S'agissant des comptes publics, bien des citoyens, bien des politiques, bien des syndicalistes savent situer le niveau de la barre du retour à un seuil de prélèvements compatible avec la notion de société motivante et performante. Nous sommes face à un effort de 6 points de PIB et à un plan drastique qui dépasse les 50 milliards d'euros.
De front, la question est impossible à résoudre car l'hystérésis des structures et des lourdeurs publiques ne doit pas être faussement masquée. Masquer c'est tromper. Nous sommes face à une tâche collective urgente mais qui prendra des années. En revanche, s'attaquer aux questions de fond suppose davantage de rigueur et d'imagination que l'histoire récente ne le montre.
En premier lieu, nous réitérons notre choix consistant à privilégier un cumul des fonctions, pendant 18 mois, entre le locataire de Bercy et l'hôte de Matignon. En sa grande sagesse et lucidité, c'est ce que Raymond Barre avait obtenu du Président Giscard d'Estaing lors de sa nomination à Matignon en 1976. De nos jours, cela relève – au terme de notre analyse du fonctionnement interministériel – de la nécessité publique. Faire autrement, c'est réduire d'autant l'efficacité du plan à déployer. C'est perdre en rendement dans cette course au sérieux budgétaire.
Deuxième point, nous devons parvenir à engager des dépenses " à leur juste prix " pour reprendre un terme de Jean-Paul Bailly lorsqu'il était confronté aux importants budgets de maintenance de la RATP qu'il présidait (1988). Autrement dit, savoir répondre à la demande sociale en étant vertueusement économe comme le redressement suédois récent le montre. Ne pas avoir des oursins dans les poches et éviter de casser les budgets publics est possible sans régresser au plan du plateau technique des services publics. Nous savons tous, économistes et contribuables, que l'Etat peut faire aussi bien avec moins de fonds engagés.
Troisième point, tout est question de méthode et la RGPP ne marquera les esprits que par ses limites plus que par ses succès et le coût lié de ses budgets de consultants privés qui n'ont pas connu la disette, loin s'en faut. Concernant le nombre d'agents publics, tout millefeuille confondu, il est opportun de garder à l'esprit des options discrètes de Monsieur Choussat nommé en 1982 par Monsieur Delors après accord du Président Mitterrand qui pressentait donc l'imminence du tournant de la rigueur (1983). Dans son rapport émis au nom de l’Inspection des Finances, Jean Choussat avait ajouté que le sureffectif de 500.000 agents détectés – alors - dans la Fonction publique coûtait "au minimum 150 milliards de francs par an à l’Etat" soit près de 23 milliards d'Euros hors intégration de l’inflation (1997-2014) qui nous conduirait à un peu moins de 30 milliards actualisés. Ceci avant les embauches des collectivités territoriales récemment pointées du doigt par la Cour des comptes.
Quatrième point, de grandes firmes industrielles ont montré la pertinence des groupes de paroles et des approches de type boîte à idées qui peuvent alors valoir récompense sonnante et trébuchante pour les plus méritants des participants. A l'heure actuelle, en quoi une infirmière du public est-elle motivée par des questions de budget ? Quelle est la connaissance des coûts par les agents de la Fonction publique ? Quels temps de formation la Nation dédie-t-elle à ce volet de la connaissance des budgets ? Un homme comme Francis Mer, venu du difficile secteur de la sidérurgie, avait tenté d'impulser une dynamique en ce sens. Sans grand aboutissement, hélas. Car si " ce qui ce conçoit bien s'énonce clairement " ( Boileau ), nul doute que ce qui se visualise en chiffres se maîtrise en dépense effective. Telle est ma conviction dans ce dossier des cinquante milliards où le concours Lépine de la démagogie est ouvert tandis que les aiguilles du temps tournent en défaveur de notre indépendance nationale et du grand mot de Libertés publiques.