La majorité des Français craint que Trump ne soit néfaste pour l’économie mondiale

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Par Nicolas Boudot Publié le 15 novembre 2016 à 13h14
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cc/pixabay - © Economie Matin
74%Pour 74 % des Français l'élection de Donald Trump à la Maison Blanche ne va pas aider l'économie.

Q1 : Selon vous, l’élection de Donald Trump comme Président des Etats-Unis est-elle une bonne ou une mauvaise chose pour l’économie ?

Pour l’économie mondiale

• Bonne chose : 25 %

Mauvaise chose : 74%

• NSP : 1 %

Pour l’économie française

Bonne chose : 26 %

• Mauvaise chose : 72 %

• NSP : 2 %

72% des Français interrogés considèrent que l’élection de Donald Trump comme Président des Etats-Unis est une mauvaise chose pour l’économie en France (74% une mauvaise chose pour l’économie mondiale)

L’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis a été ressentie comme une surprise par un grand nombre de commentateurs politiques et singulièrement en France où la victoire d’Hillary Clinton avait été annoncée par tous les spécialistes, politologues ou interprètes de l’opinion. Cette erreur, majoritairement partagée et induite notamment par les sondages, dont les prévisions se sont avérées inexactes, est la marque supplémentaire d’une rupture entre les « experts » et les citoyens.

Ainsi, entre ceux qui observent et commentent et ceux qui vivent les évènements dans leur réalité, il existe un fossé qui s’élargi depuis plus de 15 ans. L’élection de Trump est le dernier avatar après le Brexit, les élections en Grèce, les élections en Grande-Bretagne ou le référendum de 2005 en France. Entre autres.

Une fois ceci posé, il apparaît compliqué de tirer des conclusions d’un sondage ! Pourtant, les résultats du sondage de cette semaine montrent une corrélation entre les propos tenus très majoritairement dans le débat public depuis un an sur le désormais 45ème Président des Etats-Unis d’Amérique et l’opinion publique. En effet, 74% des Français interrogés considèrent que l’élection de Trump est une mauvaise chose pour l’économie mondiale et 72% estiment que c’est une mauvaise chose pour l’économie Française.

Ce résultat appelle trois commentaires :

D’abord, quelques heures après l’élection, les résultats du sondage doivent être considérés comme une projection de ce que l’opinion publique croit être l’opinion dominante en France. C’est un phénomène théorisé au milieu des années 70 par une sociologue allemande, Elisabeth Noelle-Neumann : « la spirale du silence ». La théorie est la suivante : en partant du constat que tout individu est sensible à son environnement social, si ses opinions personnels se retrouvent à contre-courant de l'opinion publique, véhiculée par les médias de masse, cet individu, face à la crainte de se retrouver isolé, aura tendance à taire son avis ou à donner l’avis qu’il juge dominant.

C’est à cause de ce phénomène que les sondages peuvent parfois se tromper ou donner des résultats très différents d’une semaine à l’autre. Ici, influencés par la multiplication des discours et l’unanimité médiatique en France partageant l’inanité du programme économique de Trump, les Français interrogés ne pouvaient répondre autre chose. En ce sens, le résultat n’est pas surprenant.

Ensuite, compte tenu de la grande majorité qui se dégage du résultat, il convient de prendre en compte l’inquiétude des Français vis-à-vis de cette élection, qui peut être mal comprise et mal perçue tant elle a été jugée impossible par les commentateurs. Cette crainte sera levée ou pas en fonction des prises de position de Trump au début de son mandat, en janvier prochain.

On peut ici tenter une pointe d’optimisme en analysant la campagne de Trump comme celle d’un chef d’entreprise qui a mis en œuvre la meilleure méthode de communication pour conquérir un marché, les outrances et la défiance vis-à-vis des médias collant à une part de ce que l’électorat voulait entendre. En ce sens, c’est une réussite de marketing politique. Si l’on prend le risque d’analyser sa victoire en suivant un prisme économique, on peut considérer qu’elle répond à un réflexe américain : c’est une victoire du capitalisme américain classique basé sur la confiance au self made man plutôt qu’à l’administration, la confiance aux actions locales plutôt qu’à la Capitale Fédérale. Son programme économique, basé sur la réduction des impôts et une politique de grands travaux peut peut-être créer de la croissance mondiale. Nous verrons bien !

Q2 : Etes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à une taxe spécifique visant les bénéfices des multinationales sur leur activité réalisée en France ?

Sous total « favorable » : 78 %

• Sous total « opposé » : 20 %

• NSP : 2 %

78% des Français interrogés sont favorables à une taxe spécifique visant les bénéfices des multinationales sur leur activité réalisée en France.

Posée autrement, la question revient à se demander s’il faut ou non, comme le propose le député PS du Cher, Yann Galut, mettre en œuvre en France une « taxe Google » visant les multinationales, sur le modèle de ce que le Royaume-Uni et l’Australie ont créé afin de limiter l’optimisation fiscale des multinationales qui opèrent sur leur territoire.

En effet, un dispositif assez simple d’optimisation fiscale, avec le concours d’un pays tiers de l’Union européenne (souvent l’Irlande), permet aux entreprises qui l’utilisent d’échapper à une partie très importante de l’impôt sur les sociétés qui pourrait être perçu, si l’on taxait la réalité des actions commerciales ou des prestations réalisées sur le territoire national.

Comment ce dispositif fonctionne-t-il ?

Grâce au mécanisme des « prix de transferts ». Ainsi, une multinationale dont la maison mère européenne est immatriculée par exemple en Irlande, Etat ou l’Impôt sur les sociétés est très inférieur à la France, se voit verser par sa filiale en France un « prix de transfert » composé de divers services d’exploitation dont les montants sont souvent équivalents aux bénéfices réalisés par la filiale en France… Dit autrement, les bénéfices réalisés par les filiales des multinationales en France sont ainsi délocalisés dans un pays tiers à la fiscalité plus intéressante, là où est installée la maison mère, sous la forme de prestations de services.

Les Français plébiscitent, à une très large majorité, le recours à une telle taxe, qui serait en mesure de rapporter plus aux caisses de l’Etat en taxant les filiales installées en France des multinationales. Pourtant, ce sujet va peut-être ouvrir une nouvelle bataille entre les députés de la majorité PS à l’Assemblée nationale et le gouvernement. En effet, le ministre de l’Economie a critiqué le dispositif en arguant le fait que la législation actuelle de lutte contre l’optimisation fiscale était plus efficace pour lutter contre l’optimisation fiscale que le dispositif de surtaxe défendu par le député Galut.

En communication, ce résultat amène deux commentaires :

D’abord, ce résultat est quasiment historique puisqu’il permet la réconciliation des Français avec les positions de l’Union européenne sur le dos des multinationales américaines. En effet, l’Union européenne a engagé de nombreux recours pour corriger la situation fiscale des multinationales américaines en France.

Ensuite, une petite nuance portant sur l’opportunité d’ouvrir un tel débat aujourd’hui. En effet, Il apparaît en effet peu opportun d’engager un bras de fer avec les multinationales alors même que, après le Brexit, Paris avait considérée être en bonne position pour prendre la place de Londres en tant que place forte du capitalisme européen. Rappeler la réputation de la France, qui n’est plus à faire en matière de pression fiscale, n’apparaît pas dans ce contexte comme la meilleure idée qui soit.

Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay du 10 novembre 2016

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Directeur de Tilder

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