L’info que vous ne devez pas louper. Qui est Drunckenmiller ?

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Par Charles Sannat Modifié le 10 mai 2016 à 10h03
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cc/pixabay - © Economie Matin
1112 EUROSUne once d'or s'échange pour 1 112 euros mardi 10 mai 2016.

Qui est Stanley Druckenmiller ? Ce nom ne vous dit certainement pas grand-chose, pourtant cet homme fait partie des légendes des marchés financiers et ses actions sont à la hauteur de sa réputation.

Si l’histoire a retenu que Georges Soros, en 1992, avait réussi à faire capituler la Banque d’Angleterre et obtenu la sortie de la livre sterling du SME – le système monétaire européen de l’époque – empochant au passage des bénéfices supérieurs au milliard, l’artisan et le réel chef d’orchestre de ce raid mémorable sur les marchés était en réalité Drunckenmiller.

Druckenmiller c’est aussi un patron d’un hedge fund qui a su des années durant sortir des performances hallucinantes avec une moyenne de 30 % par an.

Je vous reproduis ci-dessous, pour que vous compreniez bien qui est cet homme, ce vieil article du Monde écrit en 2010. À l’époque, aucun journaliste ou presque n’avait compris – et il n’est pas dit qu’aujourd’hui ils soient tellement plus nombreux – la gravité de la situation.

Le spéculateur aux doigts d’or jette l’éponge

LE MONDE | 20.08.2010| Par Marc Roche

« Il gérait l’un des hedge funds (fonds d’investissement spéculatif) le plus réputé au monde. La présence de ce légendaire investisseur américain faisait trembler les marchés financiers de la planète. Derrière les grandes secousses – crise asiatique, krach russe, difficultés de l’Amérique latine ou crise des crédits à risque (subprimes) – on croyait deviner l’influence de cette bête noire de certains chefs d’État ou de grandes entreprises.

En septembre 1992, ce croisé du capitalisme sans foi ni loi s’était rendu célèbre en « cassant » la Banque d’Angleterre, contraignant la livre sterling à sortir du système monétaire européen.

George Soros ? Non. Stanley Druckenmiller, qui fut son bras droit entre 1989 et 2000. Ce prince des algorithmes est aussi le fondateur du fonds Duquesne Capital Management (DCM).

C’est pourquoi l’annonce de la fermeture définitive de DCM a provoqué un miniséisme à Wall Street comme dans la City. Amer et fatigué, le spéculateur roi âgé de 57 ans jette l’éponge. À l’appui de sa décision, le trader aux doigts d’or cite « l’effet émotionnel grave » de l’extrême volatilité actuelle des marchés. « Les résultats ne m’ont pas satisfait car ils ne sont pas à la hauteur de mes exigences de rendement personnelles à long terme », écrit Druckenmiller dans la lettre adressée le 18 août à ses cent plus gros clients. »

Sauf qu’en réalité lorsqu’en 2010 Drunckenmiller « jette l’éponge », ce n’est pas parce qu’il est amer et fatigué comme le pense le journaliste du Monde. Non, à ce niveau-là de compétence et de richesse, croyez-moi c’est faire preuve d’une infinie naïveté que de croire qu’un tel individu puisse être amer et fatigué… le pauvre petit.

D’ailleurs, à l’époque, il avait plutôt dit que s’il cessait ses activités, clôturait son fonds et accessoirement remboursait tous ses clients (avec des gains et pas comme Madoff avec des pertes), c’est qu’il prévoyait que dans les années à venir il ne serait tout simplement plus possible de réaliser des performances financières convenables…

Aujourd’hui, 6 ans après, nous sommes dans un monde où les taux d’intérêt sont devenus négatifs… Drunckenmiller ne souffrait pas d’une petite déprime, il a juste expliqué avant tout le monde ou presque ce qui allait se passer, et je peux vous assurer qu’un paquet de maisons de gestion vont finir par mettre la clef sous la porte pour la simple et bonne raison que les performances des placements ne seront plus suffisantes pour assurer la rémunération des intermédiaires. C’est évidemment valable pour les compagnies d’assurance vie et les banques !!

Stanley Druckenmiller investit lourdement dans l’or, fustige la Fed

Alors pourquoi vous parler de tout cela maintenant ? Tout simplement parce que Stanley Druckenmiller s’est exprimé dans un article de Bloomberg publié le 4 mai 2016 et voilà l’essentiel :

« Stan Druckenmiller, l’investisseur milliardaire qui possède l’un des meilleurs bilans à long terme de gestion, affirme que le marché haussier des actions est en bout de course et que l’or représente son allocation la plus importante en devises.

