Une objection de bonne foi à l’économie politique objective ne résiste pas à quelques instants de réflexion. Une autre a un palliatif qui est déjà en place et que rien d’autre que l’économisme ne menace.
Une partie de nos revenus, tous obtenus en échange de services que nous avons vendus, est elle-même échangée contre des fournitures achetées à des entreprises et le cas échéant au personnel que nous employons. Ces services et ces biens sont au fil du temps échangés les uns contre les autres, le plus souvent par argent interposé. Ils constituent un sous-ensemble fini de ce que les hommes produisent. L’économie réelle est, de fait, définie par ces échanges-là et par une autre sorte d’acte. L’argent et les biens échangeables contre de l’argent servent en effet également à des transferts, des plus libres (dons) aux plus subis (vols) en passant par les plus civiquement nécessaires dans leur principe (impôts). En d’autres termes, l’économie vraiment définie a pour objet ce qui est spécifique d’une part aux échanges de services et de biens moyennant une contrepartie réglée par un prix, d’autre part aux transferts de termes de ces échanges et d’eux seuls. Dans nos vies comme en théorie, c’est homogène.
Sans cette sorte de définitions, l’objectivité économique c’est du bluff
M. de la Palice aurait pu le dire. L’économie objective n’existe que si les éléments de sa définition sont des objets. De plus, les énoncés qui la délimitent doivent avoir les propriétés de la définition en logique des ensembles finis, puis il doit en aller de même des objets principaux qu’elle considère. En analyse économique, sans assez de définitions de cette sorte l’objectivité c’est du bluff ; et avec elle le parti pris de la subjectivité d’abord n’a plus que des raisons démesurées d’être maintenu.
Quand les éducateurs estimeront qu’ils ont pour devoir d’enseigner ce qu’est cette sorte de définition aussi parce que ce concept s’applique en économie, leur ingéniosité et leur ténacité ne manqueront pas d’obtenir le résultat recherché. Ils y parviendront d’autant mieux que les milieux savants admettront enfin ce qu’exige l’accès à la compréhension objective de l’économie. Dès le départ de l’investigation puis de façon incessante, le respect de l’esprit des mathématiques élémentaires doit contenir le désir prométhéen de faire de la théorie économique une physique sociale.
L’objection de la condition humaine
La pensée économique qui tient le haut du pavé place au commencement de son parcours une vue sur la condition humaine. La théorie économique aurait pour utilité que les hommes y parlent d’eux et de leurs comportements. Faut-il rappeler que l’art et la philosophie y pourvoient bien mieux ? C’est en soi un recul de civilisation que l’économisme qui revient à remplacer par les ritournelles de la rareté universelle et de la théorie des besoins de Maslow ce qui se transmet de façon moins bien mutilante par des poèmes, des fables, des romans, etc.
Un docteur en économie répondit, à une question sur le plein-emploi : son avènement n’ira de soi que lorsque la science économique aura intégré à son corpus un savoir sur les comportements humains beaucoup plus poussé que ce n’est encore aujourd’hui le cas. Vive l’État omniscient ? Ne serait-ce donc pas aux enseignants et aux chercheurs en économie que le mythe d’Icare s’adresse également ? Des experts cuirassés dans leurs affirmations réductionnistes sur la condition humaine ne voient plus à quel point leur scientificité est prise en défaut dans leur champ de compétence. C’est, par exemple, ce qui survient quand ils affirment qu’aux États-Unis le meilleur taux de rentabilité des placements financiers entre janvier 1994 et décembre 2013 a été le foncier agricole (12 %), supérieur de trois points à l’indice Standard & Poor (9 %).
Pour aller plus loin
Mais il faut tout un réarrangement pour remonter à la surface pourquoi l’affirmation qui vient d’être rapportée est trompeuse. Cela ne se fait pas rien que par un claquement de doigts. Dans les considérations initiales à prendre en compte, il y a celles qui concernent au premier chef le champ défini et la voie libératrice de l'économie objective.