Que devient la France après deux années de gouvernement Macron ?

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Par Daniel Moinier Modifié le 27 juin 2019 à 8h46
Croissance France Bdf Trimestre 2
@shutter - © Economie Matin

Plus de deux années sont passées depuis mai 2017 avec l’élection d’un nouveau président de la République française : Emmanuel Macron. Les projets et lois se sont enchaînés à un rythme d’enfer. Les élections et ses premières réformes ont opérées des transformations modifiant radicalement le paysage politique, économique et social de notre cher pays.

La méthode est nouvelle, tellement différente avec un langage présidentiel à coup de concepts et mots rares, suivi de termes familiers et un vocabulaire entrepreneurial. C’est à l’image de son caractère et son intention de faire bouger les choses vers des objectifs politiques tracés.

Nous vivons un moment « saint-simonien », la méthode est nouvelle, elle contourne les forteresses pour ne pas les prendre de face. Mais cette méthode n’a pas été comprise par bon nombre de nos concitoyens. Relancer l’activité par les entreprises, par le pouvoir d’achat de certaines tranches de population, pour espérer un retour financier dans les caisses de l’état. Ce qui aurait comme résultante, de diminuer les déficits pour ensuite et même partiellement en parallèle, relancer le pouvoir d’achat des ménages.

Les réformes, lois, projets des deux années passées :

La première réforme de début du quinquennat est la loi pour la confiance dans la vie politique du 15 septembre 2017 : Interdiction d’embaucher des membres de sa famille, impossibilité d’être élu avec un casier judiciaire B2 et l’obligation de rendre des comptes de ses indemnités d’élus.

La réforme du Code du travail, premier marqueur fort du quinquennat : Cinq ordonnances instaurent un barème des indemnités prud’hommales, un dispositif de rupture conventionnelle collective et la réforme du dialogue social avec fusion des instances représentatives et une primauté de l’accord de branche.

Jean Michel Blanquer et Frédérique Vidal ont multiplié les textes : la loi ORE (Orientation et Réussite des Etudiants) du 08 mars 2018. Remplacement de la plateforme APB par Parcoursup.

La réforme du Baccalauréat (Nouvelle génération) prévue pour 2021, avec des bouleversements depuis 2018 (Classes de seconde L, ES, et S).

Obligation de scolariser des enfants à partir de 3 ans

Limiter à 12 le nombre d’élèves des Classes de CP et CE1 en Zone prioritaire.

Dans le premier budget du quinquennat : Suppression des cotisations maladie et chômage en contrepartie d’une hausse de la CSG de 1,7 point

Transformation de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière

La première étape de la suppression de la taxe d’habitation pour 80% des ménages

Diminution de cinq euros des APL

La flat tax ou Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) de 30% sur les revenus du capital

A l’Intérieur : Le projet de loi antiterroriste

Une circulaire sur les contrôles des migrants dans les centres d’hébergements d’urgence

Le projet de loi Asile et Immigration

Réduction du délai pour demander le droit d’asile

Doublement de la durée maximale de rétention

La réforme de la SNCF avec le Pacte Ferroviaire adopté fin avril 2018, période assez houleuse avec les grèves des cheminots

Le projet de loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable. Mettre fin aux promotions chocs de 50 à 70 % des distributeurs pour améliorer les marges des agriculteurs…

Loi contre les violences sexistes et sexuelles en fixant à 15 ans l’âge du consentement sexuel, double peines encourues y compris pour le harcèlement de rue.

Démarrage de trois grandes réformes :

De l’Apprentissage

De la Formation professionnelle

De l’Assurance chômage

Présentées en Conseil des ministres le 27 avril 2018, elles permettront une formation tout au long de la carrière et de rebondir plus rapidement après un licenciement.

Présentée le 20 avril 2018, la Réforme de la Justice prévoyait de fusionner les tribunaux d’instance et de Grande instance et une refonte du système des peines en supprimant les détentions courtes pour faire de la place dans les prisons.

La lettre circulaire visant à réduire la production circulaire, pour lutter contre l’excès de normes

Le CICE, Crédit d’Impôts compétitivité Emploi est transformé en baisse de charges pérennes à compter du 1er Janvier 2019.

L’exit tax, pour freiner l’exil fiscal des entrepreneurs

La loi de finances supprime aussi certaines taxes à faible rendement.

La mise en place des 80 kms heure puis assouplissement vers les 90 kms suite au mouvement des G.J.

La réforme du permis de conduire pour améliorer le délai d’attente

Réduire le nombre d’Agences de l’état (1200 pour 80 Mds de dépenses)

Loi supprimant les entreprises publiques locales et les sociétés d’économie mixte

Projet de loi énergie-Climat de Transition énergétique

Le programme de stabilité 2019-2020 (mis sous l’éteignoir (cause GJ)

Projet de modification du règlement de l’Assemblée Nationale

Projet de suppression de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration)

Projet de loi d’orientation des mobilités qui réforme les transports traditionnels et bien d’autres services de mobilités a été adopté le 18 juin 2019

Fusions collèges-Ecoles avec de nombreuses économies prévues. Regroupement de classes primaires au sein d’un collège local.

