Depuis 2007 et l’explosion de la crise des subprimes rien, je dis bien rien n’a changé. Nous vivons depuis maintenant presque 9 ans un combat titanesque, dantesque, je dirais même d’anthologie entre les forces inflationnistes et les forces déflationnistes.
On pourrait croire qu’il ne se passe rien parce que finalement ces deux adversaires de force presque identique se « compensent » et donc pour le commun des mortels, pour l’être humain normal il n’y a ni vraiment d’inflation, ni vraiment de déflation, finalement il ne « se passe pas grand chose », c’est le calme plat, une forme de stabilité en réalité profondément trompeuse.
Ce phénomène de déflation et d’inflation (ce qui est totalement contradictoire) je lui ai donné le nom il y a quelques années d’indéflation pour décrire la coexistence de deux concepts radicalement opposés qui pourtant coexistent dans les faits en raison justement de ce combat de titans qui est à l’oeuvre aujourd’hui.
L’économie est déflationniste !
L’économie mes chers amis est déflationniste. Elle est déflationniste structurellement et conjoncturellement.
Structurellement car par définition, le capitalisme vise toujours à faire mieux avec moins, à produire plus pour moins cher, à augmenter sa productivité et son efficience.
En termes conjoncturels, l’économie traverse une phase encore plus déflationniste dans la mesure où la mondialisation, la globalisation, les progrès de l’informatique et de la robotique sont profondément déflationnistes aussi. Enfin, il ne faut pas oublier la démographie partout orientée vers le vieillissement des populations au mieux et au pire comme au Japon vers la réduction de la population aussi bien active que totale.
L’économie mondiale, globalement est donc profondément déflationniste, or dans un monde qui repose sur une pyramide de dettes en augmentation constante, la déflation est le pire des scénarios, la déflation entraîne l’insolvabilité et l’effondrement du système. Il faut donc par tous les moyens combattre la déflation.
On ne peut combattre la déflation que par l’inflation !
Pour éviter la déflation, il n’y a pas d’autre choix que d’invoquer les forces maléfiques de l’inflation !!! Pour ce faire les banques centrales du monde entier ont décidé de politique de taux d’intérêt proches de zéro ou négatifs, on peut même décider d’injecter de l’argent créé de toutes pièces à travers des « rachats d’actifs » ou autres plans appelés QE par exemple.
Tout cela amène à augmenter de façon très importante la quantité de monnaie disponible dans le système économique. Cela vient également biaiser complètement le processus de fixation des prix puisque l’argent est gratuit, l’argent ne coûte rien.
Résultat ? Nous obtenons la formation de bulles financières ou spéculatives monumentales. Nous assistons à la coexistence de deux phénomènes contradictoires avec l’augmentation de certaines choses et la baisse de certaines autres. Si les salaires des gens baissent par exemple, si les matières premières baissent parce qu’il n’y a pas de croissance, l’immobilier monte toujours, et les actions montent encore, sans parler des obligations !!!
C’est cela l’indéflation. Mais globalement, vues par les « gens d’en bas », les choses finalement semblent relativement stables.
Rien n’a changé, la déflation gagne toujours d’où une fuite en avant nécessaire
Dès que l’on arrête les « stimuli » monétaires et les injections de monnaies, l’économie retrouve sa tendance naturelle à savoir la déflation. Il est impossible d’en sortir sauf à changer la nature des facteurs qui l’expliquent à savoir la mondialisation, les progrès techniques, la nature même du capitalisme et enfin la démographie.
Comme nous ne remettons en cause aucun de ces facteurs déflationnistes (je ne juge pas, je constate froidement) il est évident que je peux vous annoncer sans me tromper que la déflation va se poursuivre.
Comme la déflation entraîne au bout du compte l’insolvabilité généralisée (les dettes augmentent, les PIB baissent, donc tout le monde termine par une faillite retentissante), et que personne ne veut d’un effondrement total du système, il n’y a qu’une seule issue… lutter contre cette déflation en utilisant l’inflation donc en jouant sur la quantité de monnaie.
D’où l’idée que plus c’est pourri mieux c’est !!!
Et oui, le raisonnement est très simpliste mais pour le moment il fonctionne à merveille. Plus la situation est pourrie, plus l’économie est mauvaise et déflationniste plus les autorités financières, les banques centrales et autres mamamouchis de l’économie seront obligés pour éviter l’effondrement de créer tout plein de billets tout neufs !!! Et cela va faire monter les actifs comme les actions, les obligations, et l’immobilier que l’on va se dépêcher d’acheter non pas parce que c’est intelligent de le faire à long terme mais parce ce que, à court terme, le prix des actifs va forcément monter.
Plus c’est pourri donc, plus les taux baissent et l’argent coule à flot, plus le risque inflationniste revient et donc l’or augmente !
Mais retenez bien une chose. Les prix de l’or ne prennent en compte qu’une seule chose : le risque inflationniste. Les prix de l’or ne prennent pas du tout en compte le risque d’insolvabilité qui serait la conséquence ultime de la victoire de la déflation dans ce combat de titans.
Dans tous les cas, l’économie actuelle est morte et votre épargne aussi. L’économie est morte parce qu’au bout du compte, soit l’inflation soit la déflation gagneront et dans les deux cas votre épargne sera laminée, soit par une hyperinflation soit par des faillites.
La seule question est de savoir combien de temps les autorités mondiales sauront piloter ensemble la situation pour maintenir ce statut quo, et franchement, aujourd’hui bien malin celui qui peut le dire. Cela peut durer encore 10 ans comme prendre fin dans un mois. Il ne faut pas non plus oublier le risque de choc exogène qui viendrait enrayer cette belle stratégie bien fragile de nos banques centrales. Le moindre grain de sable peut provoquer un effondrement presque immédiat.
Vous devez avoir conscience de ce combat entre inflation et déflation, vous devez avoir conscience de la fragilité extrême de ce système et du statut quo dont nous bénéficions tous.
En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !
Article écrit par Charles Sannat pour son blog Insolentiae