Q1 : Pensez-vous que la concertation en cours sur la future loi Travail entre le Gouvernement et les syndicats permettra d’aboutir à un compromis sur ce projet ?
- Sous total « Oui » : 50 %
- Sous total « Non » : 49 %
- NSP : 1 %
Q1 : 50% des Français interrogés pensent que la concertation sur la Loi Travail permettra d’aboutir à un compromis sur le projet (49% pensent au contraire que la concertation n’aboutira pas).
Après une longue séquence politique qui a vu se succéder les scrutins électoraux et les nominations, tout est institutionnellement en place pour lancer le train de réformes promis par le Président de la République.
Cette nouvelle séquence, qui s’ouvre avec la réforme du Code du Travail, dont les contours ont été annoncés hier par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, fait basculer le Gouvernement dans une nouvelle dimension de communication.
En effet, les Français vont dès à présent pouvoir juger l’exécutif sur la réalité des actes et non pas seulement sur des impressions ou des émotions de communication distillées pendant les campagnes présidentielle et législatives.
Il faut reconnaître que sur la première réforme d’envergure, les Français interrogés demeurent circonspects sur la méthode de gouvernement.
50% d’entre eux considèrent que la méthode de concertation mise en œuvre par le gouvernement peut permettre d’aboutir à un compromis sur le texte, alors que 49% considèrent que la concertation n’aboutira pas.
Bien que le gouvernement ait décidé de légiférer par ordonnances, avant la fin du mois de septembre sur cette première grande réforme du quinquennat, il a mis en œuvre une stratégie visible de pédagogie avec les syndicats en organisant une grande session de concertation qui va se dérouler en même temps que la procédure parlementaire devant aboutir à la signature des ordonnances en septembre.
En communication, le résultat de notre sondage et la méthode gouvernementale appelle un commentaire positif et deux mises en garde :
D’un point de vue positif, la méthode gouvernementale a permis de jeter un coin entre les organisations syndicales puisque la CGT a décidé d’appeler à une journée d’action et de grève le 12 septembre prochain, alors que les autres organisations participent aux concertations en considérant qu’aujourd’hui le dialogue prime sur le rapport de force.
Pour l’avenir, c’est plutôt une bonne nouvelle pour le Gouvernement que d’être en situation d’affronter un front syndical désuni.
En revanche, le soutien de l’opinion publique à une telle réforme interroge.
En début de quinquennat, on pouvait imaginer que l’opinion publique serait plus optimiste dans la capacité du Gouvernement à mener les concertations à leur terme et donc à porter cette première réforme avec succès.
Le résultat mitigé de notre sondage est peut-être, déjà, un petit signal d’alerte au gouvernement.
Pour finir, les soupçons de favoritisme et de violation des règles de mise en concurrence dans l’attribution d’un marché pendant la campagne présidentielle alors que Muriel Pénicaud occupait les fonctions de Directrice générale de Business France est également un handicap de communication pour la ministre. Cette situation peut polluer le déroulé de la concertation et la fragiliser en pleine période de concertation syndicale. Sur ce dernier point de communication, il faut affirmer que, malgré ses tentatives, le Gouvernement n’a pas encore trouvé la parade...
Q2 : La Cour des Comptes indique dans son audit un déficit public supérieur à celui qui était prévu. Pensez-vous que le gouvernement pourra quand même mettre en œuvre les promesses de réduction des impôts faites par Emmanuel Macron durant sa campagne ?
- Sous total « Oui » : 40 %
- Sous total « Non » : 59 %
- NSP : 1 %
Q2 : 59% des Français interrogés considèrent que le Gouvernement ne pourra pas mettre en œuvre les promesses de réduction d’impôt promises après les révélations de l’audit de la Cour des Comptes sur le déficit public.
La Cour des Comptes, en rendant ce matin son audit annuel des comptes publics, a lancé une véritable bombe contre le Gouvernement précédent et bousculé l’actuel en le poussant à prendre la parole, après lui avoir demandé de « faire un effort d’économies sans précédent ».
En effet, l’audit accuse en effet le Gouvernement précédent d’avoir présenté fin 2016 un budget insincère (donc faux) pour ce qui concerne les dépenses de l’Etat en 2017. Par ailleurs, la Cour des Comptes affirme que le Gouvernement, en laissant filer les déficits, a mis en risque la promesse de ramener le PIB sous la limite bruxelloise des 3%.
Par ailleurs, la date de remise tombe à un moment clef du début du quinquennat puisque le Président de la République s’apprête à faire un discours devant le Parlement réuni en Congrès lundi prochain.
Le Premier Ministre prononcera son discours de politique générale à l’Assemblée, le lendemain.
C’est donc la première immixtion d’une réalité économique extérieure et donc non maîtrisée dans la communication politique de l’exécutif depuis l’élection du Président de la République.
En communication, toute la question est de savoir si, après cette mise en garde de la Cour des Comptes, le couple exécutif peut rester le « maître des horloges » de ses prises de parole ou si les sujets d’actualité poussés par l’extérieur vont l’obliger à bousculer son rythme et son calendrier.
Alors que la stratégie de communication du couple exécutif basée sur la rareté et la maîtrise des agendas, a porté ses fruits en termes de popularité, toute la question est de savoir comment ils vont réagir pour rassurer rapidement les Français sur le bien fondé de leurs actions et leur capacité à maintenir un cap vers des promesses de réformes tenues.
De leur côté, les Français instruits par les précédents de 1995, 2008 ou 2012, qui avaient respectivement vu le - Président Chirac renoncer à lutter contre la fracture sociale pour se tourner vers une ligne de contrôle renforcé des déficits, - le Président Sarkozy en 2008 face à la crise mondiale avait renoncé aux baisses d’impôts et - le Président Hollande en 2012 avait mené une politique plus libérale que celle que ses discours pouvaient annoncer, ont déjà pris acte de la situation de manière pessimiste.
En effet, 59% d’entre eux affirment que le Gouvernement ne pourra pas mettre en œuvre les réformes fiscales promises. Ce chiffre montre une forme de résignation de la part des Français sur les promesses électorales, que le Gouvernement devra rapidement dissiper pour ne pas prendre le risque de voir sa popularité s’étioler avant la rentrée.
Le Premier Ministre en tenant des propos très durs à l’endroit du Gouvernement précédent dès cet après-midi, tout en affirmant vouloir contenir le déficit sous la barre des 3% en 2017, donne une première indication sur la capacité de réaction de l’exécutif en pareilles circonstances.
La seconde indication qui confirme, dans une certaine mesure, les résultats de notre sondage, est que le Premier Ministre affirme pouvoir réaliser cet objectif sans augmentation d’impôts.
Comme vous l’avez tous compris, affirmer ne pas vouloir augmenter les impôts signifie, à contrario, ne pas être en mesure de les baisser non plus…
Sic Transit Gloria Mundi.
Sondage Tilder-LCI-OpinionWay