Une dette déjà énorme qui explose avec le Covid 19 ! Qui pourra la résorber et comment ?

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Par Daniel Moinier Publié le 6 novembre 2020 à 6h01
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462 MILLIARDS €Le montant de la dépense d'état devait se situer à 462 Mds d?euros mi-Octobre 2020

Avant la crise due au Covid 19, le montant de la dette française venait de dépasser le niveau du PIB du 3éme trimestre 2019, soit 2427 Mds d’euros ! Alors que le gouvernement était dans une recherche de modération des dépenses avec objectif, la diminution des déficits, c’est l’inverse qui vient de se passer. En 2019, le gouvernement traînait des pieds pour répondre aux diverses demandes des administrations, associations, syndicats.

En 2020, c’est tout l’inverse, les robinets se sont ouverts en grand sans modération, du jamais vu ! A tel point que les partisans de gouverner avec les déficits et les dettes se disent avoir eu raison, puisque le panier n’a plus l’air d’avoir de fond, les préteurs ouvrent les écoutilles facilement, y compris avec des taux négatifs, inédit et incompréhensible pour le français « ordinaire », lui qui n’a jamais eu de proposition dans ce sens, même si les prêts n’ont jamais été aussi faibles.

Entre les différentes annonces de promesses, d’emprunts, de plans de relance, le montant de la dépense d’état devait se situer à 462 Mds d’euros mi-Octobre 2020. Sachant que la dépense de l’état de 2019 s’est située à 338 Mds d’euros, c’est donc 124 Mds de hausse déjà prévue pour l’année 2020 ! Il est intéressant de noter que depuis plusieurs années l’état était obligé d’emprunter environs 200 Mds d’euros pour boucler son budget annuel, c’est 344 Mds qu’ils faudra emprunter en 2020 (dont les 20 qui viennent de s’ajouter). Au fur et à mesure de l’avancement de la 2ème vague du Covid, les annonces de soutien et de relances, se succèdent sans toujours apprécier si cela s’ajoute ou non au montant initialement prévu.

En résumé, début septembre un plan de relance de 100 Mds a été institué avec le projet de loi de finance rectificative, après l’adoption des deux premières rallonges fin mars et fin avril. Il y a aussi plus de 30 milliards d’euros de prévus pour financer l’activité partielle, 8 milliards pour abonder le fonds solidarité aux entreprises, 2 Mds pour la culture, 3 Mds d’exonérations de charges sociales et avec les annonces supplémentaires de soutien par le Président lors de son allocution du mercredi 30 octobre, les besoins de financement vont encore augmenter, deuxième crise oblige. Même si toutes les montants budgétés ne sont pas dépensés immédiatement, ils seront à rembourser.

Il est à noter toutefois que toutes les sommes annoncées ne sont pas dépensées immédiatement. Sur les 100 Mds seuls 80 Mds s’imputeront directement sur le budget de l’état. Certaines aides divulguées ne correspondent qu’à un décalage dans le temps des sommes perçues par l’état, comme le report d’échéances du paiement de certains prélèvements obligatoires.

Aux toutes dernières nouvelles, Bruno Lemaire vient d’annoncer sur RTL le 02 Novembre, un supplément de 20 Mds d’euros d’aides suite à la deuxième vague du Covid 19. Ce qui va encore aggraver lourdement le déficit !

D’où provient cet argent ?

C’est l’agence France Trésor qui s’en occupe au nom de l’état en ayant recours aux créanciers regroupés sous l’étiquette « marchés financiers », c’est-à-dire des banques, des fonds d’investissement, des compagnies d’assurance et même des particuliers. Elle émet des bons du Trésor (BTF) et des obligations assimilables du Trésor (OAT) qui correspondent à des reconnaissances de dettes. Celles-ci engagent l’état à rembourser les sommes empruntées dans un délai qui peut varier de quelques semaines à cinquante ans.

Sachant que l’état va pouvoir compter sur 40 Milliards d’euros de subventions européennes suite à l’accord des pays européens de mise en place d’un plan de 750 Milliards d’euros.

Pour la première fois ces montants ne seront pas à rembourser par chaque état qui en a profité mais ils formeront une dette commune à rembourser par les vingt-sept.

Ce plan prévoit le versement de 390 Milliards de subvention allouées d’ici 3023 aux Etats les plus touchés par le Covid 19.

S’endetter pour sortir de ce « bourbier », c’est certainement nécessaire, mais n’est-ce pas dangereux ?

