Dans le cadre du 9e Forum International de la Cybersécurité (FIC) qui s’est déroulé cette semaine à Lille, Guillaume Poupard, le chef de l'Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d'Information (ANSSI), a notamment abordé la question de la formation des citoyens au numérique ainsi que la place du digital dans l’éducation.
Dans la mesure où les enfants sont quotidiennement amenés à être connectés, il est essentiel de les sensibiliser aux risques et aux menaces relatives à leur présence en ligne.
Avec l’omniprésence du digital, les enfants doivent grandir en ayant toutes les clés en main pour se protéger des menaces informatiques. Dès leur plus jeune âge, ils sont en effet connectés de toutes parts avec bien souvent à la maison un accès à internet via un ordinateur, une tablette ou encore sur le smartphone de leurs parents qu’ils adorent emprunter. Si surfer sur internet semble inné pour tous ces "digital natives", ils n’ont toutefois pas conscience pour la plupart qu’ils peuvent être la cible directe d’individus malveillants. La preuve en est avec le piratage massif dont VTech a été victime en 2015, qui a conduit au vol de millions de données et a donné aux attaquants la capacité de reconstituer l’identité entière de l’enfant. Ainsi, avec le développement en parallèle des objets et des jouets connectés, ils sont de plus en plus exposés aux cybermenaces.
C’est également le cas au sein des établissements scolaires qui incitent de plus en plus les enseignants à utiliser des tablettes tactiles pendant les cours, notamment dans le cadre du plan "numérique à l’école". Cette mesure, entrée en vigueur en septembre 2016, vise à former les élèves au monde digital et à rattraper le retard français dans ce domaine. Dans un contexte d’omniprésence du digital et de croissance continue des cyberattaques, il est capital que les enfants y soient sensibilisés pour surfer ou être connectés en toute sécurité, à la maison ou à l’école.
Les parents sont les premiers garants de cette sensibilisation. Ils doivent en effet les accompagner très tôt et s’adapter en fonction de l’âge, surveiller les plus jeunes pendant leurs activités sur le web voire limiter l’accès à certains sites. Il est également important de leur expliquer les principes de base pour protéger leurs données personnelles, comme de ne jamais communiquer d’informations les concernant. Finalement, les recommandations faites dans la vie "réelle" de tous les jours s’appliquent au monde virtuel, parmi lesquelles se méfier des inconnus ou apprendre à dire non. En outre, les tablettes étant introduites à l’école, les enseignants ont également un rôle majeur à jouer en rappelant les réflexes à avoir, concernant les mots de passe par exemple, ou encore qu’il ne faut pas ouvrir de pièces jointes provenant d’inconnus. Ils peuvent également présenter avec des mots simples les différents moyens de piratage qui existent.
Si le digital représente une incroyable mine d’or en termes de ressources et d’informations pour les enfants et les adolescents, il peut également devenir une menace. Il est donc essentiel de leur faire prendre conscience des enjeux et de les responsabiliser pour les laisser prendre leur "indépendance digitale" en toute confiance. Le but n’est pas de surveiller leurs moindres faits et gestes mais d’expliquer et d’anticiper certaines situations, et ce sans tomber dans la paranoïa ni dramatiser. Néanmoins, plus les enfants grandissent, plus le terrain de jeu sur internet est vaste et plus les risques augmentent. C’est pourquoi cette éducation à la cybersécurité doit immanquablement s’opérer dès le plus jeune âge. Mais pour relever ce défi, les "grands" doivent eux-mêmes appliquer l’ensemble des règles de base pour se prémunir contre les cyberattaques, montrer l’exemple et être déjà passé de la théorie à la pratique...