Dans l’étrange folie contagieuse de la présidentielle, le programme de Jean-Luc Mélenchon tiendra longuement une place à part, puisqu’il repose sur une quasi-soviétisation de l’économie française. Détaillé pendant cinq heures hier, ce catalogue foisonnant apparaît comme une bulle spéculative (intellectuellement parlant) dont le résultat net est la soviétisation de fait de l’économie française. On a du mal à y croire, mais il existe encore quelque part dans le monde des gens qui présentent comme une solution d’avenir tout ce qui a provoqué la ruine de l’Europe orientale… et qui continue à empoisonner la vie de millions de Nord-Coréens et de quelques autres.
100 milliards d’investissement public
Mélenchon n’hésite pas à proposer un plan d’investissement public équivalent à 3,5% du PIB, soit une explosion complète du déficit. On retrouve ici la croyance superstitieuse dans la dépense publique comme levier de croissance. Supposons!
Mélenchon, c’est aussi 173 milliards de dépenses de fonctionnement nouvelles
Là où le programme de Mélenchon sombre dans le délire, c’est évidemment dans la programmation d’une hausse des dépenses publiques équivalent à 7 points de PIB. Et là, tout y passe: le retour à la retraite à 60 ans à taux plein, un million de logements publics en cinq ans, une hausse de 50% du budget de l’éducation, et autres calembredaines sorties tout droit de cerveaux d’idéologues dont aucun n’a la moindre idée du fonctionnement réel du circuit productif.
On se demande si, en dehors des fonctionnaires qui profiteront de ce système, il existe encore en France des cerveaux prêts à recevoir ce genre de discours.
1,5 million de fonctionnaires en plus
Comme Mélenchon ose tout, il pousse le vice jusqu’à annoncer (façon Trump: plus c’est gros, mieux ça passe) 3,5 millions d’emplois créés en cinq ans, dont 2 millions dans le secteur marchand. Par déduction, on comprend donc que Mélenchon propose de financer 1,5 millions d’emplois publics ou associatifs.
Les gogos avaleront tout cru le mensonge des 2 millions dans le secteur marchand, dont on voit mal comment un gouvernement peut s’engager à les pratiquer. En revanche, nous ne couperons pas à l’irresponsable création de 1,5 millions de fonctionnaires occupationnels vivant sur le dos d’une bête qu’ils passeront leur temps à trouver ingrate.
L’inquisition fiscale comme méthode de gouvernement
Pour financer ce délire collectif, Mélenchon a trouvé plusieurs solutions simples. D’abord, il supprime tous les allègements de cotisations sociales (tout en augmentant les prestations de sécurité sociale, ce qui revient à faire exploser le coût du travail). Ensuite, il lutte contre la fameuse fraude fiscale: il paraît que cela rapportera 33 milliards. Il y ajoute la suppression des niches fiscales: 38 milliards de plus.
Bref, sur les seuls particuliers, l’effort fiscal serait majoré de 70 milliards d’euros. On imagine aisément par quelles méthodes l’administration fiscale atteindra ces objectifs extravagants: inquisition, répression, surveillance généralisée, interprétations abusives des textes et décisions rétroactives destinées à pénaliser au maximum la création de richesse.
Comment Mélenchon prépare la déstructuration de l’économie française
On se demande comment un tel programme peut réellement exister, dans la mesure où il décrit ce contre quoi les peuples européens de sont révoltés depuis plus de cent ans. L’analyse de Mélenchon repose ici sur un déni de réalité, notamment sur l’occultation du poids réel des dépenses publiques aujourd’hui en France, et de l’exaspération que ce poids suscite.
Après le choc fiscal causé par Hollande et sa fine équipe, et qui a tué la croissance en faisant exploser le chômage, Mélenchon propose cette fois une overdose de dépenses publiques… dont la franchise inquiète quant à la santé idéologique d’environ 15% de l’opinion publique.
Article écrit par Eric Verhaeghe pour son blog