Démission de Mario Monti : une menace pour l’Europe ?

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Par Steen Jakobsen Modifié le 11 décembre 2012 à 5h54

Mario Monti, la tête pensante des pays du Club Med, a annoncé sa décision de jeter l’éponge après avoir perdu le soutien du PDL, le parti de Silvio Berlusconi. On ne peut pas lui en vouloir, mais c’est un coup dur pour les tenants de la politique de l’autruche.

Le “Club Med” est parvenu en 2012 à extorquer des concessions considérables de la part de l’Allemagne et de la Commission Européenne. Mario Monti a joué un rôle notable dans ce processus, au point que Bruxelles l’a soupçonné de tirer les ficelles derrière Rajoy, Hollande et Draghi. Si l’influence de Monti ne doit pas être surestimée, c’est lui qui incarne peut-être le mieux la politique de déni menée par les pays d’Europe du Sud.

Quand on lui demandait quelles étaient les deux choses qui pourraient aider l’Europe à retrouver une situation normale, il répondait : un gouvernement stable et les obligations européennes. Quelle ironie de constater qu’il est lui-même la raison pour laquelle la situation politique italienne se retrouve sur la sellette et que les euros obligations n’ont jamais paru aussi loin. L’Italie est proche de voler la vedette à la Grèce et à l’Espagne en tant que source potentielle de risques pour l’Union Européenne.

Les tensions sociales en Italie, Espagne et Portugal sont sur le point d’exploser. Désespérée, la jeunesse se tourne vers des figures politiques plus radicales qui lui semble représenter le mieux ses intérêts. Un phénomène malheureusement des plus classiques lors de crise économique grave.

L’ouverture à Sydney dimanche a vu la paire euro dollar sous pression, mais le plus important est la réaction sur les taux obligataires ce lundi. Une réaction à surveiller dans la mesure où la BCE pourra éventuellement activer l’OTM en faveur de l’Italie plutôt que de l’Espagne. Des rumeurs courent depuis vendredi au sujet d’une demande d’aide de l’Italie. Avec les changements de ce weekend, cette demande hypothétique pourrait bien devenir réalité avant la fin de l’année.

Le Corriere della Sera a écrit que c’est, pour Berlusconi, le début de la campagne électorale, ainsi que la fin de son positionnement de « leader modéré ». Les prochaines élections, probablement autour du 10 mars, entérineront la fin du « Berlusconisme ». Le risque est que personne n’obtienne suffisamment de votes pour conduire le parlement en 2013. Le Parti Démocrate (un mix de courants politiques très hétérogènes), pourrait bien devenir le premier parti d’Italie et devra négocier avec des formations plus petites pour obtenir la majorité. Confusion politique et faiblesse économique font un très mauvais cocktail.

La semaine dernière a été assez spéciale : la complaisance du marché est visible pour tous, mais au-delà de l’ambiance de noël, plusieurs mauvaises nouvelles sont tombées. Même la situation politique s’est mise à bouillir avec Berlusconi qui s’est jeté dans la course à l’élection. Son parti ne recueille pour l’instant que 15% d’intention de votes dans les sondages mais Berlusconi s’est construit une position anti-UE et anti-Monti dans l’espoir de gains électoraux, de quoi crisper l’Europe et en particulier la BCE.

Pendant ce temps, l’Espagne doit toujours faire face à son déficit. Au contraire des autres indices européens, l’IBEX sous-performe de 4% depuis la fin septembre.

Quant au Portugal, qui était il y a quelques semaines le symbole de l’austérité, le pays a enregistré au troisième trimestre un recul de 3.5% de son PIB tandis que les exportations stagnent.

Le Portugal est dans une situation critique : le gouvernement est isolé et menace d’augmenter les taxes “massivement” (ce sont leurs mots) en 2013. Comment les politiciens peuvent-ils être aussi nuls ? Est-ce nous, citoyens, qui n’avons pas été suffisamment critiques et exigeants à leur égard ? Ou est-ce un défaut de l’économie européenne moderne, conséquence directe des interventions étatiques ? En effet, lorsque plus de 50% d’une population n’a aucun intérêt à modifier le statu quo, croissance, productivité et innovations sont remplacées par complaisance et égoïsme. C’est pourquoi nous avons besoin d’une crise. Nous devons revenir aux fondamentaux à tout point de vue, et le plus tôt sera le mieux.

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Economiste en chef chez Saxo Bank

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