relations commerciales avec les Etats-Unis. Peut-être que la fin de la « saga » sino-américaine sera comparable à celle de l’histoire récente entre le Mexique et son puissant voisin du Nord ; mais la perspective paraît être encore assez éloignée. En fait, on voit se dessiner de façon de plus en plus claire le plan de route de la politique commerciale de Washington. D’un côté les alliés, avec lesquels on s’entend (Corée du Sud, Mexique, probablement aussi l’Union Européenne et sans doute demain le Canada et le Japon) et de l’autre la Chine qu’il faut obliger à changer de comportement. En la matière, la réduction du déséquilibre commercial bilatéral pourrait ne pas suffire. La politique industrielle de Pékin devra changer. La montée en puissance de l’offre made in China ne peut se faire que dans le strict respect des normes internationales.

Enfin, il faut avoir conscience que, pour le Président Trump, la politique commerciale est aussi un instrument de politique étrangère. Ne l’a-t-on pas vu récemment dans le cadre des relations avec l’Iran, la Turquie et la Russie ? Des échanges commerciaux jugés équilibrés par Washington ne sont pas une assurance contre la mise en place de sanctions. La raison de celle-ci peut venir d’ailleurs dans le champ des relations diplomatiques. Le point est d’importance.

La menace américaine de taxer 200 milliards d’importations supplémentaires fait caler la Chine

Revenons à la Chine. Le dossier va rester au cœur de la politique commerciale américaine pour encore quelques temps. Remarquons une sorte de « flottement » du côté de Pékin. Les offres de mesures visant à réduire l’excédent extérieur sur les Etats-Unis n’ont pas été bien reçues par la Maison Blanche. Cette réaction « fermée » a sans doute surpris les officiels chinois. Ceux-ci paraissent s’interroger sur la ligne à suivre. Les réponses aux initiatives américaines paraissent moins nettes, peut-être moins audacieuses.

Après avoir répondu du « tac au tac » à la surtaxe sur 50 milliards de dollars de produits importés, la Chine a « calé » face à la menace américaine de taxer 200 milliards d’importations supplémentaires. Les éventuelles représailles ne porteraient que sur 60 milliards (mais dans les deux cas, 40% du total). On observe aussi une difficulté à se décider à entraver les affaires des entreprises américaines installées en Chine. La crainte des implications négatives sur l’économie domestique explique probablement cela.

Enfin, il y a cette constance dans la négation de l’utilisation de l’arme du change pour neutraliser, ne serait-ce qu’en partie, les mesures prises par les Etats-Unis. Ainsi, en fin de semaine dernière, la PBoC (la banque centrale de Chine) a informé de la réintroduction d’un « facteur contra-cyclique » dans la détermination du fixing de la parité USD-CNY. Et ceci afin d’atténuer les forces de marché. On sait que celles-ci sont actuellement à la baisse de la devise chinoise.

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Il ne reste alors à Pékin que la politique de relance pour neutraliser les effets négatifs sur la croissance des initiatives décidées à Washington. Les officiels chinois s’y emploient ; il restera à en mesurer les résultats.

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Hervé Goulletquer est stratégiste de la Direction de la gestion de La Banque Postale Asset Management depuis 2014. Ses champs d’expertises couvrent l’économie mondiale, les marchés de capitaux et l’arbitrage entre classe d’actifs. Il produit une recherche quotidienne et hebdomadaire, et communique sur ces thèmes auprès des investisseurs français et internationaux. Après des débuts chez Framatome, il a effectué toute sa carrière dans le secteur financier. Il était en dernier poste responsable mondial de la recherche marchés du Crédit Agricole CIB, où il gérait et animait un réseau d’une trentaine d’économistes et de stratégistes situés à Londres, Paris, New York, Hong Kong et Tokyo. Il est titulaire d’une maîtrise d’économétrie, d’un DEA de conjoncture et politique économique et diplômé de l’Institut d’Administration des Entreprises de Paris.

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