Le nouveau Premier ministre est attendu au tournant. Mardi 8 avril, à 15h00, Manuel Valls va devoir convaincre les députés de son camp et leurs alliés de la pertinence de son projet pour la France.
L'équation est loin d'être simple. Manuel Valls n'a pas du tout les coudées franches, bien au contraire. Il doit mettre en oeuvre le fameux pacte de responsabilité dont le chef de l'Etat a parlé voici déjà plus de quatre mois, lors de la présentation de ses voeux à la Nation mais problème : personne ne sait ce qu'il contient ! A tel point que l'annonce officielle du contenu du pacte qui devait être présenté cette semaine, enfin, a été repoussé encore à la semaine prochaine. On n'en saura pas beaucoup plus cet après-midi, au mieux, de grandes orientations.
Mais à côté du pacte, l'engagement des fameux 50 milliards d'économies, qui doivent permettre à la France de revenir dans les clous en terme de déficit budgétaire, c'est à dire sous la barre des 3 % du PIB. Problème, hier, à Berlin, les deux ministres français de l'Economie et des Finances sont venus rencontrer leurs homologues allemands respectifs et leur ont tenu chacun un discours différent. Michel Sapin a réaffirmé son engagement à contrôler et réduire le déficit, quand Arnaud Montebourg a lui au contraire expliqué que la maîtrise des comptes publics n'était pas importante !
Les écologistes, absents du gouvernement, attendent quand à eux Manuel Valls sur tous les sujets liés à l'énergie. Pas question pour eux d'accepter même simplement l'autorisation d'explorer les fameuses réserves de gaz de schiste que la France détiendrait dans son sous-sol. Et tant pis si Arnaud Montebourg est en fan, tout comme Laurent Fabius. Manuel Valls osera-t-il en parler ? On l'attend aussi sur le nucléaire. Si Valls confirme la fermeture de la centrale de Fessenheim, en Alsace, ce sera un signal fort adressé aux écolos. A défaut... Enfin, il y a l'écotaxe, dont Ségolène Royal semble disposée à faire le deuil eu égard aux premières déclarations sur le sujet de la nouvelle ministre de l'Ecologie et de l'Energie. On n'imagine pas Manuel Valls assez audacieux pour annoncer son remplacement par une hausse des taxes sur le diesel, ce qui est pourtant la mesure recommandée à plusieurs reprises par le Comité consultatif sur la fiscalité écologique.
On attend évidemment Manuel Valls sur le sujet de l'emploi, mais comme il le dit lui-même si bien, pas d'emploi sans croissance, pas d'emplois sans les entreprises, qui attendent donc de leur côté les mesures promises pour leur permettre d'embaucher, et redevenir compétitives à l'international.
Bref Manuel Valls est attendu sur des tas de sujets, et pas seulement économiques. La tâche de contenter tout le monde, en particulier les 100 députés socialistes frondeurs qui ont menacé de ne pas lui voter leur confiance, semble insurmontable. Lui, l'homme politique préféré des Français (derrière Alain Juppé désormais), y parviendra-t-il ? Réponse cette après-midi.