L'État moderne est l'un des plus grands adversaires actuel du droit de propriété. L'objet de l'État est de protéger les droits naturels des individus. Cette protection a un coût que l'État peut financer à travers l'impôt. Mais sous l'influence des étatistes, il s'est transformé en immense machine à violer le droit de propriété.
Le droit de propriété fonde sa légitimité sur le travail, l'échange consenti ou le don. Les propriétés acquises par des privilèges accordés par l'État, des subventions, des aides, les connivences ou les distorsions monétaires ne sont pas légitimes d'un point de vue libéral. Et elles ne sont pas au service des pauvres ou de l'économie quoiqu'en dise la classe politique au pouvoir grandissant.
L'article 2 de la Déclaration des droits de l'Homme de 1789 stipule que le but de l'État est de protéger la liberté, la propriété et la sûreté. Rien de plus.
Sous l'influence des socialistes et des conservateurs politiques, l'État s'est peu à peu autoproclamé responsable de la répartition de la propriété dans la société.
En plus du travail, de l'échange consenti et du don, la propriété aurait donc une nouvelle source de légitimité : le bon vouloir de la classe politique. Pour cela, l'État s'équipe d'une lourde bureaucratie chargée de capter des ressources acquises légitimement par les individus, puis de les redistribuer.
L'Etat dévoie le droit de propriété
Pour les libéraux, ces politiques publiques sont du vol pur et simple. L'État n'est pas au-dessus du Droit naturel. Les individus n'ont pas le droit de voler, c'est-à-dire d'acquérir des biens en dehors de l'échange consenti, du don ou du travail. L'État ne peut pas disposer d'un droit –le droit de voler– dont ne disposent pas les individus.
De plus ces politiques publiques, malgré des titres ronflants, n'aident pas les pauvres.
Elles se substituent à des initiatives associatives privées -mutuelles, caisses de chômage, de santé- plus performantes que celles de l'État, y compris pour les plus pauvres.
Elles alimentent l'hypertrophie de l'État sans pour autant réduire la pauvreté. Les ressources sont rapidement captées par les groupes les plus influents au sein du pouvoir politique, pas par ceux qui en auraient le plus besoin.
La redistribution implique que les richesses ont été distribuées une première fois (mal) et que l'État se substitue à une divinité mal inspirée. Or les richesses ne sont pas distribuées, elles sont créées par le travail, l'échange ou le don. Pour aider les pauvres, l'État ferait mieux d'assurer correctement sa mission première : protéger le droit de propriété, y compris des plus faibles face aux puissants et faire en sorte que les titres de propriété soient légitimes au regard de ce droit.
« Mais que ce principe funeste vienne à s'introduire, que, sous prétexte d'organisation, de réglementation, de protection, d'encouragement, la Loi puisse prendre aux uns pour donner aux autres, puiser dans la richesse acquise par toutes les classes pour augmenter celle d'une classe; tantôt celle des agriculteurs, tantôt celle des manufacturiers, des négociants, des armateurs, des artistes, des comédiens; oh! certes, en ce cas, il n'y a pas de classe qui ne prétende, avec raison, mettre, elle aussi, la main sur la Loi; qui ne revendique avec fureur son droit d'élection et d'éligibilité; qui ne bouleverse la société plutôt que de ne pas l'obtenir. »
Frédéric Bastiat (1801-1850)
Cet article est un extrait du livre de Daniel Tourre : "Pulp Libéralisme"