En route pour l’exil, en rang… Depardieu !

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Par Michel Garibal Modifié le 20 décembre 2012 à 5h58

Dans un univers chahuté par la mondialisation, où les dirigeants politiques affichent une médiocrité consternante en se livrant à des guerres intestines dérisoires, les peuples ont besoin de se raccrocher à des personnalités fortes susceptibles de leur offrir une boussole. Paradoxalement, l’affaire Depardieu crée la surprise en donnant le départ à un mouvement qui prend chaque jour de l’ampleur à travers la presse et pourrait déboucher sur des conséquences encore imprévisibles, mais qui commencent à inquiéter le pouvoir en place.

François Hollande a donné le ton pour éviter l’incendie, en refusant de blâmer la conduite de Gérard Depardieu sans le citer. Arnaud Montebourg, qui n’est pas à un paradoxe près, l’appelle à revenir en France.

Car l’homme est une de ces personnalités hors du commun, dont les excès en tous genres suscitent la critique par des manifestations de vulgarité difficilement acceptables, mais aussi une certaine admiration devant la réussite d’un homme parti du plus bas de l’échelle sociale pour devenir un entrepreneur avisé autant qu’un acteur adulé du public. Ce ne sont pas les 145 millions d’impôts payés au cours d’une existence de contribuable actif qui retiennent l’attention de l’opinion - le chiffre est trop énorme pour avoir une représentation tangible dans un pays où le seuil de la richesse se situe à quatre mille euros selon les propos de campagne du candidat Hollande.

Mais il survient à un moment crucial où le pays vient de subir une salve sans précédent d’impôts nouveaux, alors que le gouvernement éprouve toutes les peines du monde à échapper à la loi des lobbies qui l’empêchent d’organiser parallèlement la réduction du train de vie de l’Etat par une chasse aux dépenses inutiles ou improductives. Le gouverneur de la Banque de France n’a pas hésité à déclarer que le compte n’y est pas, tandis que la banque centrale européenne critique une politique qui fait la part trop belle aux impôts en se montrant timoré sur la réduction de la dépense publique.

L’Europe vient de montrer son existence en triomphant de la crise de l’euro qui a failli la briser. Elle doit aujourd’hui aller de l’avant vers une plus grande harmonisation. Cela signifie la faculté pour les citoyens des pays qui la composent de s’installer où ils le souhaitent en fonction de leurs propres intérêts. Cela implique aussi pour éviter les déséquilibres géographiques que les systèmes juridiques évoluent progressivement vers un régime qui gomme les aspérités.

Pour l’instant, ce n’est pas le cas de la France où les nouvelles dispositions fiscales font plutôt office de repoussoir chez nos partenaires. Le départ bruyant et très médiatique de Gérard Depardieu peut ainsi jouer un rôle de catalyseur. Il a déjà un effet d’entraînement sur les milliers de Français, notamment les entrepreneurs proches de la retraite, qui envisagent d’aller vivre sous d’autres cieux. Après tous les héros qu’il a interprétés, c’est lui-même qu’il met en scène aujourd’hui pour convaincre et trouver un cap.

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