Les Français franchissant la frontière de l'Hexagone le font, dans l'imaginaire collectif, pour des raisons essentiellement fiscales. Faux ! Pour la simple et bonne raison que 40% de ceux qui partent ont moins de 30 ans, et que 65% d'entre eux sont célibataires. Or à priori, peu de ces jeunes actifs paient l'ISF ou même des impôts extravagants.
Un pic de départ en 2011
Hier, le président de la commission des Finances, Philippe Marini (UMP) a présenté des chiffres inédits au Sénat sur les départs à l'étranger des contribuables tricolores.
En 2011, 35 077 foyers fiscaux ont choisi de quitter la France. Peut-on vraiment parler d'un exode ? Pas vraiment... Mais c'est tout de même beaucoup plus que la moyenne des trois années précédentes : entre 2007 et 2010, "seuls" 26 000 contribuables ont quitté le navire chaque année.
Cette multiplication des départs en 2011 s'observe aussi chez les personnes déclarant plus de 100 000 euros. Les Français aisés pressentaient-ils la victoire du camp socialiste ? La hausse des impôts qui en découlerait inévitablement ?
En moyenne, les contribuables partis déclaraient 39 000 euros de revenus annuels
Qui sont les Français en partance ? Des gens qui déclarent en moyenne 39 000 euros par foyer en 2011. Pas vraiment des Gérard Depardieu en puissance...
Il semble donc, et cela se voit vite quand on vit à l'étranger, que l'envie d'entreprendre, de prendre des risques, de vivre l'aventure loin de son cocon familial et national priment sur la simple volonté de payer moins d'impôts.
Ce qui finalement, est encore pire pour la France. Car si la seule motivation des actifs sur le départ était de fuir le matraquage fiscal, on pouvait imaginer qu'au fur et à mesure que les impôts baisseraient, ces gens reviendraient. Or l'équation apparaît bien plus compliquée !
Parmi les pays les plus plébiscités par les Français aux revenus moyens, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, pas vraiment des paradis fiscaux. Plutôt des contrées favorables à l'innovation, à l'entreprise, à la débrouillardise. En revanche, les Français aux plus hauts revenus préfèrent, sans surprise, la Suisse ou la Belgique.
Reste à savoir combien de Français reviennent chaque année vivre dans la mère patrie. Là, on manque encore de chiffres.
Evidemment, les chiffres 2012 et 2013 seront scrutés à la loupe, pour voir quel effet l'arrivée de François Hollande au pouvoir a pu avoir sur l'expatriation de dizaines de milliers de ses concitoyens. En somme, qui a joué au "sauve-qui-peut" ?!