Depuis quelques jours, nous examinons des méthodes radicales pour réduire vos dépenses. Notre budget mensuel est de 500 $. Nous avons laissé courir notre imagination… mais certains de nos lecteurs l’ont fait ! Et il a été intéressant de constater que ceux qui ont vécu avec très peu d’argent rapportent que c’était certaines des années les plus heureuses de leur vie.
Actuellement, votre correspondant dépense considérablement plus de 500 $ par mois. Il est assis sur le balcon de sa cabine, qui surveille le port de Rhodes. A notre droite, l’endroit où se tenait autrefois le "colosse" — une gigantesque statue de bronze construite pour célébrer le succès de Rhodes contre Démétrios, l’"assiégeant" — l’une des sept merveilles du monde antique. La statue n’a existé que quelques années avant de s’effondrer suite à un tremblement de terre, puis a été découpée et emportée par les Ottomans. On dit qu’il y avait tant de bronze qu’il a fallu 900 ânes pour transporter le tout.
Mais nous allons vous épargner l’histoire et revenir à notre sujet : la farce. Oui, le monde de l’argent est devenu une plaisanterie. Sur le pont au-dessous de notre balcon, nos co-voyageurs font de l’exercice en parcourant le navire à pied. Ah ! Nous reconnaissons une voix… "Eh bien, avec des taux d’intérêt aussi bas"… disait la voix familière. Il s’agissait de Tim Price, notre collègue londonien. Tim se promenait sur le pont, discutant avec un ami. Il faut quelques minutes pour compléter le tour — nous ne pouvions donc entendre que des lambeaux de sa conversation.
"L’une des choses les plus difficiles à comprendre"… était la phrase que nous avons entendue lors de son deuxième passage. "Bien entendu, nous n’avons pas la moindre idée de quand ça va se produire"… remarquait-il au troisième passage. Comme des archéologues reconstituant un pot ancien, nous allons devoir remplir les morceaux qui manquent.
Carambolages et mauvaises directions
?"Avec des taux d’intérêt aussi bas, les prix de tous les actifs sont suspects", disait-il peut-être. Ou bien : "avec des taux d’intérêt aussi bas, il ne peut qu’y avoir des accidents". Des taux super-bas sont comme des panneaux d’autoroute qui auraient été bricolés par un fauteur de trouble. Ils envoient les conducteurs dans la mauvaise direction. Il ne tarde pas à y avoir un carambolage. Actuellement, par exemple, Deutsche Bank avertit d’un gigantesque accident guettant les obligations d’entreprises. Les entreprises ont pu emprunter des centaines de milliards de dollars aux taux les plus bas de l’histoire. Certaines ont utilisé cet argent à bon escient — construisant des usines et développant de nouvelles capacités pour stimuler la production. Avec cette nouvelle production, elles pourront augmenter les ventes et rembourser leurs prêts.
Mais ça n’a pas été le cas de toutes. De nombreuses entreprises ont pris l’argent simplement parce qu’il était disponible. Ensuite, elles l’ont distribué à leurs dirigeants et à leurs actionnaires — généralement au moyen de rachats d’actions. A présent, avec le déclin des prix à la production et du commerce mondial, elles n’ont aucun moyen de rembourser. Tant que l’argent reste super-facile, elles peuvent renouveler leurs dettes. Mais les taux d’intérêt — comme tous les autres prix — grimpent aussi bien qu’ils baissent. Lorsque les intérêts augmentent, le macadam devient glissant et les sirènes des ambulances retentissent.
"Bien entendu, nous n’avons pas la moindre idée de quand ça va se produire" s’explique tout seul. Inutile d’en dire plus. Mais nous devons nous arrêter là — il est temps de descendre à terre…
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