Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
Dans ce monde totalement hallucinant dans lequel nous vivons, l’économiste d’en bas que je suis, a parfois des moments de joie intense..; enfin, joie, c’est juste une expression. En réalité c’est très triste parfois d’avoir raison.
Mais bon, rire fait du bien alors rions !
Il y a quelques jours, dans un édito, je vous disais à propos de la crise du « REPO éternel » que nous semblions manquer de couillons pour acheter la dette américaine !
Et bien chez bloomberg, s’ils le disent de manière nettement plus policée que notre truculence de comptoir, je crois qu’ils sont également en train de se rendre compte que nous manquons de couillons et donc de volontaires pour acheter la dette américaine.
Que dit Bloomberg ?
« Qui achète les émissions obligataires ?
Les négociants principaux (primary dealers), qui sont obligés d’acheter les émissions obligataires du Trésor, ont absorbé de plus en plus de Bons afin de financer les baisses d’impôts de l’administration Trump, et ce, pour compenser la baisse de la demande des investisseurs. Habituellement, les négociants principaux utilisent les repos pour financer ses achats en mettant leur dette en garantie.
Le problème est que le système financier est déjà inondé de plus de 16 trillions de dollars d’obligations. De plus, les banques qui sont entravées par les régulations mises en place après la crise ont peu d’intérêt à participer à ce marché. En bref, il y avait trop de dettes inondant le système financier, et pas assez d’argent pour l’absorber. C’est ce qui a fait exploser les taux à très court terme. (…)
Bien sûr, la quantité d’obligations émises n’est pas le seul problème. Le paiement des impôts des entreprises a aggravé la situation en siphonnant des liquidités du système. Et pour être honnêtes, nous ne suggérons pas que les États-Unis vont connaître des problèmes de financement dans un avenir proche. Partout dans le monde, les taux obligataires sont au plus bas. Le dollar reste la monnaie de réserve mondiale. Vu les signes de faiblesse de l’économie mondiale, les investisseurs vont probablement continuer de se tourner vers les Treasuries pour leur statut de valeur refuge.
Cela dit, la crise des repo de la mi-septembre est un signe clair qu’il y a des limites à l’endettement des États-Unis. Les déficits ne sont pas neufs, mais ils s’accumulent. Depuis la crise de 2008, le marché des Treasuries a presque triplé ».
Pas si sûr…
Arretons-nous un instant sur cette affirmation « les investisseurs vont probablement continuer de se tourner vers les Treasuries pour leur statut de valeur refuge ».
Ce que j’aime dans cette phrase c’est le probablement, parce que pour le moment c’est l’inverse qu’il se passe et les gros acheteurs de dette américaine, ce sont les Japonais avec de l’agrent qu’ils n’ont pas et du yen qu’ils impriment. Ce sont les Chinois surtout en numéro 1, le problème des Chinois et je crois vous l’avoir dit, c’est que ce ne sont justement pas des couillons.
Si les États-Unis font la guerre commerciale à la Chine, il ne faudra pas compter sur la Chine pour acheter de la dette américaine. Cela fait un gros trou dans la raquette !
Certes, il reste les Européens, mais là encore, les législations et les régulations obligent de répartir les risques… Il y a donc une limite à tout !
Plus de 1.200 milliards cette année, autant l’année prochaine !
« La situation fiscale US n’a fait que s’empirer sous l’administration Trump. Pour les 11 premiers mois de cette année fiscale qui s’est terminée le mois dernier, le déficit a excédé le trillion de dollars. Selon le CBO, le déficit sera aussi supérieur à un trillion pour cette année ».
Cela veut dire que le déficit budgétaire à financer est considérable. Il a été d’au moins 1.200 milliards de dollars cette année et s’annonce de la même ampleur pour l’année prochaine.
Mais ce n’est pas tout ! Chaque mois il y a un stock de dettes qui arrive à échéance, c’est ce que l’on appelle le besoin de refinancement, car comme on n’a pas d’argent (à cause des déficits) pour rembourser ces dettes, il faut emprunter de nouveau et on rembourse les anciens crédits par de nouvelles dettes. C’est un schéma d’escroquerie classique à la Madoff; lui qui est en prison n’ayant pas fait autre chose.
On se retrouve donc chaque mois avec des centaines de milliards de dollars à trouver.
Comme nous manquons de couillons pour boucler les fins de mois, et bien la solution a été rapidement trouvée. C’est la FED qui s’en charge et rachète désormais 60 milliards de dollars de dettes chaque mois.
Ce n’est évidemment pas bon. Dans un monde normal le manque de couillons est suffisant pour précipiter un pays vers la faillite ou au moins la crise de financement. Mais dans notre monde magique d’économie Monopoly, c’est pas grave, quand il n’y a plus couillons pour payer, c’est la banque qui s’en occupe. Quand on a épuisé tout le stock de billets, « yaka » en imprimer d’autres.
Simple.
Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !