Les encouragements de Bruxelles à la France ne sont en aucune façon une surprise. Il semblait complètement exclu que la Commission Européenne engage une procédure de sanction vis-à-vis du pays. Toutefois, la lenteur des réformes, et notamment la mise en application du pacte de responsabilité, suscite des doutes sur la capacité de Paris à atteindre ses objectifs de réduction du déficit dans le temps imparti.
Dans le contexte politique actuel, marqué par une montée de l'extrême-droite, Bruxelles n'a aucun intérêt à revêtir l'habit du Père Fouettard que plusieurs responsables politiques français lui ont régulièrement affublé. C'est ainsi que doit être compris la mansuétude de la Commission européenne à l'égard de la France.
Il s'agit donc, avant tout, d'une décision politique et non d'une décision économique. Bruxelles a tout simplement offert un répit salutaire au pays, traversé par des clivages de plus en plus importants, mais les pressions dans les coulisses doivent être encore très significatives pour forcer le gouvernement à faire preuve de plus de réactivité.
Les récents chiffres économiques, en particulier ceux publiés ce matin concernant l'activité manufacturière, dressent un panorama déprimant de l'économie française. Il va être, de fait, extrêmement difficile pour le gouvernement de réduire à la fois le chômage et d'atteindre une cible de déficit à 3%. Il sera, vraisemblablement, forcé dans les prochains mois de faire un choix qui, d'une manière ou d'autre, sera impopulaire.