La loi Santé ; « Ma santé 2022 » pour un décloisonnement et une réorientation des soins par un engagement collectif

Taxation des géants du numérique : Les GAFA, sur la base de leur chiffre d’affaires

Projet de loi de la transformation de la Fonction Publique. Réduire le pouvoir aux syndicats en matière d’avancements, nominations, mutations.

Rendre la Fonction Publique plus flexible, c’est à dire assouplir la gestion du personnel

Réorganiser les postes pour éviter le phénomène de sous-travail

Embauche de contractuels dans la Fonction Publique

Contrôle et évaluation des politiques publiques par le parlement

Loi anticasseurs votée par les députés avec une efficacité qui dépendra des magistrats.

Fiscalité verte, hausse des carburants abandonnée suite à l’action des Gilets Jaunes

Baisse de la CSG limitée pour les pensions inférieures à un certain plafond en fonction de la constitution de la famille

Heures supplémentaires défiscalisées et exonérées de charges sociales

Augmentation de la prime d’activité, une solution certainement à court terme.

Création de la prime exceptionnelle pour le pouvoir d'achat, environs 100 euros

Projet de loi de décentralisation et autonomie de l’éducation « pour une école de la confiance »

L'augmentation du chèque énergie avec dans certains cas zéro frais pour l’isolation

L’immobilier de l’Etat vendu pour des recettes alternatives à la fiscalité

Baisse des dépenses publiques programmées valable la première année mais plan complètement inversé depuis le mouvement Gilets jaunes.

Le déficit annoncé pour 2019 à environs 80 Mds devrait atteindre les 107 Mds en 2019. Celui de 2018 à 70,2 milliards d’euros a fait mieux que le niveau prévu à 2,5% du PIB dans les clous européens. Ce qui n’était pas arrivé depuis 2007. Et en 2019, un budget de financement qui devrait être très proche des 228 Mds.

Ci-dessous le projet de campagne du candidat Macron pour comparaison

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Compte tenu de « l’effet » Gilets Jaunes, d’une conjoncture internationale et surtout européenne en berne, d’une Allemagne aux comptes en déclin, il sera impossible de rester dans les « clous » affichés ci-dessus.

Et pourtant ces deux premières années étaient prometteuses surtout la première :

  • Baisse du chômage. Avec 0,7% de baisse au premier trimestre 2019, il atteint 8,7% de la population active française contre les 10,5% de 2015, tout en sachant que l’influx du CICE n’est pas à négliger. Loin encore les 7% programmés pour 2022, à la fin du quinquennat.

  • Eclat de la France revigoré à l’international

  • Entreprises françaises plus performantes y compris récemment à l’export

  • Marge des entreprises en augmentation de plus de 4 points mais toujours très basse par rapport aux principaux pays européens

  • Nombre de créations d’entreprises en forte hausse

  • Un investissement des entreprises en hausse de 3,9%

  • L’industrie à fin 2018, comptait un peu plus de 3 millions de salariés soit 12,5% du PIB Elle vient de créer 9.500 emplois nets ce qui ne lui était plus arrivé depuis longtemps

  • L’industrie pour la première fois a créé plus d’usines qu’elle n’en a fermé

  • 500 000 emplois ont été créés en France en deux ans. La reconquête industrielle semble en route

  • Le nombre d’implantions étrangères est en forte progression

La liste semble impressionnante, tellement les projets, lois, se sont succédés, entrecroisés à un rythme endiablé. Ce qui a certainement créé une confusion dans l’esprit des français.

L’écologie a été son frein, l’émergence d’une incompréhension puis contestation et « rébellion » qui en a suivi, y compris étudiante

Avec les gilets jaunes, il a troqué sa politique pro-business pour pratiquer une politique de relance du pouvoir d’achat. Politique qui devance de quelques années ce qu’il pensait mettre en place, alors que l’état aurait eu les moyens financiers de le faire, sans s’endetter, au contraire en diminuant son endettement.

J’aime reprendre deux citations :

Du démographe d’Hervé le Bras : La France, homme malade de l’Europe, voilà une idée réductrice que met à mal la lecture de son dernier livre « Se sentir mal dans une France qui va bien ».

De Talleyrand : Quand je me regarde je me désole, quand je me compare je me console. La maxime s’applique parfaitement à la France.

Le nouveau challenge qui se présente devant le chef de l’état sera beaucoup plus compliqué à mettre en œuvre surtout s’il veut revenir à un état sans déficit, tout en contentant une grande partie des français !

Il a peut-être encore les moyens de nous surprendre !!!

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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