Droit à la déconnexion : quels compromis à l’heure du BYOD et du télétravail ?

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Par Paul-Emile Guyon Publié le 19 mai 2017 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin
26,6Les Français consultent leur smartphone en moyenne 26,6 fois par jour.

Avec l'entrée en vigueur de la loi Travail depuis le 1er janvier 2017, le "droit à la déconnexion", qui entend assurer le respect des temps de report et de congés des employés, ainsi que l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans les entreprises de plus de 50 salariés, est désormais incontournable. En effet, cette réglementation impose aux entreprises de mettre en place des « instruments de régulation de l’outil numérique ».

Comme le prouve à nouveau une récente étude Deloitte, la société actuelle est toujours plus hyperconnectée, et les Français consultent leur smartphone en moyenne 26,6 fois par jour ; ils sont également 92% à l’utiliser au travail, et 39% à passer des appels professionnels avec. La généralisation des appareils mobiles (smartphones, tablettes numériques, ordinateurs portables) a contribué à diluer la notion d’espace de travail et a permis au monde professionnel d’entrer dans la sphère privée. Consulter ses emails professionnels à n’importe quelle heure de la journée et répondre à des appels professionnels pendant le weekend ou les vacances est, par conséquent, rentré dans les mœurs actuelles.

Si certaines entreprises ont déjà tenté d’améliorer les conditions de travail de leurs salariés, en coupant, par exemple, les serveurs sur des créneaux horaires spécifiques, toutes ne le peuvent pas, surtout celles installées dans plusieurs pays avec des fuseaux horaires différents ou celles dont l’activité exige une certaine continuité. A cela peuvent également s’ajouter les scrupules de salariés qui se sentent obligés de répondre aux appels et emails, même en l’absence de pression de la part de leur hiérarchie. En effet, quitte à contourner les limitations mises en place par l’entreprise, ils utilisent parfois leur messagerie privée pour transférer des documents professionnels. Ces dérives engendrent de nouvelles problématiques, comme la sécurité des données de l’entreprise et le risque de burn-out (épuisement professionnel) qui touche aujourd’hui environ 30 000 personnes en France, selon l’Institut national de veille sanitaire (INV).

Il devient nécessaire de trouver un point d’équilibre pour éviter que la connexion à outrance ne devienne un poids ou une entrave. Bien qu’il n’existe pas de mode d’emploi précis, car tout dépend de la nature de chaque entreprise à laquelle s’ajoute le facteur humain, le défi est de trouver la formule qui corresponde au plus grand nombre. Pour cela, des solutions existent, permettant aux entreprises et aux salariés de mieux contrôler les moments de la journée ou de la semaine où ils sont joignables. Elles sont le fait des fournisseurs de services de communication professionnels qui, tout en gardant à l’esprit l’amélioration de l’expérience utilisateur de leur client, prennent en considération les enjeux modernes que sont la mobilité des travailleurs, le télétravail et le BYOD (Bring Your Own Device).

Le droit à la déconnexion face au BYOD

Les fournisseurs de communication les plus performants sont ceux qui garantissent une disponibilité totale des outils de communications unifiées, permettant aux utilisateurs de se mettre en relation avec l’écosystème de leur entreprise, peu importe l’endroit où ils se trouvent et peu importe le moment de la journée. Immédiateté, mobilité et hyperconnectivité sont les principes majeurs à respecter aujourd’hui.

Comment concilier ce principe de « droit à la déconnexion » et ces impératifs marché pour les fournisseurs de communications unifiées ? Il s’agit avant tout de permettre aux employés de ne pas recevoir d’appels de la part de collègues ou de clients pendant le weekend et ou en semaine en-dehors des heures ouvrées. Car si les nouvelles solutions de communications unifiées en entreprises sont vecteur d’efficacité, elles peuvent également être sources de contraintes.

La clé réside dans la possibilité d’offrir une application qui permette d’émettre et de recevoir des appels avec l’identité spécifique de l’entreprise. Car les utilisateurs qui ont été amenés à utiliser leur appareil mobile personnel dans le cadre du travail, selon la tendance du BYOD, ne peuvent pas distinguer s’ils reçoivent un appel professionnel ou personnel en-dehors des heures de travail. En effet, selon une étude Eléas, 37% des salariés actifs utilisent quotidiennement leurs outils numériques professionnels en dehors du temps de travail. Seuls 22% des actifs considèrent que leur entreprise agit pour limiter les usages des outils numériques hors du temps de travail. Plus de 6 sur 10 (62%) souhaitent la mise en place de règles.

C’est dans ce cas que se pose la question de l’application du droit à la déconnexion. Certains fournisseurs donnent ainsi la possibilité à leurs utilisateurs d’émettre un appel depuis leur smartphone personnel en utilisant l’identité de l’entreprise, ce qui leur permet de ne pas diffuser leur numéro personnel et de pouvoir déconnecter l’application de manière très simple, en utilisant des règles de routage intelligentes en fonction des horaires de travail ou de leur disponibilité.

Le droit à la déconnexion est-il compatible avec le télétravail ?

Le secteur du travail est aujourd’hui marqué par une seconde tendance majeure : celle du télétravail, qui autorise les collaborateurs à exercer leur activité professionnelle en dehors des locaux de l’entreprise, grâce au recours aux appareils mobiles. La France, dont près de 71% des entreprises autorisent leurs salariés à travailler à domicile, est le pays européen le plus avancé en la matière, devant l’Allemagne et le Royaume-Uni, selon les résultats d’une récente étude.

Dans ce nouveau type d’organisation du travail, les utilisateurs sont amenés à travailler depuis chez eux et à émettre et recevoir des appels professionnels. La problématique qui se pose alors est de savoir comment les télétravailleurs peuvent couper ce lien de communication qui relie, par définition, l’entreprise à leur domicile, une fois les horaires de travail dépassés, et ne pas continuer à recevoir d’appels le soir ou pendant le week-end ?

Là encore, il existe plusieurs moyens de répondre au droit à la déconnexion. Il est possible, de façon individuelle, de désactiver l’identité professionnelle du téléphone et de renvoyer automatiquement tous les appels professionnels reçus sur une boîte vocale dédiée. Plus simplement, il est également possible d’utiliser une application globale au niveau du serveur de façon à automatiser la déconnexion des téléphones de tous les collaborateurs sur des horaires particuliers. Cette dernière solution permet d’aller dans le détail parmi des groupes d’utilisateurs pour leur appliquer ce principe de déconnexion. Cette option peut se révéler particulièrement utile pour des postes de Directeur commercial sur plusieurs zones horaires dans le monde. Cet outil est un véritable gage de flexibilité pour l’entreprise et les collaborateurs.

En conclusion, il est important que les entreprises prennent conscience de la dimension protectrice du droit à la déconnexion, dans les cas où le numérique impacte trop fortement la vie privée et devient vecteur de stress. D’un autre côté, les salariés ont le droit de ne pas vouloir perdre l’autonomie et la souplesse que leur procurent les outils numériques. L’important aujourd’hui, c’est de comprendre qu’il existe des solutions pour satisfaire chaque partie prenante et s’adapter aux besoins de chacun tout en respectant la nouvelle loi. Tout cela doit juste se gérer en bonne intelligence.

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Paul-Emile Guyon est Country Manager France, Belgique, Luxembourg chez ShoreTel. Fort de 15 ans d’expérience dans l’industrie des télécoms, Paul-Emile a une solide connaissance du marché. Il a notamment travaillé au sein de Cisco et de Nortel.

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