Nous sommes dans une période déjà longue avec des taux d’intérêts bas qui ne risquent pas de remonter, sauf catastrophe, avant pas mal de temps, car la BCE veille au grain et également par un très important volume d’épargne au niveau mondial. De plus les investisseurs dans ce monde instable privilégient la sécurité en premier, avant le rendement et sont donc prêts à prêter de l’argent aux états. Ils prennent peu de risque car la Banque Centrale Européenne assure leurs arrières en rachetant leur dette aux investisseurs qui leur ont prêté de l’argent.

Pour autant, on ne peut pas compter indéfiniment sur la BCE notamment si l'inflation augmente, puisque son mandat est de lutter contre celle-ci. Elle serait dans ce cas obligée de remonter ses taux d'intérêts et les Etats devraient trouver d'autres agents pour acheter leur dette.

Rembourser ou annuler la dette ?

A)Rembourser

Il existe plusieurs possibilités de remboursement.

1)En augmentant les impôts et les taxes ?

La France ayant déjà des taux d’imposition dans les plus élevés du monde, ce serait difficilement supportable, d’autant qu’il faudrait de toute façon rembourser les prêts.

Il existe aussi la CRDS (Contribution au Remboursement de la Dette Sociale) Taxe que l’on pourrait augmenter en pourcentage. Actuellement de 0,5%, elle était à l’origine prélevée uniquement sur les salaires. Provisoirement mise en place en 1996 pour une durée limitée de 13 ans, elle a été prolongée en 2009 et à nouveau jusqu’en 2033 malgré sa disparition prévue en 2024.

2)En diminuant la dépense publique.

C’est facile de l’annoncer, plus difficile à réaliser. Aucun gouvernement n’a réussi durablement ce «challenge » depuis 1975 !

3)En étalant la dette

Cela veut dire la cantonner, l’isoler et la rembourser sur un temps long. Un exemple en 1996, la dette de la Sécurité Sociale a été versée dans la CADES (Caisse d’Amortissement de la Dette Sociale) crée pour cela. Ce « stratagème » ne permet que de gagner du temps et faire disparaître aux yeux de l’opinion une dette encombrante. Cela ne change rien au montant à rembourser ni au problème de son remboursement !

4)En augmentant la croissance

Profiter de la croissance pour redresser durablement les comptes publics. C’est le vœu de Bruno Lemaire qui mise sur une croissance en 2022. Avec le premier confinement les français ont épargné 75 milliards d’euros selon le rapport de l’OFCE. Lorsque cet argent sera dépensé, la croissance sera relancée engendrant plus d’activité pour les entreprises, donc plus d’emplois, moins de chômeurs, plus de taxes et impôts qui rentrent dans les caisses de l’état.

Il a même ajouté en plus de réduire les dépenses, il faudra travailler plus. Jean Castex a de son côté semblé laisser la porte ouverte à une augmentation de la durée du travail. "La philosophie qui est la nôtre est de réhabiliter le travail, c'est par le travail qu'on retrouvera des marges de manœuvre", a-t-il assuré sur France Inter.

Personnellement, je prône cette idée depuis longtemps : Augmentation des temps de travail et d’activité, véritable relance rapide de l’économie avec une remontée du niveau de la France par le bas.

Il sera nécessaire toutefois d’attendre la fin de la pandémie lorsque les entreprise, commerces,.. auront retrouvé suffisamment de fonds propres. Exclure la fonction publique au départ, pour ne pas augmenter de suite les dépenses de l’état.

B) Annuler la dette

La mesure n'est pas à l'ordre du jour. "Cela ne nous apporterait rien", a justifié François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, même si des experts de la Banque des règlements internationaux (Banque Centrale des Banques centrales) pensent que c’est possible sans la recapitalisation de la BCE. Mais il est estimé que la monnaie perdrait trop de valeur et que cela se terminerait en désastre financier.

Il existe aussi la possibilité que la BCE ne réclame jamais son remboursement. “Dans ce cas, il y aurait une monétisation de la dette”, explique Philippe Martin. Concrètement, comme l’argent créé ne rentre plus dans les coffres de la banque centrale, cela se traduit par un surplus de masse monétaire dans l’économie. “Le risque est de créer une forte inflation”, ce qui se traduirait par une importante baisse du pouvoir d’achat.

Il est à noter également que si les agences de notation préfèrent se montrer clémentes durant la période de crise, elles pourraient finir par dégrader les notes des pays si les trajectoires budgétaires ne se rétablissaient pas lors du retour à la normale.

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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