Le dollar est plus que jamais au centre de l’attention des marchés avec l’imminence d’une des réunions les plus attendues de la Réserve Fédérale. C’est le 17 septembre que la Banque centrale américaine décidera de relever (ou pas) ses taux pour la première fois depuis 2006.
Le dollar qui avait perdu de sa superbe avec la mise en place des différents plans d’assouplissement monétaire de la FED (trois plans au total) pour relancer l’économie après le choc systémique de la crise des subprimes a depuis fait un retour en force. Cette tendance nettement haussière a commencé à s’affirmer dès 2014 avec le ralentissement progressif du QE3 (3ème programme d’assouplissement) qui s’est définitivement arrêté en octobre 2014 pour ouvrir la porte à une remontée progressive des taux.
C’est cette perspective de remontée des taux qui a alimenté le mouvement très sensible de hausse du billet vert depuis plusieurs mois. Et la probabilité d’une poursuite de ce mouvement d’appréciation est très élevée pour plusieurs raisons.
Tout d’abord parce que la croissance américaine, même si elle se tasse depuis le début de l’année, a tiré la croissance mondiale ces dernières années face au ralentissement des émergents et à la stagnation européenne. La force du dollar reflète l’état de santé de l’économie américaine.
Ensuite parce-que dans un paysage mondial où la plupart des banques centrales continuent d’appliquer une politique monétaire accommodante (voire ultra-accommodante), la FED fait cavalier seul dans sa stratégie de normalisation. Elle est tout de même accompagnée par la Banque d’Angleterre qui réfléchit également au bon timing pour commencer à relever ses taux mais le dernier communiqué de cette dernière fait apparaître des craintes liée à la situation mondiale qui doivent être considérées par rapport à l’évolution de la situation domestique…
Les autres banques centrales mondiales majeures continuent d’appliquer une politique très prudente.
Un député japonais a par exemple indiqué jeudi que la réunion d’octobre de la Banque du Japon pourrait être l’occasion d’assouplir la politique monétaire. On sait que le Premier ministre japonais ne compte pas mettre fin aux « Abenomics » face au risque déflationniste toujours présent, ce qui implique que la flèche monétaire poursuive sa trajectoire encore quelques temps, favorisant ainsi de nouvelles interventions qui pèseront encore sur le yen et favoriseront une nouvelle poussée du dollar.
La Banque du Japon pourrait également être obligée d’assouplir encore sa politique monétaire après l’intervention musclée de la Banque centrale chinoise (PBOC) en août pour dévaluer le yuan afin de l’aligner avec le niveau de son économie et intégrer ainsi à moyen terme les DTS du FMI. Cette action du voisin chinois pouvant peser sur la compétitivité de l’archipel, la BoJ ne devrait pas baisser la garde.
Cette poussée du dollar devrait également continuer à se traduire face à l’euro avec les divergences majeures de politique monétaire entre la FED et la BCE. La première réfléchit à « normaliser » sa politique monétaire pendant que l’autre s’est engagée dans un QE qui devrait durer jusqu’en septembre 2016 au moins. « Au moins » parce-que face à l’absence de rebond plus prononcé de l’inflation, face au potentiel contrecoup économique de la récente crise grecque sur la zone euro, face au ralentissement chinois et plus globalement face à l’absence d’accélération de la croissance, la BCE pourrait accroître son soutien monétaire à la zone et accroître l’amplitude du QE ou le prolonger au-delà de septembre 2016.
Cette hypothèse a été formulée par Mario Draghi lui-même lors de la dernière conférence de presse de la BCE. Aucune confirmation pour autant mais une option crédible…
Même constat de divergence face à la Banque centrale suisse (BNS) qui considère toujours que le franc suisse est surévalué et adapte sa politique monétaire en conséquence.
Une hausse de taux aux Etats-Unis engendrerait une hausse des rendements susceptible d’attirer les flux de capitaux dans un contexte d’incertitude mondiale, notamment après les dernières secousses brutales liées au ralentissement chinois. Avec pour conséquences de renforcer un peu plus le billet vert.
Le maintien en zone haute des taux US (10 ans notamment) sur les niveaux d’avant crise du mois d’août (avant la chute brutale des marchés actions) montrent que les investisseurs jugent encore possible une hausse de taux au mois de septembre malgré des statistiques économiques mitigées ces derniers mois.
Ces chiffres économiques contrastés renforcent l’incertitude à court terme sur l’action de la FED (ce qui a généré une phase de consolidation du dollar face à l’euro notamment) mais ne devraient pas être de nature à inverser la tendance de fond.
L’appétit pour le dollar reste intact.