Druckenmiller, qui s’est exprimé à la Sohn Investment Conference de New York mercredi, a déclaré que malgré ses critiques concernant les politiques de la Fed de ces 3 dernières années, il s’attendait à une hausse des actifs en raison de ces dernières.

« J’ai le sentiment que désormais, la balance penche de l’autre côté ; des valorisations plus élevées, 3 nouvelles années de comportements improductifs de la part des sociétés, les marges de manœuvre réduites pour de nouvelles politiques accommodantes et des emprunts excessifs suggèrent que le marché haussier est en bout de course » a déclaré Druckenmiller, dont le retour annuel sur investissement de sa société Duquesne Capital Management s’est élevé en moyenne à 30 % entre 1986 jusque dans les années 2000.

Alors que les banquiers centraux expérimentent « avec la notion absurde des taux négatifs », Druckenmiller a déclaré qu’il parie sur l’or. « Certains le considèrent comme un métal, nous le voyons en tant que devise et l’or reste notre plus grosse allocation en devises, » a-t-il déclaré, sans citer nommément l’or. (…)

À propos de la Fed, Druckenmiller a déclaré que la banque centrale a emprunté « plus que jamais sur la consommation du futur ».

« Le plus objectivement du monde, nous sommes très loin dans la plus longue période de l’histoire de politiques monétaires excessivement accommodantes, » a-t-il déclaré. « Malgré avoir finalement mis un terme à son QE, la posture accommodante radicale de la Fed se poursuit aujourd’hui. Autrement dit, et de façon assez ironique, nous avons aujourd’hui la Fed la moins dépendante « des chiffres économiques ». »

Et enfin : « La volatilité des marchés actions mondiaux des 12 derniers mois, qui annonce souvent un changement de tendance majeur, suggère que le ratio risque/potentiel est négatif en l’absence de prix substantiellement plus bas et/ou de réformes structurelles. Mais ne vous attendez pas à ces réformes. »

L’or vu comme une devise !

Vous connaissez tous mon point de vue sur notre avenir économique. Sombre évidemment. Ce qu’il faut retenir des propos de Drunckenmiller c’est évidemment son positionnement sur l’or et pas n’importe lequel.

Pourquoi ? Parce qu’il analyse l’or exactement de la même façon que moi. L’or se comporte et se comportera en réalité comme une devise « hors devise » et c’est d’ailleurs exactement ce qu’il sous-entend.

En clair, l’or est la seule monnaie vous permettant de placer vos avoirs dans autre chose que les monnaies fiduciaires actuelles qui souffrent toutes des mêmes maux, à savoir une impression monétaire colossale qui érodera à un moment ou à un autre la valeur de vos réserves et de votre épargne libellée dans ces monnaies. C’est valable pour le dollar, pour l’euro, le yen ou encore la livre sterling sans même oublier le franc suisse.

Bref, toutes les grandes banques centrales sont prises dans le cycle infernal de la dévalorisation massive des monnaies. Simplement, comme tout le monde fait la même chose en même temps, cela ne se voit pas trop… pour le moment.

Son allocation la plus importante c’est l’or, et je vous invite à vous poser les bonnes questions ainsi qu’à changer une partie de vos euros contre de l’or. Je répète, je vous invite à changer vos euros. Ce mot « changer » n’est pas le fruit du hasard. Je ne vous propose pas d’acheter de l’or. Vous devez comprendre que l’on n’achète pas de l’or, tout comme on n’achète pas des dollars… On échange des euros contre des dollars. On change des euros contre de l’or.

Encore une fois, on n’achète pas d’or, on ne regarde même pas le « cours de l’or » en euro puisque si l’on change ses dollars ou ses euros contre de l’or c’est que l’on anticipe comme Druckenmiller un effondrement des rendements, puis des taux négatifs, puis un effondrement des monnaies… Depuis 2007, rien n’a changé.

Le système économique peut sans doute encore tenir… mais nous ne ferons pas l’économie d’une grande purge. Ce jour-là, mieux vaudra avoir de l’or et, de façon générale, des actifs tangibles.

En attendant, mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !

Article écrit par Charles Sannat pour son blog

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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