Le droit à la déconnexion fait l’unanimité chez les Français

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Par Nicolas Boudot Modifié le 6 janvier 2017 à 8h41
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95%95 % des jeunes veulent un droit à la déconnexion.

Q1 : Etes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à la suppression des impôts payés sur les heures supplémentaires ?

  • Favorable : 72 %

  • Opposé : 27 %

  • NSP : 1 %

72% des Français interrogés se déclarent favorables aux heures supplémentaires défiscalisées.

Un simple chiffre vaut parfois mieux qu’un long discours. Le résultat du sondage de cette semaine est de cette nature. Il résume à lui seul la cause du décrochage de popularité dès le début du quinquennat de François Hollande : avoir fait de l’anti-sarkozysme primaire une politique économique.

Ainsi, dès l’été 2012, il a été mis fin à une des mesures les plus symboliques du quinquennat précédent : le slogan de campagne « travailler plus, pour gagner plus », formalisé par la défiscalisation des heures supplémentaires. Aujourd’hui cette mesure est réhabilitée par Manuel Valls dans sa campagne pour les primaires de la gauche et plébiscitée par ¾ des Français interrogés.

En communication, ce résultat amène deux commentaires :

C’est d’abord une leçon de « realpolitik » donnée par les Français au Président de la République, lui reprochant en creux d’avoir mis fin à une mesure qui les satisfaisait. De ce fait, si l’on se fie aux résultats du sondage, Manuel Valls semble faire plutôt un bon calcul en assurant le maintien du temps de travail à 35 heures et en faisant renaître de ses cendres la défiscalisation des heures supplémentaires.

Toute la question en communication est de savoir si les militants et sympathisants socialistes, convoqués aux urnes dans le cadre de la primaire de leur parti à la fin du mois, gouteront avec délice le copier/coller de Manuel Valls sur Nicolas Sarkozy. C’est donc un risque politique de la part de l’ancien Premier ministre qui, se faisant, se désolidarise du Président de la République qui avait décidé d’en faire un marqueur communicationnel et politique de rupture.

Le second commentaire porte sur la réaction des autres candidats à l’élection présidentielle à une telle mesure qui permet de répondre aux besoins des Français d’améliorer leur pouvoir d’achat sans toucher au temps de travail qui, année après année, s’impose comme un tabou défendu par les organisations syndicales comme Cerbère garde les enfers.

Finalement, 10 ans après, sur le plan des idées économiques le début de cette campagne présidentielle ressemble à un remake de 2007.

Q2 : Un « droit à la déconnexion » vient d’entrer en vigueur, c’est-à-dire le droit pour chaque salarié de ne pas être sanctionné s’il ne répond pas à ses emails ou sms en dehors de ses heures de travail. Etes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à cette mesure ?

  • Favorable : 91 %

  • Opposé : 8 %

  • NSP : 1 %

91% des Français interrogés sont favorables au « Droit à la déconnexion professionnelle ».

Voici un résultat de sondage qui ne fait pas dans l’ambiguïté.

C’est un article de la Loi Travail portée par Myriam El Khomri qui est passé inaperçu ou presque au moment de la discussion parlementaire, et entré en vigueur le 1er janvier 2017, sur lequel nous avons porté notre attention.

Cet article, directement tiré du rapport « transformation Numérique et vie au travail » piloté par Bruno Mettling, et remis en septembre 2015, est une première mondiale : c’est en effet la première fois qu’une loi reconnaît la déconnexion professionnelle comme un droit.

Il ne faut pas interpréter ses résultats comme un refus de travailler, mais plutôt comme une forme de normalisation de la vie professionnelle qui traduit une volonté des Français de préserver un équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Un équilibre qui paraissait exister avant l’arrivée des smartphones qui permettent, a priori, d’être joignable par voix, sms ou emails, partout et tout le temps…

Il est d’ailleurs intéressant de voir que ce sont les jeunes de 18 à 24 ans qui sont les plus demandeurs dans ce sondage du respect d’un droit à la déconnexion (95%). C’est donc ceux que l’on appelle les « Digitale natives » qui ont le plus conscience des limites qu’implique une connexion professionnelle permanente et des risques, y compris physiques, que cela pourrait engendrer.

Toute la question sera désormais de savoir comment, dans les entreprises de plus de 50 salariés, où ce droit est applicable, la mise en œuvre effective de ce droit sera appliquée. C’est en effet, à des accords internes aux entreprises que la loi a prévu de renvoyer la mise en œuvre du dispositif qui relève plutôt de la discipline individuelle que de la loi.

En communication, un tel résultat doit faire nourrir quelques regrets à la ministre du Travail qui a porté le texte il y a un an devant les Parlementaires, avec les difficultés politiques dont tout le monde se souvient. Il est dommage qu’elle n’ait pas choisi de mettre en avant cette mesure qui lui aurait peut-être apportée une petite respiration dans le débat politique d’alors.

En tout état de cause, les deux questions du sondage de cette semaine montrent que les Français sont prêts à travailler plus pour gagner plus, à condition de pouvoir déconnecter.

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Directeur de Tilder

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