Déshabiller Pierre pour habiller Paul

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Par Patrick Crasnier Modifié le 29 juillet 2019 à 19h55
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Déshabiller Pierre pour habiller Paul - © Economie Matin

Ce pourrait être le titre d’un évangile, c’est juste ce qui se passe en ce moment à la SNSM (société Nationale de secours en mer) En effet cette société veut retirer le canot de sauvetage de l’île de Sein pour le « prêter » aux Sables-d’Olonne. Une affaire qui met en colère tous les habitants de cette petite île de la pointe du Finistère « un des endroits les plus dangereux du monde avec ses courants ses récifs et ses déferlantes. »

L'île de Sein privée de canot de sauvetage au profit des Sables-d’Olonne

L’île de Sein, reconnue Compagnon de la Libération par le Général de Gaulle après que la plupart des hommes de cette île aient rejoint l’Angleterre au mois de juin 1940. L’île de Sein qui a été le témoin depuis toujours de très nombreux naufrages dramatiques dans ce qu'on appelle « le raz de sein »

Un endroit redouté de tous les marins du monde, ce sont les marins de l’île de Sein, les seuls qui ont eu ce courage, qui ont construit le phare d'Armen pour tenter d’éviter que les naufrages continuent et se multiplient.

Alors cette île aux habitants courageux, où sur 216 habitants 36 sont des sauveteurs bénévoles de la SNSM, se voit en ce mois de juillet 2019 privée de son seul canot de sauvetage au profit des Sables-d’Olonne.

Le canot de sauvetage de la SNSM de l’ile de Sein nommé le « yves et François Oliveau » porte le nom de la famille qui a fait un don de 750 000 euros en 2006 pour sa construction. Avant sa mort, Madame Nelly Oliveau avait prévu ce leg à l’ile de Sein pour construire un bateau de sauvetage moderne. Sa seule dernière volonté étant que ce bateau de sauvetage porte le nom de son mari et de son fils, d’anciens marins. On peut donc dire que ce canot de sauvetage appartient à cette ile, le précédant bateau de sauvetage s’appelait le « ville de Paris » et avait été payé par Jacques Chirac alors maire de Paris, au nom de la ville.

Le maire de l’Ile de sein de décolère pas depuis cette triste nouvelle «C'est inadmissible», a-t-il dit auprès de l'AFP. Ajoutant : " L’ile est située dans une zone de puissants courants, comment on va faire pour les interventions et les évacuations sanitaires ? Les hélicoptères sont souvent empêchés de venir pour de multiples raisons"

Il a ensuite assuré que tout serait mis en œuvre pour que le bateau reste au port de l’ile, en terminant par cette phrase : "On ne retire pas un canot de sauvetage sur une ile."

Le canot de l’ile Sein "Yves et François Oliveau" est un des trois canots construits par la SNSM en 2016 pour répondre à l’évolution du sauvetage en mer. Le second a été affecté aux Sables-d’Olonne, il a rencontré des problèmes et ne navigue plus depuis janvier 2019. C’est la raison pour laquelle le 7 juin les sauveteurs avaient pris la mer sur le Jacques Morisseau, construit en 1986. Il serait légitime de se poser la question : "Pourquoi depuis Janvier le canot des sables d’olonne n’est toujours pas à la mer ?" Le troisième canot construit a été a affecté à la ville de Sète.

Suite au drame, plus de moyens hauturiers pour la période estivale

La SNSM indique dans un communiqué : Depuis le drame des Sables-d'Olonne intervenu le 7 juin dernier, qui a causé la mort de trois sauveteurs en mer, la station de sauvetage SNSM ne dispose plus de moyens hauturiers pour la période estivale. Cette nouvelle affectation durera « le temps des travaux de réparation » du canot de la station vendéenne, ajoute le communiqué, évoquant la date du 15 septembre. «Les opérations de sauvetage dans le raz de Sein seront assurées pendant cette durée par les stations SNSM d'Audierne et de Molène et les moyens aériens habituels», précise le communiqué.

Il paraît évident a tous ceux qui connaissent la situation du raz de Sein et qui sont professionnels de la mer, que venir d’Audierne ou de Molène, pour un sauvetage dans cette zone dangereuse c’est prendre un risque énorme, les délais étant allongés de plus d’une heure. (a minima) De plus les marins et sauveteurs de l'ile de Sein connaissent parfaitement les passes de cet endroit, tant les récifs a fleur d'eau, les courants sont nombreux. Faire venir des sauveteurs ne connaissant pas le raz de Sein c'est leur faire prendre un risque important tout en faisant prendre un risque aux personnes a sauver. Retirer le canot de l'île, c'est aussi mettre en danger les habitants en cas de problème de santé grave nécessitant un transport vers brest, une heure supplémentaire c'est quelquefois retirer tout espoir de sauver quelqu'un.

La période d’été avec son afflux de touristes et de plaisanciers est une période ou les interventions sont quotidiennes, le plus mauvais moment pour retirer le canot de l'ile disent les sauveteurs. Ils sont sous le choc, abasourdis un peu comme si on leur disait de cesser le sauvetage. Le président local de la SNSM dit même "On va fermer le bureau SNSM de l'île."

Lorsque le président national de la SNSM est interrogé, il "regrette" que la solidarité ne s'applique pas partout ! Faisant passer les iliens pour des égoistes aux yeux de la France, je pense qu'ils apprécieront. Cette île exemplaire ayant beaucoup donné à la France n'a certainement pas besoin de "leçons de solidarité"

Les habitants de l'ile de sein subissent régulièrement les tempêtes terribles de cet océan, ils sont solides et ne lâcheront pas si facilement "leur canot" vital pour les marins circulant dans cette zone.

Pour l’instant le canot est toujours dans l’île de sein, pour combien de temps ?

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Patrick Crasnier est diplômé en sciences humaines 3eme cycle en psychopathologie, après de longues années passées en cabinet libéral comme psychanalyste, blessé lors d’un attentat terroriste cesse cette activité en 1995. Continue comme photojournaliste, journaliste radiophonique (activités menées conjointement avec celle de psychanalyste depuis 1983) puis comme journaliste rédacteur au journal Toulousain et à l’écho des entreprises. Actuellement photojournaliste correspondant pour l’agence de presse panoramic et rédacteur dans plusieurs revues.

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