Q1 : Diriez-vous du dialogue social qu’il est en panne ?
- Sous total "OUI" : 92 %
- Sous total "NON" : 8 %
Pour 92% des personnes interrogées, le dialogue social est en panne
Ce résultat donne une idée du challenge de communication qui se pose au gouvernement, et singulièrement à François Hollande, à quelques jours d’une nouvelle Conférence sociale. Fortement marqué par la dernière actualité Air France, ce résultat est sans appel pour un gouvernement de gauche et un président qui s’est fait élire sur un programme de rassemblement des Français. En effet, dans le domaine social, la tension est à son comble et visiblement, l’interventionnisme de l’Etat, jusque dans la communication sur le dossier de la Compagnie nationale, ne convainc pas l’opinion. Elle la convainc d’autant moins qu’une certaine cacophonie s’est exprimée à la tête de l’Etat. Réagissant aux images de violence, l’exécutif s’est tout d’abord élevé contre ces dérapages, tenant un discours très dur contre les salariés de la Compagnie. Puis, rebondissant sur l’émotion des interpellations au petit matin des fauteurs de trouble, c’est une autre séquence qui s’est ouverte cette semaine, moins virulente : de François Hollande à Manuel Valls, de Ségolène Royale à Myriam El Khomri, les voix se sont multipliées pour appeler à un dialogue social apaisé pointant en creux les défaillances de la Direction d’Air France et évoquant même la possibilité d’un plan B pour éviter le plan social massif. Un changement de position qui ne change rien à l’affaire pour une opinion convaincue que le social en France est aujourd’hui dans l’impasse, impression renforcée par la séquence jouée à son tour par la CGT : refus de saluer le Président lors de sa visite à Saint-Nazaire et boycot annoncé de la Conférence sociale. Aujourd’hui, François Hollande doit se mordre les doigts au souvenir de son anaphore du 2 mai 2012 lors du débat de l’entre deux tours face à Nicolas Sarkozy. Parmi ses « Moi, président…», qui firent une partie de son succès figurait celui-ci : « Moi, Président, je ferai en sorte que les partenaires sociaux soient considérés, aussi bien les organisations patronales que les syndicats et que nous puissions avoir régulièrement des discussions pour savoir ce qui relève de la loi ou de la négociation ». Bref, la promesse d’un climat social bien plus « rose » que celui de ce mois d’octobre 2015. Malheureusement, la communication est aussi faite de mémoire.
Q2 : Selon vous, économiquement, l’immigration en France depuis un siècle… ?
- A produit plus de croissance qu’elle n’en a coûté : 26%
- A couté plus de croissance qu’elle n’en a produit : 48 %??
- A produit autant de croissance qu’elle en a coûté : 25 %
- NSP : 1 %
48% des Français interrogés considèrent que l’immigration, depuis un siècle en France, a coûté plus de croissance qu’elle n’en a produit (26% qu’elle a produit plus de croissance qu’elle n’en a coûté)
La question de cette semaine a été réalisée dans un contexte particulier et sur un sujet de communication complexe. L’apport économique et le coût réel ou supposé de l’immigration en France est un sujet politique à haute valeur ajoutée en risques médiatiques. En effet, En France, depuis le début des années 80, la question de l’immigration est un sujet de communication pollué où les postulats idéologiques l’emportent souvent sur la raison et la réflexion. Depuis plus de 30 ans, en communication, la question de l’immigration est exclusivement traitée par l’émotion dans le débat public plutôt que par l’esprit de raison.
Au surplus, le climat actuel est particulier à ce sujet et nous aurions pu craindre des réponses beaucoup plus tranchées, induites par les confusions habituelles qui sont plus ou moins entretenues par certains politiques entre immigration, immigration clandestine, droit d’asile, politique d’accueil des réfugiés.
Il n’en demeure pas moins que le résultat du sondage montre une fracture assez nette de la part des Français interrogés, qui se démarquent dans leurs réponses de la ligne suivie par les gouvernements successifs depuis le début de la Vème république en France, qui considèrent que l’immigration est un élément positif pour la croissance de l’économie.
Ainsi, comme on peut le présumer, compte tenu de l’actualité, la question de l’immigration sera probablement au coeur des débats des élections à venir. Il serait temps que chacun des partis politiques qui composent le paysage hexagonal, fasse œuvre de pédagogie argumentée sur ces questions plutôt que de multiplier les postulats et les anathèmes habituels qui sclérosent un sujet qui intéresse l’opinion publique. En un mot, que les hommes et les femmes politiques passent d’une communication émotionnelle à une communication rationnelle.
Sondage exclusif TILDER/LCI/OpinionWay pour La « Question de l’Éco » du 15 octobre 2015