Martin Wolf, principal commentateur économique au sein du Financial Times à Londres, écume de rage à l’idée d’une victoire de Trump.
« Les Etats-Unis sont la plus grande république depuis Rome, le bastion de la démocratie, le garant de l’ordre mondial. Ce serait un désastre mondial si M. Trump devenait président. Même s’il échoue, désormais, l’impensable est dicible. M. Trump promeut des fantasmes paranoïaques ; c’est un xénophobe et un ignorant. Son activité consiste à ériger d’affreux monuments à sa propre vanité. Il n’a aucune expérience de la fonction politique ».
M. Wolf fait preuve d’éloquence — mais pour comprendre Donald J. Trump, il faut remonter le temps… jusqu’à une époque où l’on ne portait pas de pantalons. « S’il y a bien quelqu’un qui n’aurait pas été surpris par l’ascension soudaine de Donald », écrit notre collègue Van Bryan dans la lettre Classical Wisdom Weekly, « c’est Platon ».
Démocratie… et autres
Platon était d’avis que la démocratie serait une phase éphémère et malheureuse du gouvernement humain. C’est la « pire » sorte de gouvernement, affirmait-il… en partie parce qu’elle mène inévitablement à la tyrannie. Selon la description des cycles politiques de Platon, la meilleure forme de gouvernement est l’Aristocratie — avec, aux commandes, des personnes supérieures, d’une grande élévation morale, désintéressées et compétentes.
Toujours selon Platon, cette forme de gouvernement cédait ensuite le pas à une forme dégénérée, la Timocratie — dans laquelle les dirigeants avaient toujours un grand esprit civique mais étaient moins compétents. Ensuite, les riches et les puissants (les compères) tiraient parti de la faiblesse du gouvernement en affirmant leur propre autorité. Platon appelait cette forme de gouvernement une oligarchie. Suite à quoi, de manière soudaine ou progressive, le peuple se lassait d’être exploité. Il prenait le contrôle des choses dans une démocratie.
Prendre ses précautions
Platon semble avoir peu de respect pour le gouvernement démocratique… et ne lui fait guère confiance. Le nombre de « frelons » (nous les appellerions des « zombies ») espérant obtenir quelque chose en l’échange de rien se multiplie. Comme Platon l’écrivait au sujet des « frelons » :
« Or […] quand [ils] apparaissent dans un corps politique, [ils] le troublent tout entier, comme font le phlegme et la bile dans le corps humain. Il faut donc que le bon médecin et législateur de la cité prenne d’avance ses précautions, tout comme le sage apiculteur, d’abord pour empêcher qu'[ils] y naissent, ou, s’il n’y parvient point, pour les retrancher le plus vite possible avec les alvéoles mêmes ».
La liberté créée plus de frelons dans une démocratie qu’il n’y en avait dans l’Etat oligarque… et ils y sont intensifiés. La discipline publique se désintègre. Le chaos et le désordre augmentent. Les budgets se déséquilibrent. Les marchés deviennent volatils. Les guerres inutiles se multiplient. Et finalement, les « frelons » acceptent un dictateur qui promet de restaurer l’ordre. A quoi Donald Trump pourrait répondre : « hé, ils m’adorent, à Athènes ».
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