Notre profession a été au coeur de l’actualité la semaine passée, par l’offensive ouvertement déclarée des établissements financiers en direction des courtiers en crédit immobilier. En effet, confrontées à des taux historiquement bas, à des difficultés structurelles et conjoncturelles, les banques cherchent de nouvelles solutions pour restaurer leur marge, en supprimant l’intermédiaire dans la relation client.
Cette “rupture” souhaitée par une partie des banques n’est pas la solution à leurs problèmes. Elle ne répond pas non plus à l’aspiration des consommateurs, ni à la volonté des pouvoirs publics de démocratiser la pédagogie financière. Elle relève plutôt d’une évolution nécessaire de la distribution bancaire. Dans la circonstance, elle appelle la réaction des professionnels de notre secteur pour promouvoir notre métier et ses atouts, qui ne se limitent pas à la recherche d’un taux bas pour financer le projet d’un client. Encore moins comme un obstacle pour les banques dans la construction de leur relation client. L’heure est donc à la mobilisation, pour assurer l’existence même de notre métier, mais aussi pour préserver la libre concurrence de comparaison et de choix valeur fondamentale de l’économie européenne.
En France, les intermédiaires en opérations de banque et service de paiement, plus généralement appelés courtiers, représentent près de 10 000 personnes. Par leur vision globale de la situation budgétaire des consommateurs, ils ont pour objectif de contribuer à leur éducation financière. Particulièrement, en direction des Français qui n’ont pas la chance d’être familiers avec la gestion de patrimoine ou d’avoir la surface financière suffisante pour être considérés par les acteurs traditionnels du marché. Ils s’engagent donc à concrétiser leurs projets, par un accompagnement, quelque soit leur profil et leur connaissance de la matière financière. Accompagnateurs de croissance, les courtiers crédit, par leur approche client pédagogique et personnalisée, donnent la capacité de prendre des décisions éclairées. Ces expert rendent donc autonomes leurs clients, dans la gestion de leur budget et de leurs projets de vie. Cette relation humaine repose sur une vraie création de valeurs.
Reconnus par les partenaires bancaires comme des professionnels de qualité qui respectent la notion de partenariat, ils ne fourniraient pas individuellement assez de volume pour les établissements financiers. A ce grief émis par ces derniers, qui veulent restaurer leur marge en traitant leur client sans intermédiaire, s’ajoutent les taux bas. Il est vrai qu’ils sont de nature à pénaliser les banques. Toutefois, plus qu’à faire disparaître notre profession, tous les acteurs doivent s’interroger sur la manière de construire une nouvelle distribution bancaire favorable aux consommateurs.
La CNCEF Crédit qui rassemble et représente les professionnels du monde du crédit, veut contribuer au débat et propose plusieurs solutions :
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Accepter le mandant de conseil indépendant, sans opposer à celui-ci l’obligation de contrôle de 2ème niveau, incitant les banques à le refuser
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Sélectionner les partenaires en fonction de la qualité des dossiers et du partenariat gagnant-gagnant respecté,
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Supprimer le principe de double rémunération (commissions d’intermédiation versée par les banques / honoraires de courtage demandés au client et compris dans le plan de financement),
La CNCEF Crédit appelle donc à un meilleur équilibre de la distribution bancaire plutôt qu’à sacrifier une profession dont la disparition serait une aberration économique. Elle compte sensibiliser les acteurs législatifs et économiques pour avancer dans ce sens.