Responsable du service Audit et Gestion intégrée des Risques (AGIR), Daisy Fargier fait partie des membres du siège de SOLIDARITES INTERNATIONAL qui se sont portés volontaire pour faire partie de notre équipe déployée en Sierra Leone.
"Un engagement très personnel"
Depuis le premier cas d'Ebola en mars 2014, j'ai su que je partirai sur le terrain. Cette crise est totalement injuste. Cette maladie frappe au hasard, à l'aveugle : il n'y a pas de traitement, on doit contenir l'épidémie... Et puis il y a ma mère qui travaille en Guinée, pas directement sur Ebola, mais elle y est confrontée. C'est donc un engagement très personnel.
"Bien sûr que j'ai peur"
Il y a beaucoup d'humanitaires capables de s'engager sur des crises terribles, des guerres des catastrophes naturelles, mais qui n'iront pas sur Ebola. Parce qu'il y a une vraie crainte de la mort, une vraie stigmatisation au retour. Je ne les blâme pas. Cela me pousse à partir "à leur place". Je crois aussi que les gens du siège doivent s'impliquer quand il y a besoin de ressources humaines. Mais si ça fait peur. Car bien sûr que j'ai peur. Mais c'est une peur saine, pas une peur tétanisante. C'est grâce à elle que je vais respecter les protocoles. Si je n'avais pas peur sur ce type de crise, je ne m'engagerais pas.
"Un important volet RH à gérer"
Avec mes collègues de l'Audit, nous sommes tous très impliqués sur cette mission Ebola. Avec notre vision d'ensemble sur les différentes missions et sur les processus, nous avons une vraie plus-value. Responsable du service, je vais occuper pour ma part un poste d'administratrice. Un retour en arrière qui ne me gêne pas. C'est aussi ça l'engagement. Et puis, je vais aussi avoir un important volet RH à gérer : les missions étant très courtes (6 semaines), il va y avoir beaucoup de staff à recruter, à payer, à encadrer.
Des proches angoissés
Ma mère me soutient. Mon père, lui, a plus de mal à comprendre. Ancien réanimateur, il est plutôt angoissé à l'idée de me voir partir. La peur que la maladie me frappe lui fait peur. "Même moi, m'a-t-il dit, je ne pourrai pas te ramener si tu tombes malade." Après, c'est aussi le retour qui est angoissant pour les proches. Le fait d'être sous surveillance pendant 21 jours après la mission, c'est délicat. Difficile de se prendre dans les bras à l'arrivée à l'aéroport...
Un suivi psychologique fondamental
Heureusement, chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, nous sommes entourés. Nous voyons un psychologue avant de partir, puis à notre retour. Il y en aura aussi un sur place. Cette présence est indispensable. Le fait de ne pas avoir de contact physique avec quiconque sur place est un aspect humain très difficile à gérer. Comment réconforter un collègue en larmes après qu'il a enterré un enfant sans que sa mère puisse l'embrasser ? Si parfois un regard peut suffire, ce n'est souvent pas suffisant.