La semaine vue par Louis XVI : Quand le déficit de l’Etat s’envole

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Par Eric Verhaeghe Modifié le 5 juin 2013 à 16h23

Mon cher François, je dois saluer ton habileté politique - un art que tu as sans doute porté à la quintessence, car avant toi, il me semble bien qu'aucun monarque républicain n'avait autant osé transformer sa charge en scène de bateleur.

Durant ta campagne électorale, tu avais annoncé que tu raserais gratis l'ensemble des Français. Et je constate que si tu les rases effectivement, tu leur en fais payer le prix fort.

Ne leur avais-tu pas juré tes grands dieux que tu tiendrais les objectifs communautaires de réduction des déficits publics ? Arrivé au pouvoir, tu as plaidé la dureté des temps pour obtenir un petit arrangement sur les délais de réduction. Les mauvais esprits n'ont d'ailleurs pas manqué d'ironiser sur la prétendue découverte que constituait pour toi cette crise dont si longtemps tu as nié l'existence. Mais qu'importe... Si les déficits ne se réduisaient pas aussi vite que prévu, au moins ils se réduisaient. Tu t'y engageais.

Mais... Quel faquin tu fais! Une fois de plus tu as menti. Car de réduction du déficit, personne n'en voit poindre le début d'un commencement. Bien au contraire, le déficit s'envole...

Je me plonge dans la situation mensuelle du budget de l'Etat au 31 mars 2013. Et que vois-je ? En mars 2011, au bout de trois mois donc, l'Etat avait accumulé un déficit de 17 milliards d'euros. En mars 2013, le déficit s'élève à 20,6 milliards d'euros.

Autrement dit, le déficit de l'Etat en 2013 a augmenté de 20% par rapport à 2011. Jolie performance, François, quand, dans le même moment, tu multiplies les affirmations péremptoires sur ta bonne gestion.

Regardons maintenant comment se décompose ce déficit
D'un côté, tu as les recettes de l'impôt. Elles sont passées de 65 milliards en mars 2011 à près de 70 milliards cette année. Soit près de 8% d'augmentation. Mesure ta chance, François. Alors que la récession fait son oeuvre de mort parmi tous ceux qui se consacrent aux arts mécaniques, l'impôt augmente sans trouble majeur de 8% en deux ans.

De l'autre, tu as les dépenses. Celle-ci sont passées de 82 milliards en mars 2011 à 90 milliards cette année. Qu'est-ce que cela signifie? Que les fonctionnaires ont augmenté, en 2 ans, les dépenses de 10%.
Regardons d'ailleurs comment se décomposent les dépenses de l'Etat, telles que le Trésor nous le dit.

Deux postes ont stagné ou diminué: les dépenses d'investissement, qui sont inférieures de près de 20 millions d'euros à ce qu'elles étaient en 2012, à la même période. Les dépenses d'intervention, c'est-à-dire les aides sociales, les crédits, subventions, allocations diverses, coûtent 500 millions d'euros en moins.

En revanche, les émoluments de tes fonctionnaires coûtent 500 millions de plus que l'an dernier. Et les services, pour leur fonctionnement, dépensent pour ainsi 2,5 milliards de plus que l'an dernier. Soit une augmentation de 20% en un an.

Mon cher François, est-ce bien raisonnable? L'activité du pays est en crise. Les Français se serrent les ceintures. Et tes fonctionnaires dépensent sans compter.

Penses-tu pouvoir sauver ton règne de cette façon? Le moment vient pour toi de relire les fables de ce bon Jean de La Fontaine. Tu fais la cigale, à l'approche de l'été, en multipliant conférences de presse et marches triomphales à propos du mariage des invertis ou autres fadaises qui détournent l'attention du peuple vers des problèmes qui n'en sont pas.

Pendant ce temps, tu dilapides les réserves dont le pays a besoin pour affronter l'hiver. Et si tu continues, le prochain hiver sera pour le pouvoir une saison en enfer.

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Né en 1968, énarque, Eric Verhaeghe est le fondateur du cabinet d'innovation sociale Parménide. Il tient le blog "Jusqu'ici, tout va bien..." Il est de plus fondateur de Tripalio, le premier site en ligne d'information sociale. Il est également  l'auteur d'ouvrages dont " Jusqu'ici tout va bien ". Il a récemment publié: " Faut-il quitter la France ? "

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