Dette publique : la désinformation est en marche

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Par Simone Wapler Modifié le 15 octobre 2012 à 4h10

Tendez-moi votre bras, cher lecteur. Rassurez-vous, ce sera bref mais vous aurez des séquelles...

Le vrai déficit de l’État – si on prend pour argent comptant les prévisions du budget 2013 - c’est 20 %. Oui : 20 % et non pas 4,5 %. Il faut donc qu’à terme l’État augmente ses recettes de 20 % (et non pas de 4,5 %). Il doit trouver cet argent. S’il ne le trouve pas ce sera la spirale des taux qui montent et nous nous retrouverons logés à la même enseigne que la Grèce, l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et l’Italie.

Si vous avez ce chiffre en tête, vous comprenez immédiatement l’ineptie de faire croire que les classes moyennes ne paieront pas et autres balivernes. Tout le monde va payer… très cher. Mais avant de poursuivre, je voudrai justifier mes 20 % de déficit. Le véritable déficit, c’est (Dépenses – Recettes) / Recettes.

Donc pour 2013, nous prévoyons des dépenses de 370,9 milliards d'euros, des recettes de 309,3 milliards d'euros et donc un déficit de 61,6 milliards d'euros. Le PIB – à tort assimilé à la production de richesse d’un pays – n’appartient pas à l’État. Ce que l’État s’approprie ce sont ses recettes fiscales. Exprimer un déficit en pourcentage du PIB n’a aucun sens. Assimiler un PIB à une richesse n’a aucun sens.

Un PIB est une somme de dépenses, dont certaines (une part croissante) sont financées par le déficit. Vos crédits à la consommation sont-ils des revenus, cher lecteur ? Non, bien sûr.



Nous estimons donc ce déficit à 20 %. Comment alors boucher les trous ? Contrairement à ce que pense le gouvernement, lorsqu’on en est à ce point, il est plus facile de dépenser moins que de gagner plus. La plupart des pays qui ont redressé leurs fiances publiques ont appliqué la règle des un tiers – deux tiers. Un tiers d’impôts en plus, pour deux tiers de dépenses en moins.

Mais nos inspecteurs des finances doivent avoir du mal avec les fractions. Le budget 2013 est construit sur deux tiers d’impôts en plus et un tiers d’économies qui ne sont que des dépenses différées. Car gagner plus, c’est lever plus d’impôts. Rappelons-le, l’État n’est pas créateur de richesse. Il ne gagne pas d’argent puisque justement, il faut qu’il en prélève pour subsister.

Lorsqu’on appartient au club des pays développés à la fiscalité la plus lourde (entre le deuxième ou le troisième rang selon les études), lever plus d’impôts est illusoire. Il ne s’agit plus de savoir si ce sont les riches ou les pauvres, les gros ou les petits, les boiteux ou les borgnes qui vont supporter plus d’effort. Demander plus d’effort devient mission impossible. Pourquoi est-il impossible de dépenser moins ?



L’État prélève déjà 56 % du PIB. Autrement le secteur public – qui n’est pas créateur de richesse – représente 56 % de notre économie. C’est un secteur qui ne gagne pas d’argent je vous le rappelle. Régulièrement vous lisez qu’on ne remplacera pas un fonctionnaire sur deux qui partira en retraite. Parfait. Très bien. Mais qu’est ce cela change à nos finances publiques à court terme ? Rien.

Car que je sache un fonctionnaire à la retraite ou un fonctionnaire en activité, c’est le même prix, non ? Les pays qui sont arrivés à dépenser moins sont passés par une case très douloureuse jamais évoquée en France qui est pourtant la nation la plus fonctionnarisée au monde : la réduction du traitement des fonctionnaires.

En France c’est un salarié sur cinq. Mais on ne voit pas pourquoi cette caste – sur représentée dans la classe politique - serait épargnée. Sinon, il y aurait quelque chose de corrompu dans notre démocratie. Et ce n’est pas possible, n’est-ce pas ?